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Attaque au chloroforme: une «fausse nouvelle» sème la panique sur les réseaux sociaux

Attaque au chloroforme: une «fausse nouvelle» sème la panique sur les réseaux sociaux
ANDREW BRET WALLIS VIA GETTY

«Soyez vigilant! Si quelqu’un se présente chez vous comme étant un vendeur de parfum et vous demande de ‘’humer un parfum’’, ne le faites surtout pas! C’est du chloroforme!» Cette information, mise en ligne le 12 août sur la page Facebook MTL News, qui prétend être «une source d'information pour le public par le public», sème l'inquiétude et la confusion.

Partagée plus de 13 000 fois au cours de la dernière semaine, la publication Facebook est accompagnée d’une photo montrant le logo du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Elle suggère qu’un «vendeur de parfum» fait du porte-à-porte et invite des clients potentiels à sentir un parfum qui serait en réalité du chloroforme.

Une version antérieure de la publication sur le réseau social, modifiée dans les heures qui ont suivi son apparition, indique même que le SPVM a alerté le public du danger, ce qui est pourtant faux selon le corps policier qui semblait déjà avoir été mis au fait de cette affaire lors de notre appel.

D’ailleurs, le SPVM a indiqué n’avoir reçu aucun cas de signalement en lien avec cette histoire.

«Si les citoyens ont un doute sur une mise en garde publiée sur Internet, ils peuvent toujours communiquer avec leur poste de quartier, explique Anna-Claude Poulin du SPVM. Le site de la Sûreté du Québec a aussi une page très complète sur les légendes urbaines

Le chloroforme, aussi appelé Formyl trichloride, est un composé chimique utilisé en industrie qui «contient habituellement un stabilisant tel l'éthanol, le méthanol ou l'amylène, en faible concentration», lit-on sur le site de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST). Son utilisation, lui qui se présente généralement sous l’état d’un liquide clair et incolore et qui est également très volatile, n’est pas sans risque. Il est «suspecté d’être un agent mutagène et cancérogène», explique-t-on sur le site de l'Université de Sherbrooke. Santé Canada rappelle néanmoins que «la population générale est exposée au chloroforme principalement par l'air intérieur et l'eau potable», sans qu’il ne représente de menace, et précise que celui-ci n'est plus fabriqué au Canada.

De son côté, le gestionnaire de la page en question, qui a préféré garder l’anonymat, nous a indiqué dans un premier temps que l’information «sembl[ait] tenir la route» selon lui, car elle fait suite à une «investigation» de sa part. «La source (de la nouvelle) provient d'une autre page sur le web, ainsi que sur d'autres pages sur Facebook», écrit-il en expliquant partager cette information avec ses abonnés par précaution. «Il est difficile en ce moment de mettre le doigt sur la source exacte. Mais nous préférons prévenir notre audience. Comme on dit il vaut mieux prévenir que guérir.»

Au lendemain de notre échange avec le gestionnaire de la page Facebook, le post devenu viral a été une fois de plus modifié. Son auteur rectifie avoir «réalisé que l'information était erronée […] après de plus amples vérifications».

Canular 2.0

Il aura suffi de quelques clics de souris seulement pour constater que ce type d’information s’est souvent avéré par le passé être un canular récurrent sur le web.

Dans une liste des «25 pires intox des réseaux sociaux», le site d'actualité français L'Internaute.com retient dans son classement cette attrape qu’elle titre «Du parfum chloroforme pour violer les femmes».

Le site écrit à propos de ce canular qui n’est pas sans rappeler celui diffusé sur la page MTL News : «Ce message a été transféré, partagé un nombre incroyable de fois, avec différents noms de villes et de magasins. Son contenu, en substance: une femme a été approchée sur le parking d'un supermarché. Deux hommes ont voulu lui vendre pour trois fois rien un nouveau parfum qui se révélerait être du chloroforme, pour mieux voler son sac à main ou la violer.»

« Encore un canular vieux comme le Web, résume-t-on. […] En tout cas, il fait toujours tourner la tête des internautes.»

Légale, la vente de porte-à-porte?

Au Québec, la vente de type porte-à-porte est réglementée. Pour pouvoir procéder de cette façon, les vendeurs porte-à-porte doivent mettre la main sur un permis délivré par l’Office de la protection du consommateur ou la municipalité où se déroule la vente. Pour des raisons de sécurité, quiconque est sollicité à sa porte peut exiger d'un vendeur de voir son numéro de permis.

Certains vendeurs, tels que les enfants qui vendent du chocolat ou des services de préarrangements funéraires, notamment, ne sont toutefois pas visés par le règlement. Les groupes religieux et politiques ont quant à eux le droit de faire du porte-à-porte pour autant que cela n'aboutisse pas à du harcèlement.

Les règlements peuvent également varier d'une municipalité à l'autre. Ceux qui y contreviennent sont passibles d’une amende et même de voir leur permis leur être retiré.

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