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Réfugiés syriens : retrouver l'espoir après la guerre civile (ENTREVUES)

Retrouver l'espoir après la guerre en Syrie (ENTREVUES)

Le Québec accueillera des milliers de réfugiés syriens d’ici les prochaines mois, mais des centaines d’entre eux s’intègrent déjà à la société québécoise. Le Huffington Post Québec s’est entretenu avec deux jeunes arrivés l’an dernier qui sont déjà prêts à aider leur prochain.

Razan Alkabalan parle dans un français cassé. La jeune fille de 20 ans explique qu’elle attend sa lettre d’acceptation de l’Université Concordia, où elle rêve de poursuivre des études en informatique. À des milliers de kilomètres de Montréal, ses amis ont déjà entrepris leurs études supérieures à Damas, en Syrie, malgré la guerre.

C'est avec un parcours semé d'embûches qu'elle a terminé ses études secondaires dans son pays. « Je ne sais pas comment j’ai réussi à aller à l’école, raconte Razan. Il y avait tant de bruit et on entendait des explosions. J’avais peur. »

Sa famille et elle ont quitté sans même pouvoir plier bagage, pour fuir la guerre civile qui ravage leur pays depuis 2011. Son grand frère, sa petite sœur, ses parents et elle ont vécu au Liban avant de savoir qu’ils avaient été acceptés au Canada.

« C’est tellement triste de quitter sa maison, de tout laisser derrière en une minute, d’un seul coup. C’est tellement difficile », répète Razan.

Eiad Herera, lui aussi originaire de Damas, dit que la situation était « intolérable » en Syrie bien avant la création de l’État islamique. Il a quitté en 2009 pour éviter de faire son service militaire. Il travaillait à Dubaï, puis revenait un mois par année pour étudier le journalisme en Syrie.

Craignant le « printemps arabe » à leur tour, les Émirats arabes unis ont expulsé Eiad en Syrie en 2011. Il s’est exilé au Liban, où il vivait avec ses deux frères et ses parents dans un minuscule appartement.

À ce jour, le Liban, pays de quatre millions d’habitants, doit composer avec l’arrivée de plus d’un million de réfugiés syriens.

Ce qu’Eiad trouvait le plus insupportable, c’était l’attente dans l’espoir de venir habiter au Canada. Il a attendu un an et demi avant d’avoir la confirmation qu’un membre de sa famille pouvait le parrainer.

Mais une fois arrivé au printemps 2014 avec sa nouvelle épouse, Eiad dit qu’il s’est senti comme chez lui. « J’ai une nouvelle vie, une nouvelle chance, raconte-t-il. Je suis en amour avec le Canada! »

L’homme de 32 ans parle maintenant arabe, anglais et un « niveau intermédiaire » de français. Il a commencé un baccalauréat en sciences politiques à l’Université Concordia, à défaut de pouvoir poursuivre ses études en journalisme.

Eiad constate que les yeux de la communauté internationale se sont tournés vers la Syrie depuis que l’État islamique est devenu une menace pour le monde occidental. Mais il rappelle que le dictateur Bachar el-Assad est aussi un « meurtrier assoiffé de sang » dans un billet de blogue publié dans le Huffington Post Canada.

« La population voulait que la Syrie devienne comme l’Europe ou le Canada avec une réelle démocratie et un gouvernement laïque, raconte-t-il en entrevue. Mais à la place, ils ont été bombardés. »

Qui plus est, el-Assad tente de faire croire à la population et au monde entier que les groupes de résistances et l’État islamique ne font plus qu’un, déplore Eiad. Une situation qui enrage la minorité de chrétiens dont il fait partie.

Depuis un an et demi, Razan tente de faire sa place à Montréal. Elle a suivi des cours de francisation, a étudié au Collège Vanier, s’est trouvé un petit boulot.

Dans les prochaines semaines, elle espère aider d’autres Syriens qui, comme elle, ont fui un pays à feu et à sang dans l’espoir de commencer un nouveau chapitre de leur vie.

« C’est extraordinaire, s’exclame Razan à l’autre bout du fil. Il y a tellement de gens qui n’attendent que cette chance pour pouvoir changer leur vie. Ils veulent tout simplement être en sécurité. »

Avec ses connaissances en anglais et en français, elle pourrait les diriger vers les ressources nécessaires et traduire leurs documents gouvernementaux. Elle veut leur simplifier la vie autant que possible afin qu’ils commencent leur nouvelle vie du bon pied.

« Nous voulons continuer nos études, nous voulons travailler. Nous ne venons pas ici pour dormir et prendre l’argent du gouvernement », réplique la jeune femme.

Eiad comprend que certains Québécois puissent avoir certaines craintes à propos de l’arrivée imminente de réfugiés. Mais maintenant n’est pas le temps de juger, dit-il.

« Personne ne sait à quel point les gens souffrent là-bas. Des Syriens meurent de froid dans les camps de réfugiés », dénonce-t-il.

Eiad et Razan ne savent pas s’ils pourront retourner vivre en Syrie un jour. En attendant, ils espèrent pouvoir venir en aide aux gens de leur pays.

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