Dans le monde, près de 30 % des personnes de plus de 65 ans ont perdu leurs dents. Face à cette statistique de l'OMS, il n'y a pas grand-chose à faire à part pallier cette absence par des dents artificielles. Et s'il était possible de faire repousser nos dents? Cela reste pour l'instant une utopie, mais, comme toujours, la science ne cesse de se rapprocher de la fiction.
Ainsi, des chercheurs de l'Institut de technologie de Géorgie, aux États-Unis, en collaboration avec le King's College de Londres, ont entrouvert la porte de cette fiction. Et tout ça grâce à un petit poisson du lac Malawi, au Mozambique, de la famille des Cichlidés.
Les scientifiques ont choisi d'étudier ce poisson car il a une dentition très fournie : des centaines de dents poussent au cours de sa vie et remplacent les plus vieilles. Dans une étude publiée dans le journal Proceedings of the National Academy of Sciences ce 19 octobre, ils précisent avoir trouvé un lien entre les dents et... les papilles gustatives.
Des poissons et des souris
En effet, les chercheurs se sont rendu compte que dents et papilles de ces poissons proviennent des mêmes cellules originelles, situées dans l'épithélium, le tissu qui constitue notamment les muqueuses. "Nous avons cherché à comprendre quel schéma définit l'évolution d'une cellule entre d'un côté la denture et de l'autre le développement sensoriel", explique Todd Streelman, professeur à l'école de Biologie de Géorgie.
Pour ce faire, les chercheurs ont étudié deux espèces de Cichlidés (les poissons, donc). L'une d'elles avait peu de dents car elle mangeait du plancton et n'en avait pas besoin. L'autre, à l'inverse, avait besoin de beaucoup de dents car elle mangeait des algues.
En croisant ces deux espèces parentes, ils ont vu alors que le nombre de dents et de papilles gustatives évoluait chez leurs petits-enfants. De cette étude, ils ont pu comprendre les composants génétiques impliqués dans ces variations. Les chercheurs ont ensuite influencé chimiquement des embryons de poissons pour essayer de modifier ces schémas de développement. Ils ont ainsi réussi à augmenter le nombre de papilles gustatives et à diminuer le nombre de dents.
"Grâce à une collaboration avec nos collègues du King's College de Londres, nous avons démontré que quelques gènes peu étudiés étaient également impliqués dans le développement des dents et des papilles gustatives de la souris", précise Streelman. L'étape suivante, pour Streelman et ses collègues, consiste à essayer d'adapter cette capacité d'évolution de ces cellules épithéliales à l'homme.
"En définitive, cela suggère que l'épithélium présent dans la bouche humaine pourrait être plus flexible, plus malléable que nous ne le pensions. Nous cherchons maintenant à savoir comment amadouer cet épithélium pour fabriquer une structure plutôt qu'une autre."
Mais même si les chercheurs trouvent la formule miracle, il faudra encore longtemps avant que l'on fasse repousser nos dents. En effet, celles-ci sont également composées d'un nerf et de vaisseaux sanguins. Les prothèses dentaires ont encore de beaux jours devant elles.
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