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«Sicario»: Denis Villeneuve dans les cartels de la drogue (VIDÉO)

«Sicario»: Villeneuve dans les cartels de la drogue (VIDÉO)

Qui est vraiment Denis Villeneuve? Réalisateur plus timide que secret, à mille lieues d’un Xavier Dolan exubérant, l’homme de 47 ans parle de cinéma sans vous regarder dans les yeux. Cette distance, on la retrouve aussi dans ses films où vivotent souvent des personnages obscurs, prisonniers de destins tout aussi énigmatiques.

Sans doute est-il plus facile de saisir le cinéaste à travers ses films comme Enemy, Polytechnique ou Maelström. Son Sicario – en salle ce vendredi – ne fait pas exception. Là encore, le mystère frôle l’aventure humaine. Au cœur d’une guerre urbaine qui ne dit jamais son nom, cartels mexicains de la drogue et unités d’élite américaines de la Drug Enforcement Agency s’étripent à coup d’armes lourdes.

Dans cette fosse aux lions dominée par les mâles des deux bords trône une femme prénommée Kate Macer, une jeune recrue du FBI «droit dans ses bottes» dont la mission est de démanteler les organisations criminelles à la frontière américano-mexicaine. Emily Blunt campe le personnage avec une dextérité qui impressionne.

«Je voulais travailler avec Emily Blunt depuis longtemps, explique Denis Villeneuve en entrevue pour le Huffington Post Québec. Elle possède une force intérieure idéale pour interpréter ce genre de rôle qui conjugue à la fois aplomb et vulnérabilité. Elle est d’une grande précision. Je savais qu’elle avait tout ce qu’il faut.»

Face à Emily Blunt, les acteurs Josh Brolin et Benicio Del Toro. Ce dernier interprète un mystérieux tueur à gages qui crie vengeance. Notons que le titre du film renvoie au terme «sicaire», signifiant justement un tueur à gages. L’acteur retrouve ici le monde des narcotrafiquants depuis Traffic de Steven Soderbergh pour lequel il avait remporté l'Oscar du meilleur second rôle masculin en 2001.

«Benicio est un de mes comédiens préférés, lance le réalisateur. Il est sensible à la réalité mexicaine. Je n’ai pas eu à la convaincre. Il a embarqué tout de suite au projet. Dès notre rencontre, je savais que j’avais trouvé ma muse, que c’est lui qui allait inspirer le film. Un jour, Ridley Scott m’a donné un conseil. Il m’a dit qu’avant de choisir des vedettes, un réalisateur devait toujours chercher des acteurs qui sont des univers en soi.»

Carte blanche pour Denis Villeneuve

Très efficace, Sicario n’expose pas seulement une violence à la limite du supportable, mais s’infiltre à l’intérieur d’un conflit mené illégalement par une Amérique qui se soucie bien peu des victimes collatérales. Les bandes rivales s’entretuent afin de contrôler le trafic d’héroïne entre El Paso et Juárez. Impossible d’aller filmer des images dans cette zone de non-droit.

«On a reconstruit dans le désert un bout de l’autoroute qui relie les deux villes, raconte Villeneuve. On a mis beaucoup d’argent sur cette scène qui devait être aussi crédible que le véritable lieu.»

Doté d’un budget de 32 millions de dollars, le septième long métrage du réalisateur est en apparence un pur film d’action qui pose des questions sans forcément donner les réponses. «C’est beaucoup d’argent pour moi, mais pas pour ce type de film, tout aurait pu se faire avec le double du budget. En contrepartie, les producteurs m’ont donné carte blanche. Alors, je préfère avoir un peu moins d’argent et être plus libre artistiquement.»

Denis Villeneuve, déjà en tournage de Story of Your Life, sa prochaine production hollywoodienne qui met en vedette Amy Adams, Jeremy Renner et Forest Whitaker, a de grandes espérances pour Sicario.

«Avec Sicario, j’ai toujours eu la prétention de faire un film d’auteur d’action, ajoute-t-il. Je sais qu’il existe une condescendance envers le cinéma d’action. Les réalisateurs ont leur responsabilité puisque le genre a fini par devenir grotesque. Il existe pourtant de grands films d’action tel Les Sept Samouraïs d’Akira Kurosawa.»

Ce thriller de haute tenue a fait fureur auprès du public du TIFF à Toronto lors de sa présentation en première nord-américaine. Avant cela, il y a eu Cannes en mai dernier où le film s’est retrouvé en compétition officielle.

Reparti bredouille de la Croisette, Denis Villeneuve n’en demeure pas moins satisfait de l’expérience.

«Je ne m’attendais pas à me retrouver à Cannes, car Sicario est une œuvre grand public, dit-il. Le cinéma que je faisais par le passé était beaucoup plus radical. Séduit par ma proposition, Thierry Frémaux [délégué général du Festival de Cannes] trouvait au long métrage un équilibre entre film d’auteur et film grand public.»

Sicario – Drame policier – Les Films Séville – 121 minutes – Sortie en salles le 25 septembre 2015 – États-Unis.

«Sicario»: Denis Villeneuve dans les cartels de la drogue

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