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Comment Philae est devenu en un an le robot le plus cool des réseaux sociaux (et de l'univers) (VIDÉO et PHOTOS)

Comment Philae est devenu le robot le plus cool (de l'univers) (PHOTOS)
Capture ESA

Bon anniversaire Philae! Il y a un an jour pour jour, le 12 novembre 2014, le robot se posait sur la comète "Tchouri" après un voyage de 10 ans et quelque 6,5 milliards de kilomètres parcourus. Transporté par Rosetta, la sonde qui a donné son nom à cette mission récemment prolongée jusqu'en septembre 2016, l'atterrisseur de l'Agence spatiale européenne (ESA) a réalisé une première mondiale.

Depuis, tout le monde ou presque connaît Philae, dont le nom a même inspiré celui du chien de François Hollande. Le robot-laboratoire de 100 kg à l'allure de boîte de conserve est devenu une star, voire un héros des réseaux sociaux, où ses exploits et les rebondissements qui ont émaillé sa mission ont été mis en scène pour tenir en haleine et intéresser le grand public.

Familiarité avec les internautes, humour, image cool mais aussi suspense et découvertes... retour sur une année qui a contribué à vulgariser un programme scientifique hors normes, dépassant le cercle des spécialistes d'astronomie:

Un petit robot très communicatif

Largué par Rosetta, Philae a déployé son train d'atterrissage et s'est approché lentement de l'inhospitalière "Tchouri" jusqu'à y atterrir avec succès le mercredi 12 novembre 2014 vers 16h30, heure de Paris. "Atterrissage! Voilà ma nouvelle adresse: 67P!" a écrit le robot sur son compte Twitter pour annoncer cette grande réussite. Un message depuis retweeté près de 35 000 fois et "favorisé" ("aimé", avec la mise à jour de Twitter) près de 18 000 fois.

Cette annonce a été traduite dans de nombreuses langues, notamment en français. Par ailleurs le hashtag #CometLanding (#PoseToiPhilae en français) était l'un des plus discutés sur le réseau social. "Voyez par vous-mêmes", pouvait-on aussi lire sur le compte Twitter officiel de Philae, qui relayait une première photographie de la comète:

"Toute cette aventure d'exploration de la comète Tchouri n'était pas envisageable sans que Philae et Rosetta soient actifs" sur les réseaux sociaux, explique au HuffPost Markus Bauer de l'ESAC, le Centre d'astronomie spatiale européen. Le scientifique insiste sur l'importance de Twitter mais aussi de Youtube, où l'Agence spatiale européenne publie des cartoons qui "donnent une existence visuelle [à Philae et Rosetta], leur permettant de nous montrer leurs émotions".

Comme le souligne Markus Bauer, l'ESA a donc souhaité communiquer avec le grand public en donnant un caractère humain à Philae et Rosetta, dans le but d'inspirer de la "sympathie" pour le robot et la sonde, mais aussi pour les équipes qui travaillent sur cette mission:

"Nous voulions partager notre excitation au sujet de cette aventure extraordinaire avec le reste du monde. Mais comment engager les autres émotionnellement? Nous avons décidé de mettre l'accent sur la dimension humaine de la mission, parce que nous pensions que les gens pourraient expérimenter l'espoir, les craintes et la joie que nous ressentions, ils pourraient ainsi faire le lien avec leurs propres émotions, s'impliquer et suivre la mission".

On peut dire que c'est plutôt réussi. "Surprise: sur Twitter, les gens s'intéressent plus à Philae et Rosetta qu'aux fesses de Kim Kardashian", résumait Slate en novembre 2014, en référence aux fameuses photos de Paper Magazinemontrant la starlette nue, dévoilées la même semaine que l'atterrisage de Philae.

Citant le Wall Street Journal, Slate expliquait que Philae avait "généré plus d'enthousiasme", sur les réseaux sociaux, que les photos de Kim Kardashian, avec "480 000 tweets au sujet de la comète, contre 30 7782 sur les fesses de la femme de Kanye West". Autre donnée intéressante, le site d'analyse Topsy relevait que les messages sur Philae avaient une tonalité plus positive.

Philae - en tout cas son personnage de robot sympa - a rapidement conquis les internautes en s'adressant directement à eux ou à la sonde Rosetta pour faire part de son état de santé, son ressenti ou de son travail. Une personnification qui a payé et avec laquelle l'ESA est parvenue à rendre plus concrète et compréhensible la mission de l'atterrisseur, seul sur sa comète à plus de 500 millions de kilomètres de la Terre.

