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CCF 2015 - Pierre Flynn: les deux pieds sur Terre (ENTREVUE/VIDÉO)

CCF 2015 - Pierre Flynn: les deux pieds sur Terre (ENTREVUE/VIDÉO)

Pierre Flynn est un laboureur minutieux qui prend son temps à gratter la matière. On l’a souvent étiqueté comme un créateur plutôt sombre, qui fouille dans les recoins de son âme, souvent inquiète. Certes, il a peut-être été plus « préoccupé » que la moyenne de nos auteurs-compositeurs, mais quand il lance un sourire, ou une chanson, on est pratiquement certain que ça vient du fond. Et au-delà des descriptions simplistes, on doit d’abord souligner l’excellente qualité de son travail. Quelque temps avant son spectacle qui sera livré le 11 novembre dans le cadre de Coup de cœur francophone, à Montréal, nous avons rencontré l’homme de 62 ans.

Pierre Flynn habite au carrefour du Mile-End et du Plateau-Mont-Royal, non loin du parc Lahaie. Quand il entre dans un café-bar de la rue Saint-Laurent, le corps est droit et le geste est assuré. Après les salutations, nous entamons rapidement la conversation qui durera plus de deux heures.

« J’aime aussi bien pas trop penser à l’avenir, affirme Pierre Flynn après un long préambule très intéressant sur la santé du milieu musical au Québec. Je croise les doigts et je fonce. En même temps, je bénis le ciel. J’ai 35 shows de bookés, full band [depuis la parution de son récent disque intitulé Sur la Terre, au printemps]. Je suis content de ça. On est quatre ou cinq musiciens sur scène, ça dépend. J’ai des maudits bons players. Peut-être que je vais me rendre à 50 spectacles. Je ne sais pas. Il me reste encore une bonne année pour voir comment tout ça va se développer. »

Pierre Flynn est bien conscient que les longues périodes qui se sont installées entre la sortie de chaque album [il a mis 14 ans à proposer un disque de nouvelles chansons, le dernier étant Mirador] n’ont rien pour maximiser les profits en musique, surtout de nos jours. « En effet, il faudrait que j’accélère un peu, ironise-t-il. Je ne veux juste pas faire du surplace. Au fond, c’est peut-être ce qui explique cette lenteur. Je veux garder mon intégrité, ma sincérité, mais il faut se remettre en question. Puis, j’ai quand même été chanceux ces dernières années : j’ai eu de beaux projets comme les Douze hommes rapaillés et Jacques Brel… Des projets qui m’ont permis de passer à travers et de travailler sur ma musique, à mon rythme. »

« Brasser de nouvelles affaires »

Questionné quant à la possibilité d’ajouter quelques cordes à son arc de créateur (que ce soit en réalisation ou encore en composition de musique de film), Pierre Flynn hésite et se lance : « Honnêtement, je ne dis pas non. En même temps, ce n’est pas parce que tu as un nom de chanteur que tu es dans la loop de ce milieu-là. Je ne me suis jamais annoncé [comme voulant réaliser des projets signés par d’autres artistes]. Et il faut l’humilité de dire que tu es là. Je n’ai pas eu ce réflexe. Ce n’est pas par orgueil, je crois, mais plutôt par timidité. Je n’ai pas encore fait de démarche. Je vais vivre ce trip de Sur la Terre, on va respirer, et ensuite je vais penser à tout ça. J’aurai du temps en décembre et janvier… Chose certaine, j’ai le goût de brasser de nouvelles affaires. J’ai aussi le goût de me remettre au piano et d’écrire. Je pense que ça ne prendra pas des années avant que je fasse du neuf ! »

Les purs-sangs

D’ici là, il serait fort dommage de rater le concert de Pierre Flynn, un des plus beaux survivants de sa génération. D’ailleurs, la très grande majorité des commentaires sont élogieux à l’égard de son spectacle qui inclut évidemment plusieurs nouvelles chansons de Sur la Terre, ce joli album fait en complicité avec les coréalisateurs Philippe Brault et Éric Goulet ainsi que les musiciens Louis-Jean Cormier, Mario Légaré (un ancien du groupe Octobre, tout comme Flynn) et Marc-André Larocque, pour ne nommer que ceux-ci. Aux plus récentes pièces s’ajoutent en concert quelques vieux succès revisités, comme Possession, Sur la route ou encore L’ennemi.

Soulignons que pour le spectacle, son équipe de musiciens a changé, mais la qualité reste au rendez-vous: Andre Papanicolaou à la guitare (Daran, Vincent Vallières et carrière solo), José Major à la batterie (Marie-Pierre Arhtur, Paul Cargnello, Jérôme Minière et carrière solo) et puis son vieux complice Mario Légaré à la basse. Le claviériste Jean-Sébastien Fournier (Paul Piché, Luce Dufault et autres) s’ajoutera au quatuor pour le spectacle offert au Club Soda, le 11 novembre. « C’est un band de course, lance Pierre Flynn. Franchement, que ce soit dans des ambiances intimistes ou dans des moments rock, ça répond bien. Les gars sont excellents. Ce sont des purs-sangs. C’est cool. Je m’ennuyais de ça. »

Jean Leloup

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