Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

«Ladies Night»: sur les traces de «Broue» (PHOTOS)

«Ladies Night»: sur les traces de «Broue» (PHOTOS)
Pamela Lajeunesse

C’est le même bonne vieille comédie qui, sans faire trop de vagues, sillonne les routes du Québec depuis près d’une décennie. Après une première vie auréolée d’un fabuleux succès populaire de 2002 à 2005, les «coquets» danseurs de Ladies Night ont enfilé leurs costumes de striptease à nouveau en 2011, et ne les ont plus jamais enlevés depuis (façon de parler), tant et si bien qu’ils ont célébré leur 600e représentation en mai dernier.

Guillaume Lemay-Thivierge et Frédéric Pierre reprenaient il y a cinq ans les flambeaux abandonnés par Serge Postigo et Didier Lucien et ont rejoint les collègues Marcel Leboeuf, François Chénier, Michel Charrette et Sylvie Boucher, pour égaliser ce nombre enviable de prestations, sur huit ans. Ladies Night marche ainsi dans les pas de sa «grande sœur», Broue, et est en voie de devenir, elle aussi, un monument du divertissement des planches d’ici.

C’est donc la même pièce pleine de charmantes imperfections, longuette par instants, aux gags parfois faciles, mais aussi très sympathique et par moments très drôle, qui se ramène aujourd’hui sur nos scènes dans une version «revue et corrigée» par son metteur en scène, Denis Bouchard. Ce dernier se tenait d’ailleurs à l’arrière du Théâtre St-Denis, guettant d’un œil protecteur l’entrée en piste de ses protégés, mardi, avant le lever du rideau, lors de l’énième retour en sol montréalais de la troupe.

Ladies Night

En montrer plus

L’histoire est connue : cinq chômeurs tentent, bien maladroitement, de jouer les chippendales et de monter un spectacle de danseurs nus pour renflouer à la fois leur portefeuille et leur estime de soi. Ils seront aidés de l’ex-danseuse Glenda (Sylvie Boucher), qui les conseillera de son mieux sur les notions de séduction et de sensualité. Rappelons que Ladies Night est l’adaptation québécoise du film britannique et de la pièce du même titre The Full Monty.

Pour cette mouture 2.0, on a revampé la deuxième partie de Ladies Night, avec les numéros de nos effeuilleurs du dimanche complètement retravaillés. En plus de nouveaux effets vidéos qui ont été juxtaposés aux suaves mouvements de ces messieurs, et de leurs «choréographies» (comme l’un des gars le prononce) réinventées, les performances de nos cinq anti-héros sont encore plus grivoises qu’elles ne l’étaient… et que dire de l’ultime danse, celle qui couronne l’ensemble!

Disons simplement que la surprise de la fin demeure sensiblement la même qu’auparavant, mais que Lemay-Thivierge, Pierre, Chénier, Charette et, surtout, Leboeuf, n’en ont jamais autant montré! Celles – et ceux - qui aiment se rincer l’œil devant les attributs masculins en auront peut-être plus pour leur argent qu’avant. Saluons d’ailleurs le courage et la générosité des comédiens d’oser se dévoiler ainsi. Ils font preuve d’une audace qui les honore.

Moulée à la sauce locale, Ladies Night distille des blagues sur Pierre Karl Péladeau, Justin Trudeau, Patricia Paquin dans Chambres en ville et Échos Vedettes. Ses protagonistes sont toujours aussi attachants, touchants de vulnérabilité ou carrément exaspérants d’ignorance et de bêtise. Mais les personnages ont beau être caricaturaux, c’est beaucoup sur cet élément que repose la trame de Ladies Night, et c’est principalement ce qui provoque la joie de la foule. On grossit ici les défauts et les travers du «Québécois moyen» et on s’en moque gentiment.

Complicité du tonnerre

On devine que les artisans de Ladies Night n’ont jamais eu la prétention de réinventer la roue. Leur proposition vise le grand public – celui de 16 ans et plus, notons-le -, les groupes de filles désireuses de s’éclater, les spectateurs enthousiastes qui ont l’hilarité facile et qui, souvent, ne dédaignent pas applaudir un même spectacle à plus d’une reprise, pour revivre l’excitation de la «première fois». Le caractère rassembleur et accessible du projet, voilà ce qui explique probablement sa longévité.

La complicité du tonnerre qu’affichent nos hommes est aussi, sûrement, un facteur à considérer dans la réussite de l’entreprise. La connivence entre eux est palpable – on dénote encore quelques discrets fous rires et oublis à travers les répliques, des «erreurs» peut-être calculées, mais qui réjouissent le parterre –, tout comme leur habileté à créer un rapport amical avec le public.

De fait, ça rit énormément dans la salle lorsque François Chénier gambade comme une gazelle dans son justaucorps turquoise, quand Michel Charrette se démène comme un diable dans l’eau bénite pour s’arracher à son étroit habit de cuir, ou quand Guillaume Lemay-Thivierge mime la démonstration des caresses qu’il prodigue aux femmes. Et à combien d’autres tableaux comiques de cet enchaînement plus souvent qu’autrement bon enfant. Évidemment, le segment final apporte aussi son lot de gloussements.

Pour le reste, c’est un brin vulgaire, mais jamais bien choquant – on a vu et entendu bien pire –, et il s’en trouvera pour critiquer certaines boutades qui ne volent pas toujours haut. Soit. Mais on peut dire la même chose de Broue… et la production roule depuis plus de 35 ans. Et on ne peut pas reprocher à l’équipe de Ladies Night de s’asseoir sur ses lauriers et de se laisser glisser sur un engouement acquis, puisque des efforts sont régulièrement déployés pour améliorer le produit.

Ladies Night est présentée à nouveau au Théâtre St-Denis ce mercredi, 25 novembre. La bande repartira ensuite en tournée et s’arrêtera notamment à Rimouski, Québec, Ste-Marie de Beauce et Gatineau, avant de revenir à Montréal et à Brossard à la mi-décembre. Toutes les dates sont au www.tandem.mu. Des produits dérivés (thermos, t-shirts, calendriers) sont en vente à l’entracte au profit de la Fondation du cancer du sein du Québec.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.