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Les producteurs agricoles réclament un crédit d'impôt pour répit

Les producteurs agricoles réclament un répit
bertknot/Flickr

L'Union des producteurs agricoles (UPA) met de l'avant une nouvelle revendication pour lutter contre la détresse psychologique de ses membres. L'organisation souhaite la mise en place d'un crédit d'impôt provincial qui couvrirait les frais liés à l'embauche de main-d'œuvre de remplacement lorsque les producteurs agricoles prennent du répit.

Un texte d'Alexandre Duval

« Quand un agriculteur est épuisé, il faut trouver une ressource pour venir prendre soin des animaux, explique le président de l'UPA, Marcel Groleau. Mais souvent ça tarde et ça s'aggrave. On a vu des situations dramatiques. »

Marcel Groleau affirme que plusieurs facteurs justifieraient la mise en place d'un crédit d'impôt pour répit. Les producteurs agricoles vivent de la détresse psychologique et n'ont pas toujours accès à des remplaçants qualifiés pour leur prêter main forte sur la ferme.

Là où la main-d'œuvre de remplacement existe, elle est souvent coûteuse, ce qui représente un frein à la prise de journées de congés.

« On revendique un allègement fiscal [...] pour les entreprises qui feraient usage des services d'une coop qui offre des services de main-d'oeuvre pour les entreprises agricoles », dit-il.

« Ça répond à un besoin de soulager les entrepreneurs agricoles, les familles agricoles. »

— Marcel Groleau, président de l'UPA

Selon Ginette Lafleur, candidate au doctorat en psychologie communautaire à l'UQAM, la détresse psychologique chez les producteurs agricoles est très élevée.

Dans une étude qu'elle a réalisée en 2006, elle a démontré que 50 % des hommes en milieu agricole présentaient un niveau élevé de détresse psychologique, comparativement à 20 % dans le reste de la population.

Dans une autre étude conduite dans trois pays en 2010 et en 2011, elle a démontré que la mesure privilégiée par les agriculteurs pour éviter l'épuisement professionnel était d'avoir accès à de la main-d'œuvre de remplacement qualifiée et à coût raisonnable.

Des représentations entamées

En juillet dernier, l'UPA a donc envoyé une lettre au ministre des Finances du Québec, Carlos Leitão, afin de lui suggérer la mise en place d'un tel crédit d'impôt pour répit.

« Afin de favoriser le démarrage et le soutien [de coopératives de remplacement agricole], les montants payés par les membres leur donneraient droit à un crédit d'impôt remboursable », peut-on lire dans le document.

Le ministre a accusé réception de ladite lettre, sans toutefois y donner suite. Il n'a pas voulu accorder d'entrevue à ce sujet. Son attachée de presse a cependant laissé entendre que l'UPA aurait l'occasion d'aborder la question de ce crédit d'impôt lors des prochaines consultations pré-budgétaires, à Québec.

« On va continuer de faire des représentations auprès du ministère des Finances [...] Je pense qu'il devrait y avoir un intérêt pour lui d'écouter nos arguments et de voir à insérer [...] ça dans son prochain budget. »

— Marcel Groleau, président de l'UPA

Marcel Groleau affirme que les modalités entourant ce possible allégement fiscal restent encore à déterminer et qu'il faudra voir quelles possibilités sont offertes par Québec.

Une approche calquée sur le modèle français

L'UPA porte aujourd'hui le bâton de pèlerin, mais l'idée émane d'une coopérative de remplacement agricole du Centre-du-Québec, qui offre de la main-d'œuvre qualifiée aux producteurs qui veulent prendre des congés.

Le président de la coopérative, Éric Houle, soutient que le Québec devrait prendre exemple sur ce qui se fait outre-mer en matière d'allégement fiscal.

« En France, eux, ça a aidé à la relève à s'établir. C'est quelque chose qu'il faudrait mettre en place ici au Québec. Eux, ça fait 30 ans que ça existe, en France. »

— Éric Houle, président de la Coopérative de solidarité et de services de remplacement agricole

Le modèle français permet actuellement aux exploitants agricoles de se faire rembourser jusqu'à 50 % de leurs frais de remplacement sous forme de crédit d'impôt. Un maximum d'environ 74 euros est admissible chaque jour, pour un maximum de 14 jours de congé chaque année.

Selon Éric Houle, un modèle similaire au Québec viendrait atténuer le fardeau financier des producteurs agricoles lorsqu'ils veulent s'accorder une journée de répit.

Actuellement, les services de remplacement offerts par la coopérative dont il est le président coûtent plus de 27 $ l'heure, sans compter les frais d'adhésion à la coopérative.

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