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Migrants ou réfugiés? Le choix des mots

Migrants ou réfugiés? Le choix des mots

Devrait-on parler d'un afflux de migrants ou de réfugiés en Europe? La question divise les médias et suscite des réponses partagées sur les réseaux sociaux. Retour sur un débat sémantique.

Les termes « migrants » et « réfugiés » ont des significations différentes. Ils ne sont pas interchangeables.

Le statut de réfugié a une portée légale. Il s'agit d'une personne contrainte de quitter son pays en raison de la guerre ou de la persécution. Puisque sa vie est potentiellement en danger, les autres pays ont l'obligation de l'accueillir, selon la Convention de Genève de 1951.

Cette obligation de protéger les réfugiés n'existe pas pour les migrants.

Le migrant est une personne qui choisit de quitter son pays pour des raisons économiques ou politiques. Elle doit respecter les conditions des lois migratoires du pays où elle veut s'installer. De plus, un migrant pourrait rentrer dans son pays d'origine et recevoir la protection de son gouvernement, contrairement à un réfugié.

Autre distinction importante : un réfugié ne peut pas être renvoyé dans son pays d'origine. Un migrant peut l'être.

Ces milliers de personnes qui quittent le Moyen-Orient et l'Afrique dans l'espoir de trouver refuge en Europe sont dans certains cas des migrants, et dans d'autres cas des réfugiés, selon l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR).

« La majorité des personnes arrivant cette année en Italie et en Grèce plus particulièrement, proviennent de pays plongés dans la guerre ou que l'on considère comme des pays produisant des réfugiés, qui ont besoin de la protection internationale, mentionne l'UNHCR dans un communiqué. Toutefois, une plus petite proportion provient d'autres pays, et pour nombre d'entre eux, le terme migrant serait plus exact. »

Le risque est que certains réfugiés perdent leurs droits s'ils sont seulement considérés comme des migrants, selon le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés, William Spindler. Dans ce contexte, le choix des mots des politiciens peut aussi être déterminant.

Le vocabulaire des médias

Le mois dernier, le média qatari Al-Jazira a indiqué qu'il emploiera seulement le terme réfugié pour parler de l'afflux de personnes en Europe. « Le mot migrant est devenu un terme générique largement inexact pour cette histoire complexe », écrivait le rédacteur en chef Barry Malone, ajoutant que « migrant » est « un mot qui ôte la voix aux personnes qui souffrent. »

La plupart des grands médias, dont la BBC, Radio-Canada et le New York Times, continuent toutefois d'utiliser « migrants » dans ce contexte, puisqu'il s'agit d'un terme plus général.

« Le terme, quoiqu'imparfait, s'applique à toute personne qui est en mouvement vers un autre pays où elle espère trouver refuge, précise Michel Cormier, directeur général de l'information dans une note aux employés. Tant qu'ils sont en transit vers une destination finale, ils sont donc des migrants. » M. Cormier précise que lorsque ceux-ci sont « pris en charge par des gouvernements, ils deviennent des réfugiés ».

Et le demandeur d'asile?

Avant de devenir un réfugié en vertu du droit international, un migrant qui a fui son pays dans l'espoir d'obtenir une protection devient un demandeur d'asile. Les autorités du pays d'accueil doivent lui accorder le statut de réfugié s'il respecte les conditions nécessaires. Si ce n'est pas le cas, elles peuvent le renvoyer s'il est déjà arrivé dans ce pays.

Le Canada comptait 149 163 réfugiés et 16 711 demandeurs d'asile en décembre dernier, selon l'Agence des Nations unies pour les réfugiés.

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