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Porno: 17 femmes parlent de son influence sur leur sexualité

17 femmes parlent de l'influence du porno sur leur sexualité
Laptop computer with a red ethernet cable forming 'XXX', coming out of the back on a plain background
Atomic Imagery via Getty Images
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La pornographie est souvent un sujet complexe pour les femmes. En fonction de la personne à qui vous vous adressez, il peut être perçu comme une source d’affirmation sexuelle - dans un sens positif - ou comme de la misogynie malsaine. Selon certaines, le succès croissant de scènes plus violentes accentue le caractère néfaste pour les femmes du porno, tandis que d’autres mettent en avant le porno féministe, ou celui qui encourage à prendre la sexualité à bras le corps, pour montrer qu’il peut contribuer à améliorer les choses.

Quelle que soit la manière dont on l’aborde, la porno a des conséquences dans la vie réelle, par la façon dont il met le sexe en scène. C’est notamment le cas auprès des jeunes spectateurs, plus facilement impressionnables, et dont la vie sexuelle commence à peine. L’âge moyen de la première exposition au porno se situe autour de 14 ans, une période où les jeunes, selon les chercheurs, développent "une curiosité pour le sexe, en phase avec leur âge".

Les femmes sont souvent représentées dans les films pornos en instruments du plaisir sexuel masculin, et des études récentes font le lien entre leur visionnage et certains problèmes de couple, la dépression et la chosification des partenaires sexuels. D’après Gail Dines, auteur et chercheuse qui a analysé des milliers de films pornos, certains des actes sexuels les plus populaires ces dernières années, comme la double pénétration et le bâillonnement, sont encore plus extrêmes que ceux qui étaient représentés auparavant.

La perception des actes sexuels diffusés sur écran ou en ligne n’est bien entendu pas la même selon les spectateurs. Les contenus pornographiques proposés sont très divers, et chaque femme s’en fait sa propre expérience.

L’accès à ces contenus explicites étant toujours plus facile, un nombre croissant de femmes cherche à en visionner. Pour nous faire une idée de la manière dont le porno a pu influencer leur perception du sexe, nous avons (sans prétention scientifique) sondé nos lectrices en leur demandant de nous raconter leur première exposition à un contenu classé X. Leurs expériences vont du feuilletage d’un magazine érotique appartenant à un proche plus âgé à une projection du célèbre Gorge profonde des années 1970, en passant par l’accès inopiné à des images explicites sur Internet.

Voici ce que dissent 17 femmes sur l’impact qu’a eu sur elles leur premier contact avec le porno:

1. "Je pense qu’y avoir été exposée aussi tôt pendant ma croissance m’a donné une image moins sérieuse du sexe"

J’avais dans les 12 ou 13 ans quand je suis tombée sur les magazines et les cassettes VHS pornos de mon grand frère. Ca m’a beaucoup influencée. Ca a piqué ma curiosité, et je n’ai pas pu détourner les yeux. Je pense qu’y avoir été exposée aussi tôt pendant ma croissance m’a donné une image moins sérieuse du sexe. Le sexe n’est pas toujours en lien avec l’amour. L’attraction sexuelle pure existe aussi.

2. "J’en ai conçu l’idée que je devais tout aimer dans le sexe et que les femmes sont subordonnées aux attentes et désirs des hommes"

J’avais 14 ans, j’étais curieuse et j’avais peur de rester sur la touche ou d’être montrée du doigt parce que je ne connaissais pas la signification d’un terme sexuel. Ça m’a amenée à me poser des questions sur mon corps et sur la manière dont je devais me comporter pendant un rapport sexuel. J’en ai conçu l’idée que je devais tout aimer dans le sexe et que les femmes sont subordonnées aux attentes et désirs des hommes.

3. "Avec mes amies, nous avons enfin compris ce qu’était une fellation"

Je devais avoir 14 ans. Mes amies et moi avons enfin compris ce qu’était une fellation. Le terme nous faisait un peu flipper, et nous avions décidé de mener l’enquête pour voir comment on faisait ça. Nous avons fait une rapide recherche sur Internet et sommes tombées sur des vidéos de mauvaise qualité, que nous avons visionnées. Affirmer que nous étions dégoûtées serait un euphémisme. Pour dire vrai, je n’ai pas l’impression que dans mon cas le porno ait eu une influence négative sur ma vie sexuelle. Je me rends bien compte que beaucoup de scènes pornographiques ne sont pas réalistes, elles sont arrangées ou enjolivées. J’ai bientôt 30 ans, et je visionne encore du porno de temps en temps. J’en regarde comme je regarde tout autre type de contenu, ça va de scènes légèrement exagérées à des fictions ou des fantasmes en bonne et due forme.

