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Les conservateurs reconnaissent avoir ralenti l'accueil de réfugiés syriens (VIDÉO)

Les conservateurs reconnaissent avoir ralenti l'accueil de réfugiés

Alors que les conservateurs ont martelé tout au long de la campagne électorale qu'ils avaient fait et feraient à l'avenir des efforts pour accélérer le processus d'accueil des réfugiés syriens, le ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration, Chris Alexander, reconnaît que l'examen des demandes a été interrompu temporairement au printemps dernier.

Selon le ministre sortant, cette suspension était nécessaire le temps de faire les vérifications nécessaires à la suite du lancement rapide d'un tel programme d'accueil de réfugiés provenant de la Syrie en guerre.

« Dans le but d'assurer que les procédures de renvoi et de vérification appropriées étaient en place, nous avons entrepris une vérification rétrospective de la première tranche de réfugiés assistés par le gouvernement syrien. C'était une mesure prudente pour assurer l'intégrité de notre système de renvoi des réfugiés », a déclaré le ministre par l'intermédiaire de son porte-parole Chris Day, jeudi.

« La vérification a eu lieu alors que la première tranche de demandes avait déjà été approuvée par des responsables du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration. De plus, aucun changement n'a été apporté, ou n'aurait pu être apporté, au statut de ces approbations en raison de la vérification », a-t-il ajouté dans ce communiqué.

« Le traitement des réfugiés assistés par le gouvernement syrien a repris uniquement quand il a été certain que nos procédures permettaient d'identifier les personnes vulnérables ayant le plus besoin d'une protection, tout en évitant les menaces pour le Canada. »

— Communiqué du ministre Chris Alexander

« Le personnel politique ne participe pas au processus d'approbation des demandes de réfugiés », précise le communiqué. Chris Alexander n'a toutefois pas fait de commentaires plus spécifiques au sujet du niveau d'implication du premier ministre lui-même dans cette décision.

Dans son édition de jeudi, The Globe and Mail avance qu'Immigration Canada n'a pas eu toute l'indépendance souhaitée au cours des derniers mois pour sélectionner les candidats au statut de réfugié. Selon le quotidien, le Bureau du premier ministre aurait émis une directive exigeant que les dossiers des réfugiés syriens référés par les Nations unies (ONU) soient soumis à son approbation, ce que nie le ministre Alexander.

« Le gouvernement a toujours dit clairement que les minorités religieuses et ethniques vulnérables - les groupes menacés de génocide - devraient être traitées en priorité, a ajouté le communiqué publié jeudi. Je souligne également que le traitement des réfugiés syriens parrainés par le secteur privé s'est poursuivi pendant cette période. »

Réfugiés et partis

Le Parti conservateur promet d'accueillir 10 000 réfugiés syriens supplémentaires d'ici 4 ans. C'est une promesse qui a été faite en début de campagne, avant la mort du petit Syrien Alan Kurdi, dont une photo, où on le voit gisant sur une plage turque, a ébranlé le monde. Par la suite, les conservateurs se sont engagés à devancer de 15 mois l'accueil de10 000 réfugiés syriens au pays, dont l'arrivée était déjà prévue d'ici 2018. Pour y arriver, tous les Syriens qui ont fui leur pays seront dorénavant considérés par le Canada comme des réfugiés.

Le Nouveau Parti démocratique propose de recevoir 46 000 réfugiés syriens de plus sur 5 ans : 10 000 réfugiés parrainés par le gouvernement cette année, puis 9000 par année au cours des quatre années suivantes. Les néo-démocrates disent baser leurs chiffres sur les demandes des Nations unies.

Les libéraux promettent d'accueillir 25 000 réfugiés d'ici le 1er janvier 2016 parrainés par le gouvernement. Le parti affirme que ce nombre vise à répondre à un besoin immédiat et qu'il est ouvert à en faire davantage.

« Une honte », dit Mulcair

« C'est abject! » a réagi le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair. « Alors que Stephen Harper se tenait debout avec émotion, en évoquant sa propre famille le jour où a vu ce petit garçon sur la plage en Turquie, on apprend aujourd'hui que c'est lui-même qui a empêché l'arrivée de familles syriennes dans la pire crise de réfugiés depuis la Deuxième Guerre mondiale. »

Il estime que c'est « une honte » pour le Canada et réclame des excuses de la part de Stephen Harper.

De son côté, le porte-parole néo-démocrate en matière d'affaires étrangères, Paul Dewar, a demandé des « éclaircissements » de la part de M. Harper. « L'irresponsabilité des membres du BPM [Bureau du premier ministre] a mis les réfugiés syriens en péril et pourrait déjà avoir coûté des vies », dit-il.

« Cette situation démontre clairement qu'il est urgent de mettre en œuvre un code de conduite pour les ministres et leurs employés, y compris ceux du BPM. Cette recommandation faite par la commission Gomery fait depuis longtemps partie du plan du NPD pour améliorer et protéger l'intégrité de notre fonction publique », rappelle M. Dewar dans un communiqué.

Pas une surprise pour Trudeau

Pour le chef du Parti libéral, Justin Trudeau, les informations du Globe and Mail n'ont rien de surprenant. « Il reste peu de gens dans ce pays qui sont surpris par des informations voulant que le Bureau du premier ministre se mêle de choses d'une manière politique et non transparente », a déclaré M. Trudeau, ajoutant l'adjectif « irresponsable » pour qualifier le gouvernement dans sa réponse en français.

Le chef libéral a accusé Stephen Harper de recourir encore une fois à des préoccupations de sécurité et à une approche basée sur la peur et la division pour masquer son bilan, notamment économique. « Ce premier ministre a une façon de faire qui n'est pas du tout en ligne avec ce que souhaite les Canadiens », a conclu Justin Trudeau qui tenait un point de presse à Woodbridge, en Ontario.

Camps de réfugiés en Syrie

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