Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Élections fédérales 2015: Le vote stratégique, est-ce que ça fonctionne?

Le vote stratégique, ça fonctionne?
CP

Deux Canadiens sur trois veulent un changement de gouvernement. Mais à une semaine du vote, plusieurs se demandent encore pour qui voter. Le vote stratégique n'est pas une idée nouvelle, mais pourrait être un facteur plus important que dans toutes autres élections fédérales.

Un texte de Christian Noël

Pour la candidate recrue du NPD Jennifer Hollett, « les journées sont longues, les nuits sont courtes ». À une semaine du scrutin, elle entame son sprint final dans la nouvelle circonscription torontoise de University-Rosedale.

Tôt le matin, devant les stations de métro, elle court d'une personne à l'autre. Un dépliant, une poignée de main à la fois, elle essaie de rencontrer le plus d'électeurs possible.

« Les gens me parlent spontanément du vote stratégique, admet la candidate de 40 ans. Pour eux, le plus important, c'est de se débarrasser de Stephen Harper par tous les moyens. »

Solidifier les appuis

Après 72 jours de campagne, les Ontariens ont-ils déjà arrêté leur choix? Les réponses varient, mais le sentiment est le même : « Je ne sais pas », « j'étudie toutes mes options », « Je suis encore un peu confus », « j'arriverai à une décision bientôt ».

Caroline Rioux, elle, souhaite un résultat précis. « Je ne veux plus des conservateurs », lance-t-elle, tout en se demandant comment atteindre son but. « J'hésite encore entre les libéraux et le NPD. J'essaie de voir stratégiquement ce qui se passe en Ontario et à Toronto pour voir quelles sont les meilleures chances d'avoir un nouveau gouvernement. »

L'idée n'est pas nouvelle. Mais dans de cadre de ces élections, la notion de vote stratégique prend une « importance inégalée », selon le professeur Paul Adams, de l'Université Carleton.

« Le désir d'un changement est très fort, les différences idéologiques sont minces entre libéraux et néo-démocrates, et l'électeur moyen n'est pas motivé par une partisanerie aveugle. »

— Paul Adams, professeur à l'Université Carleton

« Il y a 67 % des gens qui veulent un changement de gouvernement, ajoute l'analyste Éric Grenier. Dans le passé, il n'y avait qu'une seule alternative viable aux conservateurs, mais cette année, il y en a deux », ce qui accentue l'influence potentielle d'un vote stratégique.

Changer la donne?

Le vote stratégique a la capacité de vraiment changer la donne, croit Éric Grenier. « Si quelques centaines de votes changent de couleur, dans une douzaine de comtés serrés, ça peut faire tomber des candidats conservateurs et changer les résultats de l'élection. Mais c'est difficile à organiser. »

C'est ce qu'essaient de faire plusieurs groupes, comme Strategic Voting 2015, Lead Now et Vote Together qui se targuent d'aider les électeurs à voter pour le candidat dans leur circonscription qui a le plus de chance de battre les conservateurs.

Mais attention, avertit Éric Grenier. « Souvent, ces groupes se fient sur les résultats de la dernière élection, sans mesurer la force des nouveaux candidats locaux et des changements d'humeurs de la population. Et ces groupes n'ont pas les ressources pour faire des sondages récents et précis. »

De plus, pour avoir un impact réel, il faudrait, dans les circonscriptions ciblées, que la moitié des partisans libéraux ou néo-démocrates abandonnent leur premier choix de parti, et votent stratégiquement pour l'autre. Ce que plusieurs ne sont pas prêts à faire.

« Voter stratégique, c'est de la folie. J'aime mieux voter par conviction que par calcul politique. »

— Pamela, électrice

« C'est risqué. Les élections sont très serrées et ça pourrait se retourner contre nous. »

— Dorren, électrice

À qui ça profite?

Durant les élections de 2006, le président des Travailleurs canadien de l'automobile (TCA) a causé la surprise, en délaissant les racines néo-démocrates de son syndicat pour appuyer le chef libéral Paul Martin. Buzz Hargrove voulait empêcher Stephen Harper de prendre le pouvoir et demandait à ses 250 000 membres de « voter pour le candidat libéral quand le néo-démocrate n'a pas de chance dans votre circonscription », et vice-versa. Résultat : Stephen Harper a remporté les élections, mais avec un gouvernement minoritaire.

Si, en 2006, les libéraux semblaient en faveur du vote stratégique, cette fois-ci, c'est le NPD qui semble en faire la promotion.

« Nous avons déjà une centaine de sièges, explique la candidate néo-démocrate Jennifer Hollett. Donc, nous avons besoin de gagner seulement 35 sièges de plus pour défaire les conservateurs. Les libéraux ont plus de chemin à faire que nous; ils doivent faire 100 gains pour obtenir le même résultat. »

De son côté, le candidat libéral dans Spadina-Fort-York, Adam Vaughan, croit que les électeurs doivent s'écouter eux-mêmes. « On ne demande pas aux gens de voter stratégiquement, mais de choisir le type de gouvernement qu'ils veulent vraiment, dans leur cœur. Et avec notre momentum, je suis convaincu qu'ils choisiront les libéraux. »

Pancartes électorales revisitées...

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.