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Projections électorales fédérales: le NPD face aux conservateurs alors que s'amorce une campagne marathon

Projections électorales fédérales: le NPD face aux conservateurs

Même avec une campagne qui sera deux fois plus longue que d’habitude, les libéraux de Justin Trudeau semblent accuser un retard trop sérieux pour l’emporter.

À l’amorce de la 42e campagne électorale fédérale, les données laissent croire à une course entre les néo-démocrates de Thomas Mulcair et les conservateurs de Stephen Harper.

Mais beaucoup de choses peuvent se passer et arriveront d’ici au 19 octobre.

Bien que nous n’ayons pas vu beaucoup de sondages jusqu’à présent (attendez-vous à ce que cela change bientôt), la semaine dernière nous a apporté trois enquêtes d’opinion complètes avec des données régionales menées par Forum, Ekos et Ipsos.

Plus tôt ce matin, Forum a dévoilé le premier sondage de cette campagne, attribuant au NPD une avance de 11 points face aux conservateurs (39 pour cent contre 28 pour cent). Impressionnants, ces résultats ne concordent pas avec ceux des autres enquêtes, et il nous faudra attendre pour voir s’ils seront confirmés par d’autres sondages.

Tous les sondages (mis à part le plus récent de Forum) s’accordent sur un point, ne serait-ce que qualitativement — les conservateurs et les néo-démocrates se battent pour la première place, les libéraux pour la troisième. Ils nous offrent les premières projections suivantes.

Ci-dessous, dans l’ordre, vous avez les intentions de vote, les prévisions de sièges avec intervalles de confiance, de même que les chances de mettre la main sur le plus grand nombre de sièges, en date du 3 août.

Ces projections reposent sur les anciens résultats électoraux de même que des sondages actuels de façon à prédire le gagnant dans les 338 circonscriptions. Cela inclut les impacts régionaux et de titularisation. Les intervalles de confiance sont obtenus au moyen de 5000 simulations tenant compte de l’incertitude des résultats des sondages (les conservateurs sont-ils à 32 ou 34 pour cent?) de même que de la distribution des voix et du système électoral. En d’autres termes, ces simulations visent à inclure chaque scénario possible compte tenu des informations dont nous disposons actuellement.

Le NPD profite en ce moment d’un avantage, bien que les projections ne tiennent pas encore compte de l’éventuel impact de titularisation là où Harper et son parti pourraient bien être sous-estimés dans les sondages, comme ce fut le cas en 2008 et 2011. De plus, n’oubliez pas qu’un seul sondage accorde une avance confortable au NPD. Globalement, si le scrutin avait lieu demain, il serait difficile de prédire qui deviendrait premier ministre.

Comparativement aux récentes semaines, les conservateurs sont légèrement en hausse. Les chiffres relativement solides de la semaine dernière dans une province de l’Ontario riche en voix y sont certainement pour beaucoup.

Pour les libéraux, même une importante sous-estimation dans les sondages (pensez aux erreurs constatées en Alberta en 2012 ou en Colombie-Britannique en 2013) et un vote efficace seraient insuffisants pour permettre au parti de mettre la main sur une majorité de sièges. Cela ne veut pas dire que Trudeau ne sera pas premier ministre après le 19 octobre, mais cela signifie qu’il a une pente raide à grimper. Passer de la troisième place à la première lors d’une campagne électorale n’est jamais chose aisée.

Si nous jetons un coup d’oeil aux dernières élections fédérales, telles étaient les intentions de vote deux mois et demi avant le scrutin de même que les résultats finaux.

2008

11 semaines avant:

PC: 34 %

PLC: 32 %

NPD: 16 %

Soirée électorale:

PC: 37,6%

PLC: 26,2%

NPD: 18,2%

2011

11 semaines avant:

PC: 37 %

PLC: 27 %

NPD: 17 %

Soirée électorale:

PC: 39,6%

PLC: 18,9%

NPD: 30,6%

Ces chiffres nous disent que 11 semaines représentent beaucoup de temps en politique et que nous devrions nous attendre à certains changements. Néanmoins, si Trudeau espère l’emporter, il devra faire ce que Stéphane Dion et Michael Ignatieff n’ont pas été en mesure de faire: améliorer la position de son parti entre aujourd’hui et le jour du scrutin.

Bien sûr, la situation actuelle est unique et il est difficile de prédire l’impact qu’aura une si longue campagne. Les électeurs seront-ils vraiment à l’écoute pendant 11 semaines? Ou constaterons-nous une certaine indifférence à l’égard des politiciens après un certain temps? Au Québec incertain, en particulier, nous pourrions dire à la blague que nous avons suffisamment de temps pour deux vagues.

Les conservateurs font le pari qu’une longue campagne leur sera favorable. Le fait qu’ils disposent de plus d’argent à dépenser que les autres — et de loin — fait de toute évidence partie de l’équation.

La chose qui semble en ce moment hors de portée pour tous les partis est une majorité. Les projections actuelles ne donnent aucun scénario voyant une formation mettre la main sur 169 sièges ou plus (il y a actuellement 338 sièges à la