OTTAWA — À un moment où aucun journaliste francophone ne prend place dans la caravane conservatrice, Stephen Harper a prévenu lundi qu'il ne comptait pas traduire en français ses réponses à des questions posées en anglais.
C'est à tout le moins ce qu'il a signalé en matinée au cours d'un point de presse lorsqu'une journaliste du réseau anglophone CTV lui a demandé de répondre à sa question dans les deux langues officielles.
«Habituellement, je réponds en français à une question en français, mais pour cette fois, je peux le répéter», a-t-il fait valoir avant d'offrir une réponse plus succincte dans la langue de Molière à celle livrée en anglais.
Mais quelques minutes après, au cours du même point de presse, lorsqu'une journaliste du réseau anglais de Radio-Canada lui a fait la même requête — «je vais m'essayer», avait-t-elle laissé tomber —, il l'a ignorée.
La longueur exceptionnelle de cette campagne électorale fédérale, qui s'échelonne sur un total de 78 jours, a forcé les grands médias, anglophones comme francophones, à revoir leur plan de couverture.
À l'heure actuelle, aucun représentant d'un média francophone ne suit la campagne des conservateurs sur une base quotidienne. La plupart d'entre eux font appel à des correspondants locaux pour leur couverture depuis le déclenchement de la campagne électorale.
M. Harper a l'habitude de prononcer ses discours dans les deux langues officielles. Il a régulièrement accédé aux demandes des journalistes qui lui demandaient des réponses en français.
Mais c'était avant la campagne; et pendant celle-ci, il «continuera à répondre à des questions dans la langue où elle sont posées — en anglais ou en français — lors des points de presse», a indiqué le Parti conservateur.
Autrement dit, «il acceptera, sauf de temps à autres», a-t-on résumé tout en défendant l'importance qu'a toujours accordée Stephen Harper au Québec et à la langue française.
En juin dernier, La Presse rapportait qu'il avait envoyé aux membres de son cabinet une lettre pour leur rappeler leur «devoir de continuer à renforcer la dualité linguistique au pays».
Mélanie Marquis, La Presse Canadienne