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Découvrez comment la ville de Copenhague, au Danemark, est devenue le paradis du vélo

Comment Copenhague est devenue le paradis du vélo
Radio-Canada.ca

La capitale du Danemark est depuis cette année la meilleure ville cyclable du monde devant Amsterdam, selon le palmarès de Copenhagenize Design, une entreprise qui offre des conseils aux villes qui désirent développer leurs infrastructures cyclistes. Il faut s'y rendre pour voir à quel point la ville mérite ce titre.

Un texte de Jean-Sébastien Cloutier

Tout de suite, on a l'embarras du choix : il y aurait à Copenhague 600 magasins liés au vélo. Alors direction Nordhavn pour en louer un. C'est là que nous rencontrons Christine Bordin, celle qui nous servira de guide. Française d'origine, elle a choisi de vivre ici en 1996 pour la qualité de vie qu'offre Copenhague. Le vélo en fait d'ailleurs partie.

« C'est une ville agréable à vivre qui n'est pas polluée. C'est une ville verte où les gens sont beaucoup moins stressés; il n'y a pas d'embouteillages. »

— Christine Bordin, guide pour Nordic Insite

Le cycliste nord-américain est frappé par deux choses à Copenhague : d'abord, le nombre de pistes cyclables. Il y en a partout. Dans la région, on compte 1000 kilomètres de voies séparées et réservées aux vélos, en plus des quelques centaines de kilomètres de voies tracées le long des rues. Les pistes semblent toutes en bon état et bien signalisées. Les nids de poules sont quasi inexistants.

On remarque ensuite le nombre impressionnant de cyclistes. « Certains disent qu'il y a trois vélos pour un habitant ici », dit Christine Bordin. Les statistiques démontrent que 45 % des résidents de la région de Copenhague vont à l'école ou au travail en vélo, un taux qui monte à 63 % chez les 600 000 résidents de la ville. Tous ces cyclistes profitent d'infrastructures parmi les meilleures de la planète.

Une ville pensée pour les cyclistes

Un arrêt sur le pont qui mène au district Norrebro, au nord du centre-ville. Nous sommes sur la piste la plus achalandée d'Europe de l'Ouest, explique la guide Christine Bordin. Jusqu'à 42 000 vélos circulent ici chaque jour, et l'heure de pointe est effectivement impressionnante. La piste a 4 mètres de largeur dans chaque direction, et sur le pont, les voitures sont interdites.

Au fil des kilomètres, nous découvrons d'autres endroits remarquables. Cette piste, par exemple, qui passe au milieu du plus grand cimetière de la ville. Quelques grands personnages de l'histoire danoise comme Hans Christian Andersen y sont enterrés, à deux coups de roues.

Puis, plus au sud, voilà une des nouvelles icônes de Copenhague : le pont cyclable The Snake, le Serpent. Il tient son nom de ses courbes élégantes et surélevées au-dessus de la mer : 190 mètres de piste inaugurés en 2014 pour relier le centre-ville à un nouveau quartier de la ville. Un nouveau projet parmi bien d'autres; il y a aujourd'hui à Copenhague une demi-douzaine de ponts cyclistes en construction.

Pas seulement des ponts

Puis, au fil de la visite, d'autres découvertes plutôt inusitées nous attendent : des repose-pieds au coin de certaines intersections, des poubelles orientées pour faciliter la vie des cyclistes, une cave à vélo pour ranger le sien dans le métro, des supports à vélo sous les bancs du train de banlieue, un stationnement immense où sont entassées quelques milliers de bicyclettes et, notre préférée, une série de lumières vertes qui s'allument pour indiquer aux cyclistes qu'ils ont la bonne vitesse pour se synchroniser avec le feu vert devant!

Depuis 10 ans, la Ville dit investir en moyenne une quinzaine de millions de dollars canadiens dans ses infrastructures cyclistes.

« Aucun élu, même les plus à droite, ne s'oppose à ces projets », dit Mikael Colville-Anderson, le PDG de Copenhagenize Design. La raison est simple et elle est économique.

« Regardez toutes les études qu'on a ici sur les avantages du vélo. Elles nous montrent qu'à court terme, on économise des coûts dans le système de santé ou bien parce qu'il y a moins de retard au travail [...] Un nouveau kilomètre de voie réservée est remboursé à la société en cinq ans. »

— Mikael Colville-Anderson, PDG de Copenhagenize Design

Et qu'en est-il du vélo en hiver dans cette capitale nordique? il est vrai que Copenhague ne connaît pas les froids et les quantités de neige de Montréal, mais quand même. « Il y a peu de changements. En fait, on fait du vélo jusqu'à moins 5, moins 10! On s'habille, on s'emmitoufle », explique Christine Bordin.

Il paraît que 3 Copenhaguois sur 4 roulent à vélo 12 mois par année. Et, croyez-le ou non, ici, les pistes cyclables sont salées et déneigées avant les routes! « C'est une question de priorité, pour que quelqu'un choisisse le vélo, donnez-lui des infrastructures fiables », explique Mikael Colville-Anderson.

Le vélo est donc un choix de société. Mentionnons d'ailleurs un aspect non négligeable : l'achat d'une voiture est taxé à au moins 180 % au Danemark. Un véhicule de 20 000 $ coûtera donc 56 000 $. Mikael Colville précise que seulement 22 % des ménages de Copenhague possèdent une voiture et que seulement 10 % des Copenhaguois en utilisent une chaque jour.

Et Montréal dans tout ça?

Bref, c'est un autre univers que celui des Montréalais. N'empêche que la métropole s'est toujours bien classée dans l'index Copenhagenize. En 2011, elle était 8e dans le monde. En 2013, 14e. Cette année, elle a décliné à la 20e position.

« Dans une perspective nord-américaine, Montréal est une grande ville cycliste. Elle a été pionnière dans l'installation d'infrastructures cyclistes et a continué d'avancer tranquillement, souligne M. Colville-Anderson. Sauf qu'aujourd'hui, tout le monde s'y met beaucoup plus vite. [...] À Montréal, il y a un manque de volonté de la part de l'administration centrale. »

En juin, le maire Denis Coderre n'avait pas apprécié de voir Montréal dégringoler au classement du Copenhagenize et avait réfuté le palmarès, affirmant du même coup que Mikael Colville-Anderson était un bon ami du chef de l'opposition Luc Ferrandez. Le Danois préfère en rire. « On a pris un verre de vin ensemble quand il est venu à Copenhague, mais nous ne sommes pas amis », répond-il, tout en louangeant les politiques procyclistes du maire de l'arrondissement Le Plateau-Mont-Royal.

Bixi - Montréal

En vélo à travers le monde

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