4. "La porno m’a aidé à avoir mon tout premier orgasme"

J’avais 18 ans et c’était devant la télé, à l’université. J’ai regardé ça un soir où ma coloc n’était pas là. Le porno m’a aidée à avoir mon tout premier orgasme. Jusqu’alors, je n’étais pas certaine de pouvoir y arriver. C’est comme ça que j’ai réalisé que j’avais besoin d’une excitation visuelle. Le porno continue à avoir une influence sur moi dans la mesure où je fais encore appel à mon imagination pour faire remonter des images, lorsque je veux atteindre l’orgasme.

5. "Après, je me suis sentie vraiment perdue – je n’arrivais pas à savoir ce que je devrais faire lorsque j’entamerais une vie sexuelle active"

J’avais 10 ans et je suis tombée par hasard, avec une amie, sur la collection de DVD pornos de mon beau-père. Nous étions curieuses de savoir ce que nous pourrions y trouver, et de ce à quoi le sexe pouvait ressembler. Après, je me suis sentie vraiment perdue – je n’arrivais pas à savoir ce que je devrais faire lorsque j’entamerais une vie sexuelle active.

6. "Ca m’a fait penser que les femmes devaient quasiment assurer une performance, et qu’elles devaient avoir une apparence parfaite"

Je devais avoir 16 ou 17 ans. J’étais curieuse, parce que mon copain en regardait, comme presque tous les garçons. Ça m’a fait penser que les femmes devaient quasiment assurer une performance, et qu’elles devaient avoir une apparence parfaite. Et aussi que l’orgasme masculin est la chose la plus importante.

7. "Ça n’a fait que m’embrouiller et m’inquiéter, parce que ça avait l’air assez effrayant et anormal"

J’avais 17 ans, je faisais partie d’un groupe d’amis, garçons et filles, et nous étions chez quelqu’un dont les parents étaient sortis. C’était bizarre et gênant de regarder ça avec tout le monde, mais j’ai continué jusqu’à la fin, je ressentais la pression du groupe. Je ne voulais pas être la fille prude dans mon cercle d’amis ! Ça n’a fait que m’embrouiller et m’inquiéter, parce que ça avait l’air assez effrayant et anormal. Je n’ai pas eu le courage d’en regarder à nouveau jusqu’à ce que je devienne suffisamment intime avec mon copain, trois ans plus tard, et que je comprenne mieux le sexe. Depuis, j’aime bien ça et ça m’excite quand j’en regarde de temps en temps.

8. "J’ai commencé très tôt à avoir des pensées sexuelles, et ça m’a incitée à penser que ça n’était pas un problème"

Je devais avoir 13 ans. J’ai trouvé une cassette VHS qui appartenait à mon père. J’ai commencé très tôt à avoir des pensées sexuelles – vers 5 ou 6 ans – et ça m’a incitée à penser que ça n’était pas un problème. Des gens faisaient ça et avaient l’air de s’amuser, donc moi aussi je pouvais le faire.

9. "Je me souviens avoir vu un GIF animé de pénétration sur AOL quand j’avais 12 ans"

Je me souviens avoir vu un GIF animé de pénétration sur AOL quand j’avais 12 ans. La première fois où j’ai vraiment regardé du porno, j’avais 18 ans et je voulais savoir comment était le sexe dans la réalité. Je voulais savoir ce qu’aimaient les hommes, à quoi ressemblait la rencontre sexuelle idéale et si mes seins étaient normaux. Ca n’a pas vraiment eu d’influence sur ma vision du sexe, ça a juste souligné sur l’importance de ne pas avoir de réflexe nauséeux.

10. "Je me suis sentie mieux dans ma peau et plus à l’aise au lit avec mon copain"

J’avais 20 ans et mon copain a proposé qu’on en regarde ensemble. J’ai trouvé ça plutôt bizarre, mais il pensait que ça nous mettrait tous les deux dans l’ambiance – et ce fut effectivement le cas. Quelques minutes plus tard, nous étions emportés dans notre propre passion, et nous avons donc laissé le film se poursuivre en fond. Je me suis sentie mieux dans ma peau et plus à l’aise au lit avec mon copain. Je n’étais alors pas très sûre de moi, sur le plan sexuel, mais ça m’a montré que le sexe n’est pas toujours beau et romantique comme on le voit dans les films. Depuis lors, j’aime tout dans le sexe, et en toute franchise ça ne s’est jamais mal passé avec mon copain actuel. Et quand il n’est pas là, je me masturbe.

11. "Ca a suscité chez moi un intérêt pour le sexe, mais aussi une certaine inquiétude de ne pas arriver à reproduire certaines positions ou faire jouir mon partenaire"

Je devais avoir 14 ans et j’étais vierge. Ma meilleure amie regardait des films pornos et en parlait souvent. J’ai vu des pénis aux formes et aux tailles étranges. Ca a suscité chez moi un intérêt pour le sexe, mais aussi une certaine inquiétude de ne pas arriver à reproduire certaines positions ou faire jouir mon partenaire.

