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Québec «mal à l'aise» avec la fermeture de la banque de données de l'Institut de la statistique (VIDÉO)

Québec «mal à l'aise» avec la fermeture de la banque de données de l'Institut de la statistique (VIDÉO)

Le ministère des Finances a manifesté son désaccord concernant la décision de l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) de fermer le site web hébergeant la Banque de données des statistiques officielles sur le Québec (BDSO).

Quelques heures après l'annonce de la fermeture du site de la BDSO, le porte-parole du ministre des Finances, Dominic Cormier, a assuré que le ministère avait discuté avec l'Institut de statistiques du Québec, et qu'il y aura une rencontre dès demain matin avec les gestionnaires de l'ISQ pour trouver des solutions afin d'assurer un financement à long terme de la BDSO. Les 28 organismes et ministères dont les données sont publiées par l'ISQ seront appelés à contribuer davantage financièrement pour maintenir les opérations de la banque.

Pour justifier cette disparition, l'ISQ invoquait les contraintes budgétaires imposées par Québec. Au cabinet du ministre des Finances, on assure que bien que tous les organismes gouvernementaux doivent faire leur part pour arriver à l'équilibre budgétaire, l'ISQ peut arriver à boucler son budget annuel autrement qu'en coupant la BDSO. Selon Dominic Cormier, il en coûterait un million de dollars annuellement pour organiser la BDSO et la garder en ligne.

La BDSO, utilisée autant par des chercheurs que par des membres du gouvernement et des journalistes, fournit des renseignements statistiques issus de la collaboration de 28 ministères et organismes publics, comme Revenu Québec, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST), etc.

Sous la coordination de l'ISQ, ces données sont regroupées et formatées, puis diffusées en un guichet unique sur le site Internet de la BDSO.

Ce matériel fournit un portrait statistique du Québec détaillé et varié : données démographiques (taux de natalité, mortalité et espérance de vie), indicateurs économiques (indice des prix à la consommation, permis de bâtir), indicateurs environnementaux (qualité de l'air, compte des écosystèmes) ainsi que des statistiques en culture et en communications, comme les dépenses des ménages en culture ou les ventes de livres.

Statistique Québec indique sur le site de la BDSO que des informations statistiques à jour seront toujours disponibles sur le site web de l'Institut, mais précise qu'il faudra aussi s'adresser directement aux différents ministères et organismes québécois, selon les cas. Le rôle de guichet unique de l'Institut est donc perdu, et l'on peut craindre que l'information devienne difficilement accessible dans l'éventualité où les ministères ne disposeraient pas de ressources supplémentaires afin de préparer les données pour le public.

Rien n'indique que les données fournies par les ministères et organismes seront centralisées et accessibles sur le site de données en ligne donnees.gouv.qc.ca, créé par le gouvernement du Québec en 2012. Celui-ci s'était alors engagé à devenir un gouvernement ouvert en « encourageant davantage la transparence, la participation des citoyens et la collaboration entre les acteurs gouvernementaux. »

Une décision qui va à l'encontre de la mission de Statistique Québec

Dans la déclaration de services aux citoyens de Statistique Québec, la mission de l'organisme se définit comme suit :

« L'Institut de la statistique du Québec a pour mission de fournir des informations statistiques qui soient fiables et objectives sur la situation du Québec quant à tous les aspects de la société québécoise pour lesquels de telles informations sont pertinentes. L'Institut est responsable de la réalisation de toutes les enquêtes statistiques d'intérêt général. »

« La prestation de services offerts à l'Institut est toujours faite avec la volonté de développer la connaissance, de démocratiser l'information statistique et de faciliter l'accès aux données dans le respect de la confidentialité. »

Un outil « indispensable tant pour la recherche que pour les citoyens »

Ève-Lyne Couturier, chercheuse à l'Institut de recherches et d'informations socio-économiques (IRIS), travaille sur les enjeux d'inégalités de revenus, sur l'évolution du système de retraite québécois et sur l'impact des politiques publiques sur les femmes. En entrevue à l'émission Pas de midi sans info mercredi midi sur les ondes d'ICI Radio-Canada Première, elle a déploré la perte de cette banque de données, qu'elle juge essentielle autant pour les chercheurs que pour les citoyens.

Selon elle, le fait que les données soient centralisées et traitées de la même manière est aussi important que d'y avoir accès.

« Avoir un guichet unique qui nous permet de vagabonder d'une donnée à l'autre nous permet de faire des recherches qui sont beaucoup plus riches et plus intéressantes. »

— Eve-Lyne Couturier

Elle explique que les chercheurs recherchent parfois des données très précises, mais rencontrent en cours de recherche d'autres informations dans la banque de données. La recherche est ainsi enrichie par le croisement dynamique des données.

La FPJQ réagit

La présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) Lise Millette a réagi en traçant un parallèle avec la décision du gouvernement fédéral de ne pas obliger les répondants du recensement à remplir le formulaire long de Statistique Canada.

« Encore une fois, loin d'améliorer l'accès à l'information et la transparence, on vient de créer une embûche supplémentaire pour les journalistes qui devront cogner à chaque porte et chercher les informations au sein des différents ministères, c'est un recul. »

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