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Les cas d'abus à Val-d'Or n'ont rien de surprenant et se produisent ailleurs, selon l'ex-ministre des Affaires autochtones John Ciaccia (VIDÉO)

Les abus existent ailleurs et depuis longtemps, dit un ex-ministre des Affaires autochtones (VIDÉO)

Les allégations de sévices sexuels des policiers de la Sûreté du Québec (SQ) à l’endroit de femmes autochtones, aussi dramatiques qu’elles soient, ne surprennent en rien l’ex-ministre délégué aux Affaires autochtones du Québec, John Ciaccia, qui a notamment été impliqué de près dans la crise d’Oka.

À son avis, des cas d’abus semblables ont lieu depuis longtemps un peu partout au pays. «Ça ne me surprend pas, mais ça ne veut pas dire que c’est acceptable», a-t-il déclaré au Huffington Post Québec, mercredi soir, en marge du lancement de sa biographie à la Librairie Chapters Indigo, au centre-ville montréalais.

Le dossier autochtone, M. Ciaccia le connaît, lui qui a parcouru le Québec et le Canada à la rencontre des différentes communautés tout au long de sa carrière politique de plus de 25 ans. Les relations entre les Autochtones et les autres Québécois se sont-elles dégradées? «Elles ne se sont pas empirées, ni améliorées… Mais il y a encore beaucoup à faire», a-t-il répondu. Il a poursuivi en ajoutant que les chefs politiques ont toujours refusé d’accorder aux Autochtones le véritable statut de nation, avec tous les pouvoirs qui suivent, pour qu’ils soient véritablement «maîtres de leur choix». Il faut arrêter de «vouloir contrôler» les communautés autochtones, a martelé John Ciaccia.

1971. De gauche à droite: Dave Courchene, fondateur de la Fraternité des Indiens du Canada, Jean Chrétien (ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien) et John Ciaccia (sous-ministre adjoint des Affaires indiennes). Photo tirée de la biographie de M. Ciaccia.

Changer la loi sur les Indiens

Dans son livre de 400 pages, intitulé Appelez-moi Giambattista(Leméac), l’ex-ministre des Affaires autochtones sous le gouvernement de Robert Bourassa, en 1989, déplore à plusieurs reprises que «les gouvernements [provinciaux et fédéral] ne sont pas devenus plus respectueux des droits autochtones» au fil des décennies, mais qu’ils sont «seulement plus prudents».

Le seul moyen de changer réellement les choses serait de revoir la loi sur les Indiens, a fait valoir l’avocat de formation. La Loi sur les Indiens, instaurée en 1876 et modifiée depuis, permet au gouvernement de contrôler la majorité des aspects de la vie amérindienne : le statut d'Indien, les terres, les ressources, les testaments, l'éducation, l'administration des bandes, etc.

Il n’y a qu’à la Baie James que cette loi ne s’applique pas, a rappelé John Ciaccia, qui a été le négociateur en chef de ce premier traité moderne signé avec les Autochtones en 1975: la Convention de la Baie James et du Nord québécois. Un traité qui reconnaît des droits territoriaux aux Cris et aux Inuits, leur participation dans les projets hydroélectriques et des indemnités de l'ordre du milliard de dollars. «Là-bas, ils ont un réel gouvernement, ils ont le pouvoir de décision sur leurs propres affaires. Il faut que ce modèle soit reproduit dans les autres communautés», a-t-il dit.

Le nouveau gouvernement fédéral de Justin Trudeau trouvera «peut-être» le courage de changer les choses, a-t-il conclu en disant: «Espérons».

1975, concrétisation de la Convention de la Baie James. De gauche à droite: Robert Bourassa (premier ministre du Québec), John Ciaccia (négociateur en chef), Jean Chrétien (président du Conseil du Trésor) et Billy Diamond (représentant des Cris de la Baie James). Photo tirée de la biographie de John Ciaccia

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