Brigitte Boisjoli lançait il y a quelques semaines son album-hommage à Patsy Cline, Mario Pelchat a récemment concrétisé son rêve de présenter un disque où il revisite Gilbert Bécaud et Joe Bocan, elle, ravive à nos mémoires le souvenir d’une icône oubliée, mais marquante de son époque, Joséphine Baker, avec Dis-moi Joséphine.
Deux ans après la sortie de La loupe, son dernier opus de matériel original, Joe Bocan enfile les habits extravagants de Joséphine Baker, chanteuse, danseuse et actrice afro-américaine, première vedette noire de renommée internationale, qui a été la tête d’affiche de nombreuses revues musicales.
Au faîte de sa gloire, dans les années 1930 – elle qui a néanmoins fait carrière pendant plus de 50 ans -, Joséphine Baker a causé scandale en Europe avec ses tenues aguichantes, ses numéros audacieux et ses mouvements suggestifs. Elle est en quelque sorte l’ancêtre des Madonna et Lady Gaga, qui assument pleinement leur féminité et ne craignent pas de déranger.
Mais Joséphine Baker ne donnait pas seulement dans la provocation. Elle a rempli des missions d’importance pendant la Seconde Guerre mondiale, a abondamment lutté pour les droits civils aux États-Unis, s’est engagée dans des activités féministes, a œuvré pour la Croix-Rouge et a soutenu le mouvement initié par Martin Luther King contre le racisme. Ses différentes implications lui ont valu plusieurs distinctions, dont la Médaille de la résistance après le conflit de 1939-1945, et les insignes de chevalier de la Légion d’honneur.
Vers la fin des années 1940, incapable de tomber enceinte, mais désirant ardemment devenir mère, elle a adopté 12 enfants de nationalités et religions différentes, qu’elle surnommait sa «tribu arc-en-ciel». Joséphine Baker est décédée il y a exactement 40 ans, en plein triomphe sur une scène parisienne.
Sortir de son confort
Le titre de ce nouvel album de Joe Bocan, Dis-moi Joséphine, désigne également une chanson célèbre de Joséphine Baker, que la chanteuse reprend évidemment, en plus de 13 autres morceaux mythiques, dont Sous les ponts de Paris, La petite Tonkinoise, J’ai lu dans les étoiles, Ram pam pam et J’ai deux amours, que Joe interprète ici en duo avec Dominique Fils-Aimé, candidate de la plus récente édition de La voix, et qui fait office de premier extrait radio. On peut visionner le vidéoclip ici:
La réalisation de la compilation, signée Guy Tourville, s’appuie, entre autres, sur la participation d’un quatuor à cordes, dirigé par Marco Tessier.
C’est Mario Pelchat, ami de longue date de Joe Bocan, qui a eu l’idée de jumeler l’univers de Joséphine Baker à celui de sa vieille complice. Il voyait des points communs dans la théâtralité et l’intensité des deux femmes, mais aussi dans leur bagage personnel.
«J’ai vu tellement de similitudes entre ces deux femmes, a souligné Mario Pelchat, qui produit également Dis-moi Joséphine. Je connaissais un peu la vie de la chanteuse Joséphine Baker. Elle était Noire et avait fui les États-Unis parce qu’elle ne pouvait plus supporter la ségrégation raciale. Lorsqu’elle est arrivée à Paris, ça a été la révélation. On ne faisait pas de distinction entre les origines, et c’est ce qui lui a permis de faire carrière là-bas. Elle a milité pour l’égalité des peuples et des genres, elle a épousé un homme de peau blanche. Joe a épousé un homme de peau noire. Ce sont deux femmes très engagées et très maternelles. Joséphine, qui ne pouvait avoir d’enfant, a adopté 12 enfants de 12 nationalités différentes.»
Joe Bocan, de son côté, a vu là une opportunité d’emprunter de nouvelles avenues artistiques et de grandir en tant que personne.
«J’ai beaucoup appris dans ce projet, a précisé la flamboyante artiste. Je manquais de confiance en moi. Ça m’a énormément aidée. Au début, j’ai été déstabilisée, mais j’aime sortir de mon confort. C’a ouvert un espace que je n’avais jamais exploré. C’est fou ce que ça m’a fait du bien!».
L’album Dis-moi Joséphine, lancé sous étiquette MP3 Disques, sera en vente ce vendredi, 9 octobre.