12. "J’ai ressenti à la fois du dégoût, de la gêne, et j’ai été comme éteinte"

C’était dans une soirée, quand j’étais en cinquième. J’ai ressenti à la fois du dégoût, de la gêne, et j’ai été comme éteinte. Je me souviens que ça captivait les garçons présents à la soirée, et qu’ils sont restés scotchés devant ces images. Maintenant que j’ai grandi, j’apprécie plus les films érotiques pour femmes. Et il m’arrive même d’y prendre part!

13. "Mon premier film porno a été 'Gorge profonde' – grosse différence entre la pornographie d’alors et celui d’aujourd’hui"

J’avais 17 ans. Un cinéma "pour adultes" avait ouvert dans la ville très guindée que nous habitions, et c’était un ami à nous (mon copain et moi) qui faisait le projectionniste. Il était lui aussi au lycée, et il nous laissait entrer gratuitement. Je ne peux même pas vous dire combien de parents nous avons vus dans le public ! Ca a ouvert mon esprit à certaines choses, mais ça ne m’a pas donné une mauvaise image du sexe. C’était la fin des années 1970, le porno était très différent de maintenant. Aujourd’hui, c’est répugnant, bas de gamme, tordu. Je ne sais pas ce que ça donnerait si je commençais à en regarder seulement aujourd’hui. Mon premier porno a été 'Gorge profonde' – grosse différence entre le porno d’alors et celui d’aujourd’hui.

14. "Ca m’a fait la même impression qu’à la plupart des gens qui en regardent pour la première fois – pas réaliste et mettant souvent en scène un mâle très dominant et une femme soumise"

J’avais 13 ans et j’étais curieuse. J’imagine que ça m’a fait la même impression qu’à la plupart des gens qui en regardent pour la première fois – pas réaliste et mettant souvent en scène un mâle très dominant et une femme soumise. Même si je suppose que l’influence du porno sur les pratiques sexuelles actuelles rend ces scènes plus réalistes, voire très courantes.

15. "Je voulais connaître la même excitation que pouvaient ressentir ces gens"

J’avais 4 ou 5 ans et je furetais dans la commode de mon père. Je suis tombée sur un magazine avec des photos et des bandes-dessinées pour adultes. J’étais curieuse de savoir ce que mes parents cachaient, et j’étais aussi curieuse de mon corps et des sensations que j’éprouvais en voyant ces images. Je voulais ressentir la même excitation que ces gens. J’ai commencé à la connaître quelques années plus tard, avec mes amies, lorsque nous étions torses nus. A 10 ans, j’ai découvert d’autres magazines, cette fois-ci dans la commode de ma mère. Leur contenu était plus explicite: pénétration, sexe oral, éjaculations, etc… J’ai perdu ma virginité à 14 ans, mais je n’ai compris comment me masturber ou atteindre l’orgasme qu’à 19 ans.

16. "La vidéo m’a laissée penser qu’on attendait de moi que je fasse ce que mon copain voulait, peu importe que ça me plaise ou non"

J’avais 17 ans lorsque j’ai regardé du porno pour la première fois. J’étais alors en couple depuis un bon moment, et lui comme moi avions besoin de quelque chose pour assurer une connexion sexuelle. Nous avons choisi une vidéo, et l’avons visionnée en même temps. La vidéo m’a laissé penser qu’on attendait de moi que je fasse ce que mon copain voulait, peu importe que ça me plaise ou non.

17. " Ça n’avait rien à voir avec tout ce que j’avais pu connaître dans ma vie sexuelle"

C’était à la fin des années 1970. Je suis allée dans un cinéma pour adultes avec mon fiancé, j’avais 19 ou 20 ans. Je n’avais jamais vu ce genre de films auparavant, je n’avais donc aucun problème à entrer dans la salle, car j’éprouvais de la curiosité. Je n’ai ressenti aucune gêne, mais c’était vraiment vulgaire – un gars louche juste à côté en train de se branler, la salle était crade, et une séance vaguement intéressante parce que je n’avais jamais vu de film porno. N’allez pas imaginer que ça ait pu influencer en quoi que ce soit ma perception du sexe, cette expérience fut avant tout étrange et irréelle, et surtout bizarre. Ca n’avait rien à voir avec tout ce que j’avais pu connaître dans ma vie sexuelle. Ça relevait plutôt du rêve étrange, tordu.

Vous voulez savoir comment les hommes ont perçu leur premier contact avec le porno? Nous leur avons aussi posé la question.

Cet article, publié à l’origine sur le Huffington Post américain, a été traduit de l’anglais par Mathieu Bouquet.

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