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Des souverainistes évoquent une possible fin du Bloc québécois après les élections

La fin du Bloc est possible, selon des souverainistes

Le Bloc québécois est en crise et pourrait carrément disparaître du paysage politique à l'issue des élections du 19 octobre. C'est l'analyse que font non seulement plusieurs observateurs de la scène politique, mais aussi des souverainistes et des militants de longue date, dont l'ancien ministre sous le gouvernement péquiste de Pauline Marois Yves-François Blanchet.

Un texte de Julie Dufresne

« Est-ce que ça se peut que le Bloc soit disparu à la fin du mois d'octobre 2015? Clairement, oui », dit l'ex-ministre du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs, défait lors des élections provinciales de 2014. Il dit avoir été courtisé par le Bloc québécois pour défendre ses couleurs, mais il a refusé.

Son analyse - et il le sait - est dure envers les troupes souverainistes.

« Disons-nous quelques affaires pas gentilles : il y aurait une élection au Québec demain matin, le résultat avec Pierre Karl Péladeau à la tête du Parti québécois serait le même qu'avec Pauline Marois en 2014. Le PQ n'a même pas fini de rallier le vote péquiste... Alors, on ne peut pas dire - ils vont le dire dans les discours et ils vont applaudir fort, pis c'est correct - mais on ne peut pas prétendre qu'il y a un nouvel élan et un renouveau du mouvement souverainiste. C'est plate là, mais je ne sens pas ça à l'heure où on se parle. Alors, sans cet élan-là, c'est dur pour le Bloc de faire le plein. »

À micro fermé, des ténors du mouvement souverainiste sont allés encore plus loin :

« Un nouveau cycle? Franchement! On peut déjà prédire le pire résultat. [...] Après Meech, après le scandale des commandites, il n'y a plus de discours possible », a affirmé une source qui ne veut pas être identifiée.

« Quand même la CSN et la FTQ te disent non, ça va mal à la shop! Ça a été une belle aventure. C'est très triste, mais ça va se régler à Québec », lance une autre source qui préfère garder l'anonymat.

Dur sur le terrain

Ces commentaires font écho à ceux, nombreux, entendus sur le terrain depuis le début de la campagne, dans plusieurs circonscriptions québécoises. Même au Lac-Saint-Jean, là où le Bloc a pris racines, le parti de Gilles Duceppe ne semble pas avoir le vent dans les voiles.

L'ex-député péquiste Denis Trottier a également été approché par le Bloc pour y être candidat. Lui aussi a refusé :

« - Oui, on m'a demandé pour être candidat.

- Et pourquoi n'avez-vous pas accepté l'invitation?

- Parce qu'il faut sentir du dedans que c'est ça qu'il fallait faire. Et je ne le sentais pas », a-t-il expliqué.

Alors que les alliés naturels se montrent peu rassurants, difficile de faire campagne, même dans le berceau du seul parti souverainiste sur la scène fédérale, concède le candidat bloquiste dans Lac-Saint-Jean :

« Pourquoi il n'y a pas d'élan de coeur?... Il faut la raviver cette fois-là, pour que les gens reprennent cette ferveur qui peut-être a été mise de côté... », dit Sabin Gaudreault, qui a tout de même bénéficié d'une visite du chef du Parti québécois la semaine dernière, et qui maintient pouvoir remporter l'élection.

Il peut aussi compter sur l'appui sans réserve de l'ancien député du Bloc Sébastien Gagnon. De 2004 à 2008, c'est lui qui a marché dans les traces de Lucien Bouchard et défendu les couleurs du parti.

« C'est sûr que j'ai eu une grande déception lors de la dernière élection, quand le Bloc québécois a perdu beaucoup de députés. Comme possiblement bien des députés ou ex-députés, je me suis questionné sur : est-ce que le Bloc doit rester à Ottawa ou doit-il quitter et on devrait investir nos énergies à Québec, au PQ? Mais force est d'admettre que quatre ans plus tard, je suis insatisfait de ce qui se passe sur la scène fédérale. »

Le NPD, là pour longtemps?

D'autres, toutefois, ont adopté les néo-démocrates après la vague orange.

À Alma, bastion souverainiste, il faut d'ailleurs regarder dans la cour du NPD pour retrouver plusieurs de ceux qui ont longtemps milité pour le Bloc québécois.

« Il y a des gens qui m'ont dit : j'aime Gilles Duceppe, mais je ne voterai pas Bloc maintenant, je vais voter NPD. C'est ça! » dit la candidate néo-démocrate Gisèle Dallaire, qui compte dans ses rangs plusieurs souverainistes.

Le verdict de la chroniqueuse et enseignante Myriam Ségal, qui parle de politique sur les ondes de la radio locale, est sans appel :

« Gilles Duceppe, pour les gens de la région, c'est un gars de Montréal... Il n'y a pas de sentiment d'appartenance, contrairement à Lucien Bouchard qui avait des racines ici, et qui a été député de Jonquière longtemps après. Il n'y a pas ce sentiment de : c'est un des nôtres, il faut l'encourager - sentiment fréquent dans les régions et particulièrement au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Mais tu n'as pas ça avec Duceppe, et tu n'as plus ça avec le Bloc. Le Bloc ne nous a pas manqué au cours des quatre dernières années. C'est aussi simple que ça! »

Ce qui se passe au Lac-Saint-Jean est surtout le signe d'une crise plus profonde, croit le politologue de l'Université du Québec à Chicoutimi Michel Roche.

« C'est très certainement révélateur des difficultés qu'éprouve le parti. Au-delà du parti, je dirais surtout de l'idée qu'on se fait d'un vote utile. C'est un peu ça, le problème des souverainistes qui ont des sympathies pour le Bloc : plusieurs d'entre eux veulent rejeter avec beaucoup d'ardeur le gouvernement Harper. »

Quoi qu'il en soit, pour l'ex-député Sébastien Gagnon, le Bloc, c'est une histoire d'amour qui doit aller jusqu'au bout.

« Rester fidèle, en ce qui me concerne, c'est la voie à prendre. Continuer à travailler, convaincre les gens qui m'entourent, ne pas lâcher », conclut-il, sans vouloir prédire les résultats du 19 octobre.

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