Une mission pleine de rebondissements

Autre ingrédient, pas forcément décidé à l'avance, les retournements de situation connus par Philae, qui a fait peur à plusieurs reprises aux scientifiques en charge de la mission (et au reste du monde). Placé dans une position inconfortable après son atterrissage, ce qui avait laissé planer des doutes sur ses capacités à assurer la totalité de son programme scientifique, Philae a finalement pu travailler pendant 60 heures et effectuer un forage avant de "s'endormir" faute d'énergie.

"Ma vie sur la comète ne fait que commencer @ESA_Rosetta. Je t'en dirai plus bientôt sur ma nouvelle maison, la comète 67P... zzzzz"

Ce forage de dernière minute a permis de transmettre une mine de données précieuses à Rosetta, qui les a ensuite renvoyées sur Terre. Déjà considérée comme un succès, la mission de Philae n'était pourtant pas terminée. Alors qu'il était envisageable que ses batteries ne se rechargent pas assez pour lui permettre de reprendre son travail ou pire, qu'il se consume lorsque que la comète Tchouri se rapprocherait du soleil, l'atterrisseur a connu un autre sort.

"Bonjour la Terre, vous me recevez?", a tweeté Philae le 14 juin, déclenchant des dizaines de milliers de partages et une flopée de messages enthousiastes. "Magnifique de t'avoir avec nous à nouveau!", "je suis heureuse que tu sois de retour", "la vie semblait si triste sans toi", pouvait-on lire parmi les réactions des internautes. Dans une image diffusée par l'ESA, on découvrait aussi Philae s'étirant et baillant pour émerger de sa (très) longue "sieste":

Sur Twitter, les comptes de Rosetta et Philae ont entamé un dialogue symbolisant la reprise des communications, comme ils l'avaient fait à plusieurs reprises auparavant. Le robot et la sonde "écrivent à la première personne et ont des conversations vivantes, drôles et très humaines", souligne Markus Bauer, qui constate "un regain d'intérêt" sur les thèmes scientifiques ces dernières années, porté par ce "storytelling" qu'affectionne aussi la Nasa, notamment avec Curiosity.

"Ça fait combien de temps que je dors?" "T'as dormi longtemps, près de 7 mois!"

"Il est temps de se remettre au travail!" "Il faut d'abord voir si tu es opérationnel..."

"Je suis encore un peu fatigué... A plus tard !"

Ce réveil à l'improviste, grâce à la hausse de la température et de l'ensoleillement à la surface de "Tchouri", a permis à Philae de communiquer pendant deux minutes avec la Terre via la sonde Rosetta et de transmettre quelques données. La communication, réussie par intermittence, a repris le 9 juillet, avant que le robot ne retombe dans son mutisme. Mais il pourrait faire un nouveau come-back très prochainement.

Comme l'a expliqué début novembre Stephan Ulamec, responsable de la mission, "il y a vraiment d'assez bonnes chances pour que nous puissions à nouveau établir un contact avec Philae. Disons 50/50", a-t-il dit à l'AFP. "Il faudra pour cela que ses panneaux solaires n'aient pas reçu trop de poussière au cours des derniers mois et que son système de communication avec la sonde Rosetta fonctionne correctement", a ajouté ce cadre de l'agence spatiale allemande DLR.

"Nous nous préparons à avoir de nouveaux contacts" avec Philae, a aussi déclaré Philippe Gaudon, chef de projet Rosetta au Centre national d'études spatiales (CNES) à Toulouse. "Nous sommes raisonnablement optimistes", ajoutait-il. Les scientifiques espèrent que le robot, qui est censé transmettre des informations sur la comète, pourra alors poursuivre sa mission.

"Rosetta est actuellement à 200 kilomètres de la comète", explique Markus Bauer au HuffPost, c'est à dire "à la bonne portée pour établir une communication avec Philae". "Nous espérons que nous arriverons à rétablir le contact avec notre petit atterrisseur, nous essayons en ce moment et nous allons continuer dans les prochaines semaines", précise-t-il. Même si "rien de spécial" n'est prévu pour son anniversaire, faute de contact, l'ESA pourra toujours fêter la survie inespérée de son attachant robot.

Jeudi, ce dernier a tweeté au sujet de son "anniversaire": "Ça fait déjà un an depuis que j'ai atterri sur la comète. La vie est belle ici, mais j'aimerais que Rosetta et moi, on puisse en parler et se le remémorer ensemble".

Les photos prises par le robot Philea sur la comète

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