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Élections fédérales 2015: Il faut sauver le soldat Duceppe

Il faut sauver le soldat Duceppe
Radio-Canada

Au cours des prochains jours, on devrait entendre des conservateurs et des libéraux dire toutes sortes de belles choses sur Gilles Duceppe. Cette soudaine mansuétude n'a que peu à voir avec les qualités d'un homme politique honorable. Elle aura tout à voir avec les intérêts très partisans de ces deux formations politiques.

Une analyse de Michel C. Auger

Pour tout dire, alors qu'on s'approche de la mi-campagne, le Bloc québécois est beaucoup plus mal en point que ne le croyaient ses adversaires, au point où cela menace des sièges qu'ils détiennent déjà et qu'ils croyaient sûrs.

Au fur et à mesure que la campagne progresse, la vague orange de 2011 ne semble pas en voie de régresser. En fait, elle progresse plus que ne l'espéraient les néo-démocrates eux-mêmes au moment du déclenchement des élections.

Avec plus de 50 % des votes dans certains sondages, certains analystes donnent maintenant 68 sièges sur 78 au NPD. Même si la conversion des données de sondages en prévision de résultats de circonscription n'est pas une science exacte, cela donne quand même quelques pistes.

Avec un grand nombre d'électeurs pourtant souverainistes qui passent au NPD strictement parce qu'ils estiment que c'est le moyen le plus efficace de battre Stephen Harper, des députés libéraux et conservateurs se trouvent menacés, même s'ils ne devaient pas perdre une seule des voix qu'ils ont obtenues en 2011.

Forteresses menacées

C'est le cas, en particulier, de tous les sièges conservateurs de la région immédiate de Québec. À Montréal, des sièges considérés comme des forteresses libérales - comme Bourassa, l'ancien fief de Denis Coderre - sont désormais menacés.

Dans un tel scénario, même Justin Trudeau devrait se méfier dans Papineau. Si la candidate du NPD prenait simplement la moitié des votes obtenus par le Bloc québécois en 2011, M. Trudeau pourrait être en danger de perdre son siège. L'exemple tient plus des mathématiques que de la réalité politique puisque les chefs de parti sont rarement battus dans leur circonscription. Mais une situation similaire pourrait se produire ailleurs.

Pour les libéraux et les conservateurs, il devient donc essentiel que le vote du Bloc québécois se maintienne à un niveau plus élevé que ce que lui prédisent actuellement les sondages. Parce qu'actuellement, les transferts se font surtout du Bloc vers le NPD.

On devrait donc s'attendre à ce que MM. Harper et Trudeau soient très gentils avec Gilles Duceppe pendant les deux débats télévisés en français et lui laissent beaucoup de place pour attaquer Thomas Mulcair, même si, en fin de compte, le chef du Bloc risque ainsi de sauver plus de sièges conservateurs et libéraux que d'aider ses propres candidats.

Notre système électoral est ainsi fait : il n'y a pas que les électeurs qui peuvent avoir recours au vote stratégique, les partis politiques aussi peuvent faire de la haute stratégie et aider un adversaire pour nuire à un autre.

Stephen Harper, chef du Parti conservateur du Canada

Les chefs en campagne, élections fédérales 2015

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