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Des rejets industriels contribuent à la détérioration du réseau d'égout (VIDÉO)

Des rejets industriels contribuent à la détérioration du réseau d'égout (VIDÉO)

Des infrastructures d'égout à LaSalle montrent des signes de détérioration prématurée. Le métal et le béton d'un puits par lequel les égouts sont déversés dans l'intercepteur sont dégradés par des gaz hautement corrosifs. Radio-Canada a appris que des rejets industriels font partie de facteurs à l'origine des dommages constatés au réseau public.

Un texte d'Alexandre Touchette

La structure de chute Alepin est un puits de 35 mètres de profondeur situé à l'extrémité est de l'intercepteur Sud-Ouest. Les eaux usées de LaSalle y sont déversées pour ensuite s'écouler jusqu'à la station d'épuration de Pointe-aux-Trembles.

Lors de la dernière inspection, en 2006, les surfaces de béton de cette structure en service depuis 30 ans s'égrainaient et avaient déjà perdu 2,5 cm. Les paliers et les échelles en métal étaient tellement corrodés qu'ils ne pouvaient plus supporter un homme. Neuf ans plus tard, les dommages sont probablement encore plus importants.

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L'appel d'offres pour la rénovation d'une autre structure de chute située à 400 mètres en amont nous a révélé que le problème est causé par le sulfure d'hydrogène (H2S), un gaz hautement corrosif. La Ville a dépensé 1,3 million de dollars à l'hiver 2014 pour refaire cette infrastructure de béton de 10 mètres de profondeur, qui avait été complètement corrodée par le H2S.

« La biocorrosion est causée par des bactéries qui transforment le sulfure présent dans les eaux d'égout en H2S, un gaz corrosif. Cet acide affaiblit les liens entre les composants du béton et peut le rendre friable ou encore le faire gonfler et éclater. »

— Jean-François Blais, biochimiste, Institut national de la recherche scientifique

Selon la Ville, le problème de biocorrosion à LaSalle est causé par un mélange d'eaux usées particulier et par un écoulement des eaux d'égout plus lent que la normale. La Ville reconnaît toutefois que les eaux usées des industries agroalimentaires de LaSalle sont chargées en matière organique, un des facteurs qui favorise la génération de sulfure dans les conduites d'égout.

Ces rejets sont-ils légaux?

Le règlement 2008-47 de la Communauté métropolitaine de Montréal fixe des concentrations maximales autorisées pour une soixantaine de paramètres et de produits chimiques, qui vont de l'aluminium au xylène. Mais les entreprises qui rejettent moins de 100 millions de litres d'eaux industrielles par année dans les égouts peuvent le faire gratuitement si elles respectent les concentrations maximales autorisées.

En 2012, la cinquantaine d'entreprises qui ont dépassé cette limite ont payé en tout 4 millions de dollars en redevances à la Ville. Un montant nettement insuffisant, selon Daniel Green, codirecteur de la société pour vaincre la pollution.

« Il va falloir revoir un peu les pratiques de Montréal parce que si des pollueurs industriels peuvent rejeter des effluents qui sont à ce point corrosifs pour détruire nos égouts, on risque de se retrouver avec des fermetures d'ouvrages et peut-être encore plus de rejets directement au fleuve. »

— Daniel Green, codirecteur de la société pour vaincre la pollution

Il faut préciser que le déversement de matière organique dans les égouts est légal, selon la réglementation. Les réactions chimiques et biologiques qui surviennent dans la soupe chimique des égouts sont difficiles à prévoir et à démontrer.

Des coûts importants

Montréal s'est attaqué au problème de biocorrosion en profitant de la rénovation d'une structure de chute à LaSalle pour éliminer une zone d'eau stagnante, qui contribuait à la formation de H2S. La Ville a aussi tenté d'éliminer les odeurs d'œufs pourris causées par le H2S à LaSalle.

L'odeur est tellement forte le long du fleuve près du pont Mercier que les résidents du secteur ne peuvent pas ouvrir leurs fenêtres certains jours d'été. Une station de traitement des gaz a été construite au coût de 6 millions de dollars, mais elle a implosé en 2009 et n'a pas été réparée depuis.

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