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Le poste-frontière de Saint-Zacharie est une véritable passoire, selon les douaniers (VIDÉO)

Ce poste-frontière est une véritable passoire, selon les douaniers (VIDÉO)

QUÉBEC – Le poste-frontière de Saint-Zacharie est une véritable passoire, estime le syndicat des douaniers du Canada.

«Nous, on appelle ça l’autoroute du crime», lance Jean-Pierre Fortin, président du Syndicat des douanes et de l’immigration (SDI).

En effet, les camionneurs qui se présentent à ce poste-frontière situé en Beauce ne rencontrent aucun douanier. Il leur suffit de faire un appel grâce à un téléphone installé sur place pour être dédouanés à distance. Aucune caméra ne permet au douanier à l’autre bout du fil de voir si l’individu est bien celui qu’il prétend être.

Et si le camionneur décide tout simplement de ne pas s’arrêter, aucun policier ou douanier n’est situé à proximité pour l’intercepter, affirme Jean-Pierre Fortin.

«C’est dans le milieu de nulle part, sur une petite route en pleine campagne, dit-il. Le bureau le plus à proximité, ce serait à Saint-Georges de Beauce, qui est à 30-45 minutes de là. Mais il n’y a pas de patrouille-frontière dédiée pour vérifier ce poste-là.»

Mis en place il y a moins d’un an, ce poste-frontière en «libre-service» est le seul du genre au Canada. Il est réservé aux camionneurs qui ont reçu un permis au préalable pour l’emprunter. Mais les douaniers craignent que cette route ne redevienne la «Golden Road» de la contrebande qu’elle a déjà été.

Rares inspections

À l’origine, le poste-frontière devait faire l’objet de plusieurs inspections chaque semaine. Mais le douanier qui a filmé la vidéo ci-dessus (et qui préfère demeurer anonyme) affirme que les patrouilles sont rares. «On en a fait deux dernièrement, et presque pas cet hiver», affirme Louis* (nom fictif).

Près de 10 000 passages se font annuellement à ce poste-frontière, affirme Louis. «Là-dessus, on en vérifie peut-être 50», dit-il.

Les rares inspections ont permis de saisir quelques objets de contrebande, principalement à des fins personnelles.

Mais pour Jean-Pierre Fortin, la tentation pourrait devenir trop grande pour certains camionneurs devant l’absence d’inspections. «De plus en plus, ces gens-là pourraient être tentés de rentrer de la marchandise ou de la drogue ou n’importe quoi d’autre», dit-il.

Le président du SDI soupçonne par ailleurs que ce concept unique au pays est une faveur politique au député conservateur local, Maxime Bernier. «Sinon, c’est un drôle d’adon», lance-t-il.

Compressions

Depuis un peu plus de deux ans, 1100 emplois ont été supprimés à l’Agence des services frontaliers du Canada, selon le syndicat. Ces mesures de compressions entraînent plusieurs nouvelles initiatives de dédouanement à distance.

Ainsi, un projet-pilote similaire à celui de Saint-Zacharie est en préparation pour le grand public au poste-frontière de Morses Line, dans le village de Saint-Armand, dans les Cantons-de-l’Est. «On va dédouaner les gens par téléphone, dit Jean-Pierre Fortin. Le douanier va être situé à Hamilton, en Ontario. Et c’est cette personne qui va déterminer si la personne peut entrer ou pas.»

À l’Aéroport Montréal-Trudeau, de nouvelles bornes électroniques permettent déjà aux passagers d’être dédouanés sans parler à un agent. Ils doivent ensuite remettre un carton à un agent frontalier à la sortie.

«Il ne faut pas que ces initiatives soient faites aux dépens de la sécurité, dit Jean-Pierre Fortin. On coupe de plus en plus le temps d’interaction des agents avec les passagers, où on pose les différentes questions. Nos gens sont entraînés pour détecter les comportements suspects. Mais une borne électronique, ça ne réfléchit pas.»

MISE À JOUR

L'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) indique que le point d’entrée de Saint-Zacharie faisant partie du Projet pilote pour les voyageurs en régions éloignées est surveillé. «Tous les voyageurs qui y passent doivent être membres du programme pour entrer au Canada et une évaluation du risque est effectuée pour chacun des membres […] Des opérations de conformité sont aussi effectuées régulièrement par l’ASFC et par le détachement de la GRC de St-Georges», explique Stéphane Malépart, directeur régional adjoint des communications pour l'ASFC.

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