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Élections Canada sensibilise ses employés aux tactiques de suppression de vote

Des tactiques de suppression de vote de plus en plus sophistiquées
A man casting his vote. The Canadian flag is in front of the ballot box
Sadeugra via Getty Images
A man casting his vote. The Canadian flag is in front of the ballot box

OTTAWA - Élections Canada a discrètement averti ses employés d'être à l'affût des tactiques de plus en plus sophistiquées destinées à décourager, ou même à empêcher, les électeurs de voter.

Il y a quelques mois, dans le cadre d'une présentation destinée à les sensibiliser en vue des élections fédérales du 19 octobre, les employés d'Élections Canada ont été avertis que les tactiques utilisées pour supprimer les votes de certaines catégories d'électeurs, qui sont de plus en plus populaires aux États-Unis, risquent de s'étendre à d'autres pays, dont le nôtre.

La révolution numérique a alimenté l'analyse intensive de données par des partis politiques américains en vue de cibler les gens qui appuient leurs rivaux, pour ensuite trouver des méthodes pour les empêcher de voter.

Le phénomène a incité Élections Canada à consulter les études universitaires et les articles publiés dans les médias à ce sujet, en plus de consulter des experts et des avocats sur les malversations électorales.

"Il est important pour nous d'identifier les risques potentiels et dans le but d'être prêt à détecter et à gérer les incidents qui peuvent survenir, incluant ceux qui pourraient compromettre l'intégrité de l'élection", a affirmé le porte-parole de l'agence, John Enright.

La Presse Canadienne a obtenu une copie de la présentation intitulée "Un introduction au tendances émergentes et aux menaces aux opérations électorales", datée de mai 2014, en vertu de la Loi d'accès à l'information.

Le document a été préparé quelques mois avant que l'ancien organisateur du Parti conservateur Michael Sona ne soit reconnu coupable de fraude électorale en lien avec des appels automatisés trompeurs effectués dans la circonscription de Guelph, en Ontario, durant la campagne électorale de 2011.

Selon la présentation, la recherche a démonté que les rudes campagnes politiques américaines sont un terreau fertile pour de tels comportements. Dix-sept cas survenus dans 15 États ont été recensés entre 2004 et 2012.

"Nous n'avons pas besoin de regarder plus loin qu'aux États-Unis pour trouver un vaste aperçu des tactiques utilisées de nos jours pour supprimer les votes ainsi que des techniques de surveillances", précisent les notes de la présentation.

Élections Canada y cite les quatre étapes d'un plan de suppression de vote efficace, soit: identifier les non-partisans; récolter des informations sur ceux-ci; les décourager de se rendre aux bureaux de votes à travers des tactiques de peur, de désinformation ou de contestation systématique de leurs inscriptions; si les électeurs non-partisans se rendent tout de même aux urnes, les empêcher de voter en contestant leur éligibilité ou leur identification ou par de l'intimidation.

La présentation explique également que les partis politiques utilise les listes d'électeurs, des cartes numériques et des informations provenant des sources publiques et commerciales en vue de bâtir des profils personnels - chacun contenant jusqu'à 250 éléments de données allant des informations démographiques de base jusqu'aux goûts musicaux et culinaires.

"Ces bases de données permettent au personnel de campagne d'envoyer des messages très ciblés à des audiences spécifiques", précisent les notes.

Un système parlementaire multipartite comme le Canada peut être particulièrement affecté par ce ciblage très précis, qui tend à "consolider le pouvoir au sein des partis politiques les plus gros et les mieux financés" aux dépends des plus petits partis, ajoute la présentation d'Élection Canada.

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