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Migration de prostituées québécoises vers l'Ouest

Migration de prostituées québécoises vers l'Ouest

Un plus grand nombre de prostituées québécoises travaillent dans les provinces de l'Ouest depuis 2013, selon le Service de police de Saskatoon. Une prostituée québécoise installée à Saskatoon depuis l'an dernier a décidé de lever le voile sur ce phénomène et a confié à ICI Radio-Canada les raisons de sa migration en Saskatchewan.

La jeune femme qui a témoigné sous couvert d'anonymat par crainte de représailles sera identifiée comme étant Cindy.

Un meilleur salaire et une meilleure clientèle

Cindy affirme qu'elle a quitté Montréal pour s'installer à Saskatoon dans le but d'avoir un meilleur revenu et de faire affaire avec une clientèle plus respectueuse.

« Dans le fond, à Montréal, c'est rendu mort parce que les filles ont mis des prix trop bas et les clients veulent tout pour des petits prix, tandis qu'ici c'est bon. Ils donnent beaucoup d'argent et ils ne veulent rien de trop dégueulasse. »

— Cindy (prénom fictif de la prostituée québécoise)

Cindy gagne deux à trois fois plus d'argent par semaine que ce qu'elle gagnait à Montréal. Les travailleuses du sexe originaires du Québec font en général des tournées en ne restant que quelques semaines dans différentes villes aux mains de proxénètes, ce qui n'est pas le cas de Cindy.

Exploitation des proxénètes

Installée à Saskatoon, Cindy soutient que la plupart des travailleuses du sexe québécoises qui travaillent dans l'Ouest canadien se font exploiter par des proxénètes venus du Québec. « Elles [les prostituées] ont tout le temps un gars qui prend une portion de leur argent. Il y en a qui prennent tout, il y en a qui prennent 40 %, il y en a qui prennent 50 %, ça dépend si la fille est manipulable », explique-t-elle.

« Il y a beaucoup de filles qui se font manipuler, qui tombent en amour, et les gars qui font ça [les proxénètes] savent comment manipuler les filles pour avoir leur argent. »

— Cindy, prostituée québécoise qui vit à Saskatoon

Cindy continue d'afficher ses services malgré l'entrée en vigueur de la loi C-36 qui interdit entre autres l'achat et la publicité de services sexuels et le proxénétisme.

Loi C-36 : un succès mitigé

La loi C-36, qui encadre la prostitution au Canada, a des effets positifs sur la sécurité des prostituées, selon Cindy.

« Dans un sens, ce n'est peut-être pas bon parce que les clients ont peur, mais en même temps ça fait que les clients ne peuvent pas nous faire des mauvais coups. »

— Cindy, prostituée

La loi interdit entre autres l'achat et la publicité de services sexuels de même que le proxénétisme, tout en permettant aux travailleuses du sexe de vivre de la prostitution, pourvu qu'elles ne travaillent pas à proximité de lieux où se trouvent des mineurs, tels que les parcs ou les garderies. La peine maximale en cas d'infraction est de cinq ans d'emprisonnement.

Le sergent Brent Kuemper de l'escouade de la moralité de la police de Saskatoon indique qu'il est difficile d'appliquer la loi C-36 parce que les proxénètes empêchent les prostituées de s'adresser à la police. Il confirme par ailleurs qu'un nombre important de prostituées font toujours le trajet entre Québec et Saskatoon.

Avec les informations du journaliste Guillaume Dumont. Ne manquez pas son reportage jeudi soir au Téléjournal Saskatchewan.

Prostitutes And Gamblers Of 1940s Montreal

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