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Une entrepreneure multimillionnaire qui ne fait rien comme les autres: portrait de Jane Wurwand, PDG de Dermalogica

Leçons originales d'une entrepreneure multimillionnaire, Jane Wurwand

Hillary Clinton l’adore, elle prononce des discours à l’ONU, elle a été interviewée par les plus grands magazines (Forbes, Vogue), fut photographiée par Annie Leibovitz, sa multinationale vient tout juste d’être acquise par le géant américain Unilever, elle est la fondatrice de Dermalogica, entreprise présente dans plus de 100 pays et dont les soins de beauté sont utilisés dans toutes les plus grandes productions cinématographiques. L’an dernier seulement, Dermalogica a généré plus de 240 millions de dollars en chiffre d’affaires. Elle est une mère de famille et une épouse épanouie.

En personne, Jane Wurwand impressionne par son accessibilité, sa grâce, son humilité.

Mais derrière ces traits se cache une lionne. Une main de fer. Aux antipodes de la dictature, Jane Wurwand est plutôt une femme foncièrement déterminée, qui ne bronche jamais devant les défis, se retrousse les manches, une visionnaire pure et dure, dotée d’une générosité morale et matérielle ahurissante. Elle pénètre dans une pièce et commande le respect instantanément par sa présence et par sa douceur, ce qui est plutôt inhabituel pour un PDG.

Leçons d’une grande dame qui gère une compagnie qui ne cesse de croître et des milliers d’employés d’une façon… tout à fait unique.

Refuser l’avis des autres. «Après avoir quitté la Grande-Bretagne en 1983, j’ai fondé aux États-Unis l'International Dermal Institute avec mon mari. Nous avions mis de côté 1,400$. Ça représentait toutes nos économies. Nous n’avions aucun prêt bancaire. Tout le monde nous disait que c’était beaucoup trop risqué, que ça ne fonctionnerait jamais. Seuls les vrais entrepreneurs sont enclins à prendre des risques. Trois ans plus tard, nous fondions chez nous, en Californie, la compagnie Dermalogica » relate Mme Wurwand, âgée de 57 ans.

Les coïncidences n’existent pas. «Il faut relier les points. Et pour cela, il faut être présent mentalement. Si vous êtes préoccupés, vous n’y parviendrez pas. Je crois fermement que rien n’arrive pour rien », affirme cette femme au charisme contagieux. Il faut croire en soi aussi, pour arriver à ses fins. «L'élément le plus important est de se demander si cela est quelque chose que vous voulez vraiment. Quelque chose dont vous avez vraiment, vraiment envie. Vous devez être prêt à endurer l'opposition, le rejet et l'échec ». Le mot résilience revient maintes fois durant notre entretien. «En effet. L’opposition ne fait qu’aiguiser l’ambition, si cela est réellement ce que vous désirez. Cependant, vous devez y être pour les bonnes raisons, pour le long terme».

Mettre au rancart votre cellulaire de temps à autre. «Le matin, j’attends que chaque membre de ma famille ait quitté pour la journée avant de jeter un coup d’œil à mon cellulaire. Je ne dis pas que c’est facile, mais c’est un choix que j’ai consciemment fait. J’étais un jour en train de servir le petit-déjeuner à ma fille lorsque j’ai brièvement jeté un coup d’œil à mon portable. J’ai cliqué, et suis tombée sur de mauvaises nouvelles et quelques problèmes au bureau… Je me suis mise à soupirer, ma fille m’interpellait, je lui faisais signe d’attendre une minute, que je n’en avais pas pour longtemps. Je continuais de survoler rapidement mes courriels quand elle s’est avancée vers moi et je me suis exclamée, exaspérée, “QUOI?!”. Elle me dit, “Ce n’est rien maman, je croyais simplement que tu avais besoin d’un câlin, je voulais donc te faire un câlin”». Jane devient soudainement émue. Elle continue: «Ce sont des fragments d'instants. Des moments qui passent si vite. Mais qu’est-ce qu’on fabrique donc tous sur nos téléphones?! Je n’étais pas attentive, je n’étais pas là. Je me suis sentie horrible, je me suis excusée. Depuis ce temps, je vais reconduire ma fille à l’arrêt d’autobus tous les matins en promenant notre chien et j’attends d’être seule avant de l’utiliser. Je veux être présente à 1100 lorsque je suis avec ma famille. C’est important. Je crois en l’importance de la connexion humaine».

