L’animatrice et productrice Marie-France Bazzo a signé cette semaine la sortie du quatrième livre de sa série De quoi le Québec a-t-il besoin? aux côtés de la journaliste Nathalie Collard et le dramaturge René-Daniel Dubois, un recueil d’entretiens francs et critiques, qui offre un portrait cinglant du paysage médiatique québécois.
« C’est vrai qu’on aurait pu parler de santé, d’économie, » dit Marie-France Bazzo. « [Les médias], on est vraiment dedans Nathalie et moi, ça pourrait sentir le conflit d’intérêt. Mais en même temps, on est à la fois productrices de contenu et consommatrices de médias. Et force est de constater que ça va vraiment mal dans les médias. »
Réductions des revenus publicitaires, disparition de la presse écrite: les nouvelles technologies de ces dernières années, ont bouleversé le paysage médiatique mondial et québécois. « Les moins de 25 ans, ou moins de 30 ans, n’ont plus de télévision, » dit-elle. « Il y un clivage de classes sociales, et un clivage générationnel. »
Pour elle, en trente ans, « tout a changé, » dit-elle. « Il y a beaucoup moins de diversité, les groupes sont de plus en plus convergents. En ce moment, il y a grosso modo deux groupes et demi qui occupent le devant de la scène: Québécor, Gesca, et Bell. Ça c’est considérablement rétréci. »
Cette convergence, selon elle, se traduit par un manque de diversité de contenu. « Il n’y a jamais eu autant de producteurs de contenu, jamais autant de contenu, » dit-elle. « Mais ils tendent de plus en plus à se ressembler. Tout le monde copie tout le monde » dit-elle.
Or, un manque de diversité « n’a jamais été bon pour aucune démocratie,» dit-elle. « Moins il y a de sources, plus ça s’appauvri,» dit-elle.
Heureusement, il existe plusieurs nouvelles expériences médiatiques au Québec, dit-elle, qui offrent un contenu alternatif. « La bonne nouvelle, c’est qu’il y a de la place pour que ça marche,» dit Marie-France Bazzo. Elle cite comme exemple le journal multiplateforme Ricochet ou le magazine Nouveau Projet, entre autres.
« La moins bonne nouvelle, c’est que personne n’a encore trouvé exactement la recette pour fonctionner, » dit-elle. « En 2015, il n’y a personne qui ait trouvé la manière de faire de l’argent et d’assurer durablement ses arrières. »
Devra-t-on alors rendre tout accès au contenu en ligne payant? Ou continuera-t-on sur la pente de la convergence et de la gratuité de contenu?
« Si j’avais la réponse, je serais millionnaire, » dit Marie-France Bazzo en riant.
Seul un espoir pour les médias, au Québec et ailleurs: plus d’innovations, plus d’initiatives et surtout plus de diversité.
De quoi le Québec a-t-il besoin?, Marie-France Bazzo, Leméac.
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