L'ex-chef de cabinet du premier ministre Stephen Harper, Nigel Wright, qui en est à sa quatrième journée de contre-interrogatoire au procès du sénateur Mike Duffy, se défend d'avoir interféré dans une vérification des dépenses sénatoriales menée par la firme Deloitte dans le but de retirer le nom de Mike Duffy du rapport final.
L'avocat de Mike Duffy, Donald Bayne, est revenu sur les courriels échangés entre Nigel Wright, son entourage et les sénateurs conservateurs David Tkachuk et Irving Gerstein sur ce dossier.
Dans l'un de ces courriels, Nigel Wright dit souhaiter que le sénateur et grand argentier du Parti conservateur, Irving Gerstein, « se serve de ses contacts hauts placés chez Deloitte ».
« Vous êtes la tête pensante d'un stratagème qui visait à ce que le sénateur Gerstein approche secrètement Deloitte pour qu'il modifie son [rapport]. » — Donald Bayne, en s'adressant à Nigel Wright
Nigel Wright l'a contesté. Il affirme qu'il espérait plutôt que les sénateurs Gerstein et Tkachuk ainsi que les membres de Deloitte arrivent à « boucler la boucle ».
Il a ajouté qu'il voulait que Deloitte soit mis au courant de la proposition du sénateur Tkachuk de laisser tomber l'examen des dépenses de Mike Duffy parce que ce dernier les avait remboursées. À l'époque, David Tkachuk est le président du comité interne du Sénat chargé d'examiner les dépenses litigieuses de certains membres de la Chambre haute.
Questionné à savoir s'il tentait d'interférer avec une vérification strictement confidentielle, Nigel Wright a répondu qu'il n'était « pas d'accord avec cela ». Me Bayne lui a demandé plus tard ce que signifiait pour lui « stricte confidentialité ».
Même s'il était estampillé du sceau « confidentiel », le cabinet du premier ministre a tout de même eu accès à certains des éléments d'information du rapport de vérification externe sur les dépenses de Mike Duffy commandé à Deloitte par le comité de régie interne du Sénat.
Une « omission » de mettre Harper au courant
Lundi, Nigel Wright a soutenu qu'il avait prévenu le premier ministre que le sénateur Duffy rembourserait les dépenses réclamées injustement. Pourtant, c'est M. Wright, riche homme d'affaires, qui a lui-même effacé de sa poche la dette du sénateur Duffy en lui remettant un chèque personnel de 90 000 $, après que le parti eut refusé de le faire. Il se défend d'avoir menti au premier ministre et parle plutôt d'une omission.
Donald Bayne refuse de dire combien de temps durera son contre-interrogatoire. Les choses avancent toutefois lentement en cette quatrième journée de procès. La séance a déjà dû être interrompue à trois reprises.
Une première fois pour que Donald Bayne vérifie les notes de la sténographe, deux autres fois à cause de problèmes techniques.
L'affaire Duffy
Sénateur conservateur de l'Île-du-Prince-Édouard, Mike Duffy a quitté le caucus conservateur en mai 2013 en raison de la controverse entourant certaines dépenses controversées.
Le Parti conservateur du Canada (PCC) était prêt à lui donner de l'argent pour qu'il rembourse au Sénat ses dépenses injustifiées, mais a changé d'avis devant l'ampleur de la facture. Ce premier stratagème impliquait Nigel Wright, Marjory LeBreton, Irving Gerstein, Carolyn Stewart-Olsen et David Tkachuk, ainsi que des employés du Bureau du premier ministre.
Selon ce plan, Mike Duffy devait annoncer publiquement qu'il a réclamé « par erreur » certaines dépenses et qu'il s'engageait à les rembourser.
Il a reçu par la suite un chèque de 90 000 $ de Nigel Wright pour rembourser le Sénat. Le sénateur a aussi reçu 13 560 $ du PCC pour payer ses frais juridiques en lien avec cette affaire. Il a été suspendu sans salaire par ses collègues sénateurs.
Mike Duffy a plaidé non coupable à 31 chefs d'accusation. Il est notamment accusé de fraude, d'abus de confiance et de corruption d'un fonctionnaire. Son avocat tente de prouver qu'il a été piégé et n'a jamais accepté d'entente avec Nigel Wright.
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