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«Immigrantes» de Prudence Heward: un trésor enfin retrouvé

«Immigrantes» de Prudence Heward: un trésor enfin retrouvé
Ismael Houdassine

Le Musée des beaux-arts de Montréal inaugurera bientôt une exposition d’envergure dédiée au Groupe de Beaver Hall et intitulé «Une modernité des années 1920 – Montréal, le groupe de Beaver Hall».

En attendant l’ouverture des portes le 24 octobre prochain, le Huffington Post Québec a été invité par l’institution muséale pour venir découvrir en exclusivité une des pièces maitresses de l’exposition: «Immigrantes» de l’artiste Prudence Heward (1896-1947).

Depuis 66 ans, le tableau peint en 1928 était introuvable. Personne ne l’avait encore vu. La seule trace de son existence vient d’un cliché en noir et blanc utilisé depuis par les experts de l’art dans leurs différentes publications. Mais le voilà maintenant accroché sur le mur de l’exposition. Avec une trentaine d’autres pièces, le public pourra contempler une œuvre majeure qui fait presque dire à son commissaire qu’elle mérite sans doute à elle seule le déplacement.

«Je l’ai cherché longtemps avant de trouver ce magnifique tableau, explique Jacques De Rochers, conservateur au MBAM de l’art québécois et canadien. C’est un historien de l’art qui savait où était l’œuvre. On a pu ainsi retrouver le propriétaire quelque part au Canada qui a gentiment accepté de nous la prêter pour les besoins de l’exposition.»

Le Groupe de Beaver Hall: un art moderne canadien

La toile marque par sa modernité. Connue pour ses portraits de femmes – Son tableau «Girl on a Hill» lui vaudra en 1929 la reconnaissance et le prestigieux prix de la compétition du Gouverneur-général Willingdon –, l’artiste représente des figures fortes et psychologiquement complexes, à mille lieues de l’image de la femme soumise privilégiée par les conventions.

Dès la Première Guerre mondiale, Prudence Heward a fait partie du Groupe Beaver Hall, ces artistes de Montréal se sont alliés au Groupe des Sept de Toronto afin de faire reconnaître un art contemporain proprement canadien, en pleine rupture avec l’art de l’époque, influencé par l’académisme européen.

Le travail de Prudence Heward est caractérisé par l’utilisation de couleurs riches et acides, en particulier dans les années trente où dominent des toiles baignées par la lumière et les nuances éclatantes. C’est dire l’importance de ce tableau qui révèle des contrastes saisissants.

«Sans voir les couleurs, on ne pouvait pas vraiment discerner l’arrière-plan. Ce qu’on constate aujourd'hui sous nos yeux est probablement la cheminée d’un bateau, précise le conservateur. On possède très peu d’information sur l’œuvre. Le titre nous dit que les sujets peints sont des immigrantes, mais on ne connaît pas l’identité de ces deux femmes. Elles sont probablement originaires de l’Europe de l’Est.»

En 1932, le critique de La Gazette avait déjà vu juste en écrivant sur les pages du quotidien anglophone, «Dans les "Immigrantes", les figures des deux jeunes femmes, blotties l’une contre l’autre dans une attitude de protection et de réconfort mutuels, forment un groupe poignant. Ce sentiment baigne la toile à travers le léger filtre gris voilant toutes les couleurs.»

Exposition Une modernité des années 1920 - Montréal, le groupe de Beaver Hall – Du 24 octobre 2015 au 31 janvier 2016 – Musée des beaux-arts de Montréal – mbam.qc.ca.

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