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Élections fédérales 2015: ces endroits où les sondages ne peuvent se permettre de se tromper

Ces endroits où les sondages ne peuvent se permettre de se tromper
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À une semaine de la fin, cette campagne électorale est en train de devenir une course entre les conservateurs et les libéraux. Mais les prévisions ne valent guère mieux que les sondages sur lesquels elles reposent. Si au soir du scrutin les chiffres se révèlent différents des intentions de vote exprimées dans les sondages, nos prévisions auront de toute évidence été inexactes. Il n’y a rien à faire.

Cela dit, l’impact d’une surestimation ou d’une sous-estimation dans les sondages diffère d’un parti à l’autre, d’une province à l’autre.

Il importe peu, par exemple, que les conservateurs soient à 50 ou 55 % en Alberta – dans un cas ou l’autre, il est probable qu’ils y remporteront aisément le plus grand nombre de sièges – mais une telle erreur en Ontario pourrait faire la différence en ce qui a trait à l’identité du vainqueur du scrutin. De nombreux facteurs entrent en jeu, incluant la taille de la province et la nature de la course.

Heureusement, nous tenons compte de la possibilité que les sondages se trompent, comme ce fut le cas en Alberta en 2012 et en Colombie-Britannique en 2013. Nous procédons par simulation. De façon plus spécifique, lorsque les sondages donnent un parti à 35 % dans une province, nous jugeons que ce parti pourrait être à un niveau aussi élevé que 40 % ou aussi bas que 30 %.

Le graphique ci-dessous présente tous les résultats possibles pour les conservateurs en Ontario. La variation horizontale tient compte de l’incertitude des résultats des sondages (ce que les gens présentent comme la marge d’erreur, même si nous allons plus loin car nous estimons plus important le degré d’incertitude) tandis que les variations verticales reflètent l’efficacité du vote (soit la transposition des votes en sièges, qui n’est pas parfaite au sein de notre système électoral).

Les sondages donnent actuellement aux conservateurs 35 % des intentions de vote et 48 sièges en Ontario. Vous pouvez cependant constater qu’une légère erreur des sondages pourrait se traduire par un nombre de sièges clairement différent.

Nous avons décidé d’estimer l’impact d’une erreur d’un point sur le nombre de sièges prévus pour un parti dans chaque province. Plus le nombre est élevé, plus important sera l’impact des erreurs de sondage sur nos prévisions. Également, on peut deviner dans ces chiffres les endroits où les partis peuvent actuellement gagner ou perdre des sièges si leurs intentions de vote augmentent ou diminuent d’une couple de points. Le tableau ci-dessous montre les résultats pour chacun des partis dans chaque province.

Tel que mentionné précédemment, les sondages peuvent se tromper en Alberta sans risque d’erreur importante. Ainsi, une surestimation d’un point des résultats des conservateurs (s’ils n’obtenaient que 49 % des voix, lundi, alors que les sondages leur donnent actuellement 50 %) ne coûterait au parti que 0,5 siège en moyenne.

En revanche, la même erreur en Ontario pourrait se traduire dans nos prévisions par une différence totalisant jusqu’à six sièges. En effet, imaginez que les résultats des libéraux soient surestimés d’un point et que ceux des conservateurs soient sous-estimés de la même façon. Dans un tel cas, les libéraux gagneraient 2,86 sièges en moins et les conservateurs, 2,65 de plus. Au total, cela donne une différence de six sièges, soit plus de la moitié de l’avance dont profitent actuellement les conservateurs, selon nos projections.

Ces données montrent une fois encore pourquoi l’Ontario constitue le champ de bataille de Stephen Harper et Justin Trudeau, et pourquoi le vainqueur du scrutin y sera probablement désigné. Comme nous l’avons précédemment démontré, les libéraux ont vraiment besoin de gagner en Ontario par une bonne marge de huit à 10 points s’ils veulent terminer premiers à l’échelle du pays. Les sondages semblent indiquer que le Parti libéral s’en rapproche, bien qu’ils ne soient pas tous d’accord.

La situation est intéressante au Québec car les quatre principaux partis y sont tous à plus de 20 %. Cependant, les néo-démocrates demeurent légèrement en tête et tirent profit du système électoral ainsi que de la concentration des votes des libéraux et des conservateurs dans certaines régions. Toutefois, chaque point perdu, en particulier aux mains du Bloc, est assez coûteux pour le NPD. En jetant un coup d’oeil à ce tableau, nous nous attendons à ce que Thomas Mulcair passe la majeure partie de la dernière semaine au Québec et en Colombie-Britannique.

Pour en revenir à la question des erreurs de sondage, nos prévisions seront correctes tant que les sondeurs ne surestimeront ou ne sous-estimeront pas les libéraux et les conservateurs en Ontario. S’ils ne se trompent pas dans cette province, nous devrions être en mesure de prédire avec justesse le résultat du scrutin.

Les sondeurs doivent également évaluer correctement l’écart entre le NPD et le Bloc au Québec et, dans une moindre mesure, le niveau du soutien accordé aux conservateurs en Colombie-Britannique. Partout ailleurs, nous pouvons nous permettre des erreurs de sondage, même importantes.

Rappelons que les firmes de sondage se sont particulièrement trompées en Ontario en 2011.

Espérons que cela ne se reproduira pas lundi. Sinon, nous pourrions avoir des surprises.

Bryan Breguet a un baccalauréat ès sciences en économie de la politique et une maîtrise ès sciences en économie de l’Université de Montréal. Il a fondé en 2010 TooCloseToCall.ca où il fournit des analyses et projections électorales. Il a collaboré avec le National Post, Le Journal de Montréal et l’Actualité.

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