Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Déversement d'eaux usées dans le fleuve : Montréal va de l'avant

Déversement d'eaux usées dans le fleuve : Montréal va de l'avant
iStock

La Ville de Montréal ira finalement de l'avant avec sa décision de déverser 8 milliards de litres d'eau usée dans le fleuve, dans le cadre des travaux de réaménagement de l'autoroute Bonaventure, a appris Radio-Canada.

La Ville avait décidé de réexaminer sa décision qui prévoyait sept jours de déversement à la mi-octobre. Après avoir consulté des experts, le maire Denis Coderre a conclu que la solution proposée par les fonctionnaires du ministère de l'Environnement est la plus réaliste.

Les autres solutions proposées par le ministère de l'Environnement étaient trop chères ou plus polluantes. Le ministère de l'Environnement du Québec et la Ville de Montréal s'en remettent au fort débit du fleuve Saint-Laurent pour diluer les eaux usées rejetées directement dans le cours d'eau.

Les travaux majeurs pour abaisser la structure de l'autoroute Bonaventure exigent de déplacer la chute d'un méga-égout du sud de la municipalité, située directement dans la zone de travaux. En résumé, pendant 7jours, sur un total de 40jours de travaux, il faudra retirer ce qui fait barrage [des cintres] dans l'intercepteur situé sous la rue Mill, entre les rues Riverside et Bridge.

Treize mètres cubes par seconde pendant sept jours, c'est 8millions de mètres cubes ou 8milliards de litres, l'équivalent de 2600piscines olympiques de déchets des toilettes, rejets d'hôpitaux et d'entreprises. Un festival de bactéries, de virus et de produits pharmaceutiques directement dans le fleuve, sans passer par l'usine d'épuration.

La Ville doit tenir un point de presse, duquel le maire Coderre sera absent, pour annoncer sa décision à 11 heures

Les travaux doivent commencer le 18 octobre prochain.

Deux poids, deux mesures ?

« Nous ne sommes pas un champ d'épuration de la Ville de Montréal », déplore le maire de la Ville de Sorel-Tracy, Serge Péloquin, dont la municipalité se trouve en aval de la métropole québécoise sur le fleuve Saint-Laurent. « On espérait que Montréal allait trouver une autre alternative, une solution plus écologique. »

Le maire Péloquin est déçu de la position du MEQ dans le dossier et s'étonne de cette décision.

« Habituellement, quand tu veux déplacer ne serait-ce qu'une grenouille ça prend des rapports, des rapports et des études. » — Serge Péloquin

« On les connaît habituellement beaucoup plus psychorigides sur des certificats d'autorisation. Est-ce que toutes les étapes ont été suivies? Est-ce qu'on a fait une étude complète? »

Le maire de Trois-Rivières, Yves Lévesque, abonde en ce sens en rappelant que sa ville s'était vu refuser l'autorisation de déverser de la neige - non souillée - dans le fleuve en 2008, une année record d'accumulation de neige. Le ministère avait refusé que Trois-Rivières jette sa neige dans le fleuve et la ville avait payé deux millions de dollars pour mettre sur pied un dépôt de neige temporaire

M. Lévèsque souligne que la quantité d'eau usées déversées dans le fleuve par Montréal - 8 milliards de litres - c'est comme si Trois-Rivières déversait ses égouts dans le fleuve pendant quatre mois. Le maire Lévesque croit que ça ne serait jamais toléré et que les régions ne sont pas traitées équitablement comparativement à la métropole

Le maire Péloquin convient qu'il faut parfois prendre des décisions dans le déroulement d'un projet et que la quantité d'eau à gérer de Montréal est « phénoménale ». Il rappelle toutefois que l'eau rejetée dans le fleuve est généralement propre à 90 % et que les municipalités disposent d'un plan B afin de faire face aux imprévus.

La biosphère du lac Saint-Pierre, qui se trouve sur la route du déversement de la Ville de Montréal, est un écosystème reconnu par l'UNESCO. Il représente 50 % des milieux humides du fleuve Saint-Laurent. « Quel effet-choc ça va causer sur l'écosystème de ce milieu-là ? », s'interroge le maire en soulignant que la saison de la chasse au canard et à la bernache bat son plein. Il précise que le fleuve abrite 76 espèces de poissons dans le secteur de Sorel-Tracy.

« Oui, on nous parle de dilution, mais rien n'empêche que toute cette quantité [d'eaux usées] va passer chez nous », déplore M. Péloquin.

Le maire de Sorel-Tracy estime que les Montréalais auraient fait plus d'efforts pour éviter ce déversement s'ils connaissaient la beauté du site.

AUSSI SUR LE HUFFPOST:

15 ruelles vertes de Montréal

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.