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«Les Immortelles – Nos plus belles chansons»: quand les textes deviennent des œuvres d'art

«Les Immortelles – Nos plus belles chansons»: quand les textes deviennent des œuvres d'art
Marie-Josée Roy

Les paroles de nos plus grandes chansons québécoises sont des œuvres d’art en soi, mais l’exposition Les Immortelles – Nos plus belles chansons les magnifie d’un cran en les matérialisant en objets de collection et de contemplation.

À l’initiative du producteur Paul Dupont-Hébert, 19 de nos plus réputés auteurs ont pris non pas le clavier, mais la plume, ont réécrit à la main l’une de leurs plus belles pièces, et l’ont autographiée. Le peintre Michel Robidas, principalement connu pour avoir créé des robes pour Julie Snyder et Diane Dufresne, a esquissé une illustration de fond pour chacun des textes, un dessin abstrait ou concret, selon le titre en question. Ces manuscrits décorés ont ensuite été déclinés en sérigraphies, et ces reproductions sont désormais exhibées dans l’Espace musée de Québecor, établi dans le hall d’entrée du siège social montréalais de l’entreprise, rue Saint-Jacques Ouest, jusqu’au 26 octobre.

Ce sont donc 20 de nos plus grands classiques, d’Une chance qu’on s’a, de Jean-Pierre Ferland, à Le plus fort c’est mon père, de Lynda Lemay, d’Aimons-nous, d’Yvon Deschamps, à On va s’aimer encore, de Vincent Vallières, qui sont ainsi immortalisés. Seul Gilles Vigneault a l’honneur de compter deux de ses joyaux dans le lot, Gens du pays et Mon pays. Michel Robidas assume toute la direction artistique de l’exposition.

Les œuvres ont été numérotées, imprimées en 200 copies chacune, sur des parchemins de 11 par 17 pouces, non encadrés, et sont aujourd’hui en vente au coût de 200 dollars plus taxes, sur le site web d’Archambault. Une version dactylographiée du texte est automatiquement jointe à l’achat.

Tous les profits des ventes sont destinés à l’organisme de bienfaisance Autisme Sans Limites, dont le programme Studio Sans Limites permet l’intégration d’adultes autistes dans la société, en leur offrant des formations de bureautique, de comptabilité, de manufacture, et de toutes autres notions et compétences qui élargiront leurs connaissances, leur fourniront des outils utiles sur le marché du travail et affineront leurs talents. Ce sont d’ailleurs les bénéficiaires du Studio Sans Limites qui ont fabriqué les sérigraphies et les ont empaquetées.

Une autre forme d’intelligence

C’est parce que son fils, aujourd’hui âgé de près de 40 ans, est lui-même autiste et atteint du syndrome d’Asperger et bosse au Studio Sans Limites que Paul Dupont-Hébert a entrepris de mettre sur pied le projet Les Immortelles – Nos plus belles chansons. Ce faisant, il affirme faire d’une pierre deux coups, en apportant un brin de visibilité et de notoriété à un regroupement qui lui tient à cœur, et en proposant une deuxième vie à des mots qui ont bercé l’existence de tant de Québécois.

«C’est le respect de notre patrimoine culturel, a souligné l’homme. Ce sont toutes des chansons qui nous touchent. Une chance qu’on s’a, de Jean-Pierre Ferland, je souhaite à tous les amoureux de se l’offrir. Parce que ce sont de beaux moments, de beaux cadeaux. Un bouquet de fleurs, ça touche, mais c’est éphémère. Le texte d’une chanson, ça s’encadre et ça reste.»

Comme pour donner raison à Paul Dupont-Hébert, mardi, au vernissage de ces Immortelles, un homme s’est approché de Jean-Pierre Ferland pour faire autographier… son exemplaire autographié de la sérigraphie d’Une chance qu’on s’a. Preuve que la démarche trouvera sans doute une résonnance dans plusieurs cœurs.

Paul Dupont-Hébert parle peu de la maladie de son garçon, soutenant que «ça relève de la vie privée». L’homme d’affaires s’investit à trouver des solutions pour apaiser les maux des gens touchés de près ou de loin par l’autisme, mais refuse de lancer la pierre aux institutions gouvernementales, qui se font souvent accuser de ne pas être de support efficace.

«Je ne connais pas assez ce que les différentes fondations et organismes font, a-t-il admis. Sûrement que ce n’est jamais assez, mais vive l’initiative personnelle! Je ne peux pas critiquer. Par contre, je souhaite que les gouvernements achètent nos œuvres et les mettent dans les théâtres subventionnés. Je les verrais bien à la Place des Arts, au Grand Théâtre de Québec, dans toutes les belles salles de spectacles. Ça décore bien un lobby! Mais je ne peux pas juger. La tâche est grande pour un gouvernement, pour le Ministère de la Santé. Toutes les maladies sont importantes!»

«L’autisme est une maladie intelligente, a ajouté Paul Dupont-Hébert. Le Dr Laurent Mottron, un grand spécialiste, a écrit que l’autisme est une autre forme d’intelligence. Ce sont des gens passionnés et passionnants.»

Michel Rivard ému

En tant que premier créateur à avoir été interpellé pour contribuer au collectif Les Immortelles – Nos plus belles chansons, Michel Rivard était heureux d’être de la fête au dévoilement officiel, mardi. Gribouillant encore des notes dans ses précieux cahiers – dont il ne remplit souvent que les 10 premières pages, avant de retranscrire ses écrits à l’ordinateur -, Rivard se dit ému que sa Complainte du phoque en Alaska soit encore un hymne marquant aux yeux et aux oreilles du public.

«Moi, c’a été un cadeau, très tôt dans ma vie, que les Québécois adoptent cette chanson-là, s’est réjoui Michel Rivard. Ils en ont fait leur chanson. Maintenant, en spectacle, je la commence, je la termine, mais entre les deux, c’est le public qui chante. C’est une pièce significative pour beaucoup de gens, et pour moi aussi.»

On peut en savoir plus sur l’exposition Les Immortelles – Nos plus belles chansons en consultant les sites web de Québecor et Autisme Sans Limites.

Les chansons en vedette dans l’exposition Les Immortelles – Nos plus belles chansons

Je l’aime à mourir – Francis Cabrel

Aimons-nous – Yvon Deschamps

Tu m’aimes-tu – Richard Desjardins

Je ferai un jardin – Clémence Desrochers

Une chance qu’on s’a – Jean-Pierre Ferland

Neige – André Gagnon (partition)

Québécois – François Guy

Ils s’aiment – Daniel Lavoie

Le plus fort c’est mon père – Lynda Lemay

Quand les hommes vivront d’amour – Raymond Lévesque

Un amour qui ne veut pas mourir – Renée Martel

Ordinaire – Mouffe

J’entends frapper – Michel Pagliaro

Lindberg – Claude Péloquin

L’amour existe encore – Luc Plamondon

La complainte du phoque en Alaska – Michel Rivard

Je suis cool – Gilles Valiquette

On va s’aimer encore – Vincent Vallières

Gens du pays – Gilles Vigneault

Mon pays – Gilles Vigneault

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