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Tout n'est pas gagné pour le chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, dans le comté de Papineau (ANALYSE/VIDÉO)

Tout n'est pas gagné pour Trudeau dans Papineau (ANALYSE/VIDÉO)

Peu visible dans son comté de Papineau depuis le début de la campagne, Justin Trudeau tient trop ses électeurs pour acquis. C’est du moins ce qu’avancent ses adversaires –surtout néodémocrates-, convaincus qu’ils peuvent détrôner le chef libéral qui a mené jusqu’à présent deux luttes serrées pour garder sa circonscription montréalaise. État des lieux.

L’ex-journaliste de CBC/Radio-Canada Anne Lagacé Dowson, rentre d’un pas déterminé dans le petit salon de coiffure de la rue Villeray. «Si vous voulez du changement, il faut voter pour le Nouveau parti démocratique (NPD)!», dit-elle en serrant la main du propriétaire d’origine colombienne. Quelques minutes plus tard, il lui propose de mettre son affiche électorale dans la vitrine du commerce.

«On le sent sur le terrain, le NPD est pris au sérieux, et c’est lié à la perte de vitesse du Parti libéral du Canada (PLC). Ils essayent de se ‘‘rebrander’’, mais derrière ce vernis, c’est le même parti […] On peut battre Justin Trudeau», affirme celle qui tentera pour la deuxième fois de remporter un siège pour le NPD, après s’être inclinée en 2008 devant le libéral Marc Garneau dans Westmount-Ville-Marie.

Mme Lagacé Dowson rappelle qu’en 2011, le candidat du NPD est arrivé deuxième dans Papineau, à «seulement 4000 voix» de Trudeau. En allant chercher des «bloquistes désenchantés» et des immigrants de deuxième génération qui ne votent pas automatiquement libéral, la victoire du NPD est possible, répète-t-elle.

Résultats dans Papineau en 2011

PLC Justin Trudeau : 38,4 % (16 429)

NPD Marcos Radhames Tejada : 28 % (12 102)

BQ Vivian Barbot : 25,9 % (11 091)

PCC Shama Chopra : 4,7 % (2021)

Depuis quelques mois à peine, les stratèges néodémocrates ont monté le comté de Papineau dans leur liste de priorités. Les sondages les ont convaincus de multiplier les efforts, mais aussi les changements démographiques du quartier, qui accueille de plus en plus de jeunes familles francophones. D’ailleurs, cette semaine, le candidat vedette du NPD dans Rosemont, Alexandre Boulerice, a effectué une levée de fonds pour aider Anne Lagacé Dowson à remplir ses coffres.

Pas de consensus chez les experts

Les chroniqueurs politiques Chantal Hébert et Jean Lapierre ont déclaré que la victoire n'est pas assurée pour Justin Trudeau. Rappelant que le Bloc québécois a récolté 26 % des voix en 2011, Mme Hébert a récemment écrit dans le quotidien Toronto Star que si les électeurs bloquistes se tournent vers le NPD, «le chef libéral pourrait être dans l’eau chaude».

Analyste politique de longue date et expert du NPD, André Lamoureux a une tout autre lecture. «Justin Trudeau est assuré de gagner», tranche le chargé de cours à l’UQAM. M. Lamoureux déclare qu’Anne Lagacé Dowson n’est pas une candidate suffisamment «prestigieuse», qu’elle n’est pas «de taille».

«Personnellement, je ne la trouve pas très convaincante. Elle n’est pas [une rivale] redoutable pour Justin Trudeau.» -André Lamoureux, politologue et chargé de cours à l'UQAM

Le politologue poursuit en disant que M. Trudeau a travaillé fort depuis les dernières années pour rétablir des ponts avec les communautés culturelles qui ont penché en faveur du NPD en 2011, faisant perdre au PLC des châteaux forts comme LaSalle-Émard et Laval Ouest.

La circonscription de Papineau est parmi les plus multiculturelles de l’île de Montréal, avec 45 % des résidents dont la langue maternelle n’est ni le français ni l’anglais. Pour reconquérir et préserver ces bases d’électeurs, Justin Trudeau «joue la carte de l’ouverture», dit Lamoureux, en tolérant, par exemple, le vote avec le voile intégral. «C’est du clientélisme auprès des intégristes musulmans», dit-il.

Pour un vrai représentant dans Papineau

Le candidat du Bloc québécois Maxime Claveau pense pour sa part qu’il est « épouvantable » que Justin Trudeau soit « totalement absent » du terrain. «Il ne fait pas du tout campagne dans sa circonscription. En tant que chef de parti, c’est normal, mais Papineau a vraiment besoin d’un représentant qui est près [des gens]», explique celui qui fait campagne depuis juin 2014.

Il dit vouloir s’impliquer pour l’indépendance du Québec. Mais pour cela, il doit « se battre contre l’argent » que le Parti libéral du Canada investit auprès des communautés culturelles.

« À ce moment-ci de la campagne, on ne peut pas consacrer de gagnant, estime M. Claveau. Ça va être difficile pour tout le monde, il n’y aura pas de bataille facile. »

Les conservateurs croient pouvoir gagner du terrain

L’ancien journaliste Yvon Vadnais, qui se présente pour les conservateurs pour la première fois, croit qu’avec la baisse des intentions de vote du Bloc québécois, les nationalistes pourraient se tourner vers un autre parti, en l’occurrence celui de Stephen Harper.

À son avis, les immigrants de la circonscription sont rassurés par l’attitude tranchée de son chef en pleine crise des réfugiés. « Les gens ont peur du terrorisme », laisse-t-il tomber avant d’ajouter que le gouvernement se doit d’être aux aguets et de bien filtrer les habitants qui viennent s’établir au Canada.

« Après ce qui s’est passé en France, en Tunisie… ça peut se passer n’importe où, dit-il. Même au Canada, on a eu des cas de supposés "loups solitaires". »

M. Vadnais précise qu’il n’a jamais adhéré à quelque parti que ce soit – objectivité journalistique oblige - mais il dit toujours avoir été un « vieux bleu » de l’ère Duplessis. Il mène une course de « bonne guerre » contre ses adversaires, dont Anne Lagacé Dowson du NPD, qui bénéficie des ressources du député sortant Alexandre Boulerice.

« Ce n’est pas la première fois qu’Anne se présente aux élections, et puis elle n’en a pas encore gagné une, commente-t-il. Mais c’est une dame qui a du bon bagage, je rien à dire contre elle. »

Nouvelle tentative pour les Verts

Danny Polifroni, lui, n’en est pas à ses premières armes en politique. Il a déjà tenté sa chance dans Papineau en 2011 et à l’élection partielle dans Bourassa en 2013.

Moins présent dans les médias que ses collègues JiCi Lauzon ou Daniel Green, il reste néanmoins un militant du Parti vert du Canada depuis plusieurs années et siège sur le conseil fédéral du parti.

Un fanfaron de retour

Chris Lloyd se présentera comme candidat indépendant après avoir voulu « semer la pagaille dans les rangs de Stephen Harper ».

Il avait été investi sous la bannière conservatrice en février dernier, mais a démissionné en mai après que CBC ait révélé que sa candidature faisait partie d’un « projet artistique ».

Il a déjà commencé à afficher ses pancartes style « BD » dans Papineau. Son but? Obtenir un meilleur score que les conservateurs dans la circonscription. « J’espère battre Justin aussi! » fait-il savoir, moqueur.

Stephen Harper, chef du Parti conservateur du Canada

Les chefs en campagne, élections fédérales 2015

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