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Les CPE envisagent des fermetures pour protester contre les compressions

Les CPE envisagent des fermetures pour protester contre les compressions

Alarmée par les compressions de 120 millions que veut imposer Québec dès l'an prochain, l'Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE) lance une campagne pour faire plier le gouvernement Couillard.

Un texte de Davide Gentile

Les pourparlers avec le gouvernement « sont terminés », lance Louis Senécal, président directeur général de l'AQCPE. L'organisation abandonne le dialogue et lance une campagne pour forcer Québec à abandonner son nouvel « effort budgétaire ».

Lettres aux députés, manifestations en série, une kyrielle de moyens de pression qui pourraient culminer par la fermeture des CPE. Aucun scénario n'est écarté, affirme Louis Senécal

« Des interruptions ponctuelles en terme d'heures, en terme de régions. Et, ultimement, une fermeture qui serait nationale. »

— Louis Senécal, PDG de l'AQCPE

Ce n'est pas de gaieté de cœur que l'AQCPE envisage ces mesures. Selon M. Senécal, les quatre dernières années de pourparlers aux trois « tables » ont été futiles. « C'est un diner de cons », dit-il de ces discussions qui n'auraient pas donné de résultat concret.

« La vérité, c'est qu'on souhaitait nous voir à une table plutôt que de nous voir dans la rue », commente Louis Senécal.

Dans le réseau des CPE, les intervenants interrogés par Radio-Canada se disent tous incapables de réduire davantage les dépenses.

« On est rendu à l'os! »

André Rémillard est directeur du CPE du Carrefour à Montréal. « On a déjà coupé dans le personnel, on est rendu à l'os! », explique le directeur qui a déjà diminué les dépenses de 100 000 $ l'an dernier dans les trois installations du CPE.

M. Rémillard comprend mal que le gouvernement s'entête à réduire les budgets de 120 millions, alors qu'il saupoudre généreusement ailleurs.

« On investit 1,3 milliard dans Bombardier sans être certain du rendement. Moi, je vous dis : 120 millions dans la petite enfance, j'en suis certain du rendement. »

— André Rémillard, directeur du CPE du Carrefour

Même son de cloche au CPE L'Éveil Enfantin dans l'arrondissement Beauport, à Québec. « Du gras, il y en avait, mais il n'y en a plus », affirme Dgyno Daigle, qui est directeur général.

L'établissement est en processus de fusion avec un autre CPE, ce qui devrait permettre d'économiser quelques dizaines de milliers de dollars. Mais pour le reste, la réduction des dépenses semble avoir atteint la limite. Les heures de travail de quelques éducatrices ont été réduites. En outre, « l'adjointe à l'administration a perdu une journée de travail par semaine. Le préposé à la désinfection, lui, s'est fait enlever trois heures/semaine », dit M. Daigle.

Impact sur les services

Il pense que des compressions supplémentaires auront un impact direct. « Ce sera plus difficile de soutenir un enfant qui a un problème au niveau langage ou comportement », prédit-il.

« On a dû, avec tristesse, refuser un enfant lourdement handicapé, parce qu'on n'avait pas la capacité d'engager quelqu'un à temps complet. »

— Dgyno Daigle, directeur du CPE L'Éveil Enfantin

Réduire le temps de travail des éducatrices est « ridicule »

Le président de l'AQCPE affirme que le gouvernement conseille de diminuer le nombre d'heures payées aux éducatrices. « La seule façon de faire ça, c'est de restreindre le nombre d'éducatrices en début et en fin de journée. C'est complètement ridicule! » observe Louis Senécal.

Le gouvernement est toujours déterminé à obtenir ces économies de 120 millions. Mais le cabinet de Francine Charbonneau, la ministre de la Famille, répète être ouvert à discuter des moyens à mettre en œuvre pour y arriver.

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