S’impliquer dans sa communauté. La visionnaire a non seulement fondé l'International Dermal Institute, mais a formé plus de 100 000 professionnels de la peau Dermalogica à travers le monde, est membre du Clinton Global Initiative et du Women and Girls Action Committee en plus d’avoir fondé FITE en 2011, organisme qui est venu en aide à plus de 65 000 femmes dans non moins de 49 pays. Éduquer les femmes afin de les rendre autonomes, un enjeu au cœur des préoccupations de Jane Wurwand. «L’éducation est à la base de tout changement social», clame-t-elle haut et fort.

Bien s’alimenter et méditer. «Je m’alimente bien, je fais de l’exercice et je médite 5 minutes chaque jour afin d’être résiliente mentalement et physiquement. Penser globalement. Je crois fermement que nous avons la responsabilité de penser de façon positive pour le bien commun, au lieu de nous concentrer sur le négatif ». Elle enchaîne: «Le soir, le portable est banni de ma chambre à coucher. Aucune distraction n’est permise. Mon sommeil est crucial. Le manque de sommeil vous dépossède de votre empathie et de votre intuition. Pour être fort, passer à travers les tempêtes, je crois qu’il faut être en forme physiquement. Si vous avez cette opportunité, concentrez-vous sur l’exercice. Lorsque je m’entraine, ça n’a rien à voir avec le fait de bien paraître. Il y a une certaine discipline qui s’y rattache qui elle, est saine pour votre bien-être mental. Ça stimule votre système immunitaire. Être bien physiquement, mentalement, être alerte et présente. Je suis hyper organisée. Et j’ai un sens de l’humour de béton, ce qui est tout aussi important. Aussi, je sais passer à travers les épreuves».

Orienter toutes ses décisions autour d’un seul mantra : «Pourquoi suis-je en train de faire ceci? » est le mantra de Jane Wurwand. «Souvent mes employés me disent que je devrais me lancer dans les produits de maquillage ou soins pour cheveux. Mais pourquoi suis-je en train de faire ce que je suis en train de faire? J’ai lancé Dermalogica parce que lorsque je travaillais dans un salon de beauté dans les années 80, je voyais toutes sortes de clients avec des problèmes de peau (dermites, eczéma) et c’est donc ceci qui m’a motivée à créer une ligne de soins de produits de beauté. Il est crucial de ne jamais perdre de vue ce que l’on veut vraiment et où l'on va et pourquoi on fait ce qu’on est en train de faire présentement».

Être une femme indépendante et autonome. La PDG l’a appris dès un très jeune âge, ayant perdu son père à la suite d’un arrêt cardiaque. Sa mère se retrouva alors responsable de quatre jeunes enfants… Elle avait 38 ans et n’avait jamais travaillé auparavant. Ceci marqua un éveil brutal pour Jane, mais l’a aussi doté d’une remarquable détermination. «La Chine représente le marché affichant la plus importante croissance lorsqu’on parle de l’industrie de la beauté. Et je n’ai qu’un souhait en tête. Dotons les Chinoises d’une autonomie financière! Nous avons une opportunité en or de faire basculer l’énergie actuelle en Chine en les formant professionnellement. Éduquons-les! Donnons-leur les outils et la formation nécessaires pour les rendre autonomes financièrement». Elle explique: «98% des professionnels des soins de la peau sont des femmes. En les formant, nous les mettons sur la voie de l’indépendance financière, ouvrons la porte à l’entrepreneuriat et celles-ci créeront ultimement des emplois à leur tour. Voici pourquoi j’ai lancé FITE (Financial Independence Through Entrepreneurship), un organisme qui aide les femmes entrepreneures à avoir accès à des prêts et à une solide formation professionnelle».

Ses idoles incluent des femmes fortes et féministes telles que Gloria Steinem et Hillary Clinton. Sa beauté est naturelle, chez elle, rien de superficiel… Et ce, bien qu’elle baigne dans l’industrie de la beauté. On est loin de l’image des #Ladyboss dont les médias nous bombardent depuis quelque temps. Je mentionne la notoriété des Kardashian et à quel point mon interlocutrice, elle, s’implique dans son milieu, à quel point elle se sert de son pouvoir de leader afin de contribuer à un changement social positif. Son mantra? «La vie n’est pas faite pour être balancée – il est donc impératif d’être résilient – c’est ma mère qui m’avait déjà dit cela».

Cela dit, une femme leader qui veille au bien-être de toutes les femmes, qui a fait de sa vocation – et il ne s’agit pas seulement d’être élue sur des conseils d’administration prestigieux et d’assister à des cocktails ou premières mondaines – de leur permettre de croître et de briller à leur tour, est une leçon profondément inspirante que Jane Wurwand nous aura tous léguée.

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