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Votre résidence est-elle bâtie sur un dépotoir? (VIDÉO)

Votre résidence est-elle bâtie sur un dépotoir? (VIDÉO)

Depuis 22 ans, la Ville de Montréal tait l'existence de nombreux terrains contaminés situés sur d'anciens dépotoirs. Un rapport du Service des travaux publics obtenu grâce à la Loi sur l'accès à l'information illustre son manque de transparence dans ce dossier.

Un texte de Benoît Giasson, de La facture

Plusieurs de ces dépotoirs sont aujourd'hui des parcs. Certaines résidences ont même été construites au-dessus des déchets, et les propriétaires actuels ne se doutent pas de ce qui se cache sous leur maison.

« La Ville nous a caché beaucoup d'informations du secteur. Ces résidents autour du parc sont carrément dans le dépotoir. »

— Benoît Fortier, président d'Axnor Développements

Sur la foi d'une étude qui montrait un secteur sans risque, Benoît Fortier a acheté une résidence au sud-ouest du parc Baldwin afin d'y construire un complexe de condos. (Voir marqueur rouge sur la carte interactive ci-bas)

Or, il a découvert que le sol est contaminé jusqu'à 10 mètres de profondeur. Comme des dizaines d'autres propriétés, sa bâtisse est construite dans le secteur d'un ancien dépotoir. Les huissiers ont saisi sa propriété, car son prêteur hypothécaire refuse de financer la décontamination.

M. Fortier aurait aimé lire le rapport de la Ville avant de procéder à l'achat. Mais cette information n'avait pas été rendue publique.

Les 12 lieux problématiques sont représentés par des quadrilatères rouges. Les autres sont en jaune. Les points indiquent des endroits dont la délimitation n'est pas claire dans le rapport de la Ville. Source : Rapport de surveillance des biogaz et caractérisation des déchets, Service des travaux publics de la Ville de Montréal - 1994

Me Odette Nadon, spécialiste du droit de l'environnement, estime que cette information aurait dû être divulguée.

« Ce n'est pas normal. Il y a une opacité à la Ville de Montréal qui est peut-être à la hauteur de sa grandeur. »

— Me Odette Nadon

Selon le rapport de 1994, il y aurait au moins 62 anciens dépotoirs à Montréal, dont 12 semblent problématiques « par le fait que des concentrations de biogaz, égales ou supérieures à la limite inférieure d'explosivité, ont été détectées tout près de la surface du terrain ».

Huit d'entre eux sont devenus des parcs :

  • Baldwin
  • Père-Marquette
  • Maisonneuve
  • Félix-Leclerc
  • Villeray
  • Rosemont
  • du Pélican
  • Lafond

Le rapport liste 62 lieux problématiques, soit 24 dépotoirs identifiés et 38 dépotoirs potentiels. Un peu plus de la moitié d'entre eux, soit 36 emplacements, sont zonés résidentiels.

Le rapport du Service des travaux publics recommande qu'une « stratégie de communication avec les citoyens [soit] planifiée [...] en concertation avec les politiciens ».

Toutefois, c'est délicat parce que « la divulgation d'une telle information [peut] entraîner une baisse de valeur des immeubles qui serait très préjudiciable aux propriétaires, ainsi que la responsabilité de la Ville vis-à-vis de cette situation ».

L'information est restée inconnue même des spécialistes des sols.

« C'est une bombe publique, dans la mesure où ce genre d'informations sont disponibles, mais elles sont cachées. Donc, il y a des constructions qui sont bâties là-dessus, mais les propriétaires ne disposent pas d'informations. »

— Mohammad Hosseini, ingénieur et président de Fondasol

Le rapport recommande « d'examiner s'il y a effectivement danger pour la santé et la sécurité des résidents ».

Les responsables de l'environnement à la Ville reconnaissent que l'information n'a pas été dévoilée à la population. Ils nous assurent qu'ils ont fait un suivi et que la population n'encourt aucun risque pour sa santé et sa sécurité.

Extrait du rapport des Services de travaux publics de la Ville de Montréal

« À la lumière des résultats des relevés préliminaires de biogaz réalisés par la société Gaz Métropolitain et le Laboratoire de la Ville de Montréal, une douzaine de sites semblent problématiques par le fait que des concentrations de biogaz, égales ou supérieures à la limite inférieure d'explosivité, ont été détectées tout près de la surface du terrain à proximité de zones habitées; certains de ces dépotoirs s'étendent même en-dessous des zones habitées. »

« Cela ne signifie pas pour autant que les autres sites répertoriés ne présentent aucun danger pour la sécurité des citoyens, seule une étude plus approfondie de chacun d'eux pourrait permettre de les écarter définitivement comme sites problématiques; plusieurs de ces derniers sites englobent également des zones habitées. »

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