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La Conférence de Paris sur le climat verra que «le Canada est de retour», affirment les libéraux

Conférence de Paris sur le climat : «le Canada est de retour», affirment les libéraux

OTTAWA — À l’approche des négociations de Paris sur le changement climatique, à la fin du mois, le premier ministre Justin Trudeau et ses homologues provinciaux s’entretiendront pour la première fois, lundi, dans le but de présenter une nouvelle image du Canada au reste du monde.

La rencontre — première conférence des premiers ministres en près de sept ans — aura lieu au Musée canadien de la nature et sera diffusée sur le Web. Des scientifiques du gouvernement présenteront des preuves irréfutables du changement climatique, avant que Trudeau et ses homologues provinciaux discutent, à huis clos, des façons de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de la conférence de l’ONU devant débuter le 30 novembre.

Le premier ministre Justin Trudeau prend part à une session plénière lors du sommet de l’APEC à Manille, aux Philippines, le 19 novembre 2015. (Photo: Sean Kilpatrick/PC)

Les politiciens doivent également parler du plan fédéral prévoyant d’accueillir 25 000 réfugiés syriens au Canada d’ici au 31 décembre. Plusieurs provinces souhaitent en savoir davantage au sujet des contrôles de sécurité, et elles cherchent à obtenir du fédéral qu’il s’engage à verser des millions de dollars afin d’aider les nouveaux arrivants à s’installer.

Plus tôt lundi, avant leur rencontre avec Trudeau, certains premiers ministres prendront aussi part à une réunion du Conseil de la fédération.

La conférence de l’ONU sur le climat, ou COP21, mettra un terme aux premiers pas du nouveau premier ministre sur la scène internationale avant la reprise des activités parlementaires à Ottawa. Il devrait y être accompagné de la première ministre de la Colombie-Britannique, Christy Clark, de la première ministre de l’Alberta, Rachel Notley, du premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, de la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, et du premier ministre du Québec, Philippe Couillard.

Le nouveau gouvernement libéral travaillé en coulisses afin de faire un succès de la présence du Canada à la COP21 en ralliant les provinces et les assurant qu’il souhaite que soient posés des gestes concrets en ce qui a trait au changement climatique.

L’objectif visé est de montrer que «le Canada est de retour», a affirmé un responsable libéral au Huffington Post Canada, sous le couvert de l’anonymat. «Le gouvernement a changé, et nous voulons apporter une contribution réelle afin de résoudre le plus important problème auquel fait face la planète.»

Les libéraux devraient obtenir un coup de pouce, ce dimanche, lorsque le gouvernement néo-démocrate de l’Alberta dévoilera sa politique en matière de changement climatique. Notley devrait annoncer un tarif plus élevé sur le carbone, des cibles de réduction, des mesures afin de réduire les émissions des centrales électriques alimentées au charbon, et son soutien à l’énergie renouvelable.

«Le Canada est de retour. Le gouvernement a changé, et nous voulons apporter une contribution réelle afin de résoudre le plus important problème auquel fait face la planète.»

«Nous avons répété à maintes reprises, en particulier au sein de l’opposition, que le gouvernement de l’Alberta n’en faisait pas assez, et pour que nous puissions accéder à d’autres marchés et améliorer notre réputation, nous devons vraiment faire quelque chose de significatif », a affirmé au HuffPost Cheryl Oates, porte-parole de Notley.

«Nous espérons donc que les gens, et aussi le reste du monde, voient que nous faisons quelque chose de significatif tout en travaillant avec notre industrie pour cela.»

Il y a deux semaines, le président américain Barack Obama a qualifié de «sale» le produit des sables bitumineux de l’Alberta, lorsqu’il a rejeté le projet d’oléoduc Keystone XL. Il a en partie justifié sa décision en affirmant que le projet minerait le leadership des États-Unis dans la lutte contre les changements climatiques.

Ambitieux plan de l’Alberta

Sans dévoiler la teneur de l’annonce de Notley, un conseiller libéral a laissé entendre qu’elle ne présenterait probablement pas un plan aussi ambitieux si l’ancien premier ministre conservateur Stephen Harper était encore à la tête du pays.

«Rachel Notley ne ferait pas ce qu’elle est sur le point de faire si Stephen Harper était encore au pouvoir… Il lui botterait le derrière et ferait campagne pour la défaire.»

Également lundi, la Saskatchewan devrait préciser son programme environnemental. Plus tôt cette semaine, Wall a indiqué que d’ici 2030, la moitié de l’énergie de la province proviendrait de sources renouvelables, comme l’énergie éolienne, l’énergie géothermique et, principalement, l’énergie solaire.

La première ministre de l’Alberta, Rachel Notley, lors du Forum canadien des titres à revenu fixe, à New York, le 30 septembre 2015. (Photo: Bloomberg via Getty)

Cette semaine, la Colombie-Britannique, l’Ontario et le Québec ont dit apprécier le ton adopté par le gouvernement libéral à Ottawa et l’occasion qui se présente de donner une autre image du Canada et de son secteur des ressources.

«Ce que nous avons eu est l’absence d’un gouvernement fédéral se rendant sur la scène internationale et vantant les progrès réalisés par la Colombie-Britannique (…) notre taxe sur le carbone, notre gouvernement sans incidence sur les revenus, toutes les grandes choses faites par l’Ontario au niveau des fermetures de centrales au charbon, toutes les grandes choses faites par le Québec», a indiqué Ben Chin, directeur exécutif des communications et de la gestion des enjeux de Clark, au HuffPost.

Cette absence a donné l’impression que le Canada ne faisait rien sur le plan de l’environnement, de sorte que le fait que l’actuel premier ministre cherche un consensus sur les objectifs nationaux d’émissions et reconnaisse le leadership démontré par les provinces est le bienvenu, a ajouté Chin.

La Colombie-Britannique a démontré être une vraie «leader» en matière de questions climatiques, a aussi dit le conseiller de la première ministre Clark. La province a imposé la première taxe sur la carbone en Amérique du Nord, de 30 $ par tonne d’émissions carboniques. Son économie a connu une croissance plus rapide que la moyenne canadienne pendant que ses émissions diminuaient.

«Rachel Notley ne ferait pas ce qu’elle est sur le point de faire si Stephen Harper était encore au pouvoir… Il lui botterait le derrière et ferait campagne pour la défaire.»

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a déclaré à des journalistes à la suite d’une allocution lors d’une conférence de Canada 2020, vendredi, que ses homologues et Ottawa chercheraient à redorer l’image du Canada à Paris.

«Oui, nous sommes un important pays producteur de pétrole. Mais nous sommes aussi l’un des plus importants producteurs d’énergie renouvelable au monde, et cela doit faire partie de l’histoire», a-t-il dit. Le Québec tire 97 pour cent de son électricité de sources renouvelables, principalement l’énergie hydroélectrique.

Couillard a parlé du plafond établi au Québec et en Ontario, ainsi que de la taxe sur le carbone imposée par la Colombie-Britannique, pour faire remarquer que près de 70 pour cent des Canadiens vivaient dans une province comptant un tarif élevé sur les émissions carboniques.

«Ce n’est pas connu à l’étranger, a-t-il affirmé. Et ce devrait être connu et faire partie de notre identité tout comme de notre message à Paris.»

À moins de deux semaines de la conférence de l’ONU sur le climat, il est trop tard pour renégocier les cibles de réduction des émissions, a indiqué Couillard à des journalistes. Il a cependant dit avoir hâte de collaborer avec le gouvernement fédéral afin de revoir ces cibles, de voir de quelle façon elles ont été établies et comment les efforts seront répartis à travers le pays.

Le premier du Québec, Philippe Couillard, croit que les premiers ministres provinciaux et le gouvernement fédéral doivent faire équipe afin de redorer l’image du Canada à Paris. (Photo: Clément Allard)

La délégation canadienne se rend à Paris avec en poche l’engagement pris par le précédent gouvernement conservateur pour ramener les émissions à un niveau inférieur de 30 pour cent à celui de 2005, d’ici 2030, même si le gouvernement n’a jamais vraiment précisé de quelle façon il entendait s’y prendre.

La première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, qui assistait à la conférence de Canada 2020 avec Couillard, a dit espérer que le fédéral ne cherche pas à imposer une sorte de régime uniformisé à travers le pays, ajoutant qu’elle appuierait les gestes déjà posés par les provinces et les territoires.

La ministre fédérale de l’Environnement et du Changement climatique, Catherine McKenna, qui a pris la parole lors de la même conférence, a promis que les libéraux mettraient un prix sur le carbone et réduirait les émissions carboniques — elle n’a cependant pas dit comment et quand.

Son gouvernement n’établira pas de «cibles arbitraires sans plan correspondant, sans consultation et partenariats adéquats, et sans l’engagement et la volonté requis pour rendre ses cibles atteignables», a-t-elle déclaré.

La ministre de l’Environment et du Changement climatique, Catherine McKenna, a promis que le gouvernement libéral réduirait les émissions carboniques, mais n’a pas précisé comment et quand il le ferait.

Marlo Raynolds, chef de cabinet de McKenna et ancien responsable l’Institut Pembina, a affirmé que la conférence de Paris était importante. Pour la première fois, a-t-il expliqué, 169 pays, incluant les plus grands émetteurs — la Chine, l’Inde, les États-Unis et l’UE — ont fournis des cibles nationales (Contributions prévues déterminées à niveau national) qu’ils devront respecter.

«L’entente de Paris ne porte pas sur les cibles», a indiqué Raynolds au HuffPost. Elle vise à assurer que tous les pays s’engagent à livrer régulièrement des rapports tout en aidant les pays en voie de développement à s’adapter aux changements climatiques et à transformer leur système énergétique, a-t-il expliqué.

Le gros défi de la conférence de Paris, a affirmé Raynolds, consiste à faire en sorte que les pays acceptent un mécanisme de déclaration obligatoire, probablement aux cinq ans, et atteignent leurs objectifs — quelque chose que le Canada appuie entièrement, a-t-il dit.

Un objectif modeste

Toutefois, l’objectif visé lors le conférence des premiers ministres est beaucoup plus modeste, a laissé entendre Raynolds.

«Lundi, il faut qu’ils s’entendent pour que lors des trois mois à venir, leurs équipes et leurs ministres du climat et de l’énergie entreprennent un processus afin de déterminer de quelle façon, en tant que nation, nous réaliserons notre juste part des réductions», a-t-il dit.

«Si au cours des 10 prochaines années le Canada n’agit pas de façon concrète au pays, nous ne nous positionnerons pas pour la croissance de la technologie propre et de l’énergie renouvelable, et nous ne procéderons pas aux changements que nous devons apporter au pays en matière d’efficacité énergétique et d’énergie renouvelable.»

Avec La Presse Canadienne

Cet article initialement publié sur le Huffington Post Canada a été traduit de l’anglais par Philippe Zeller.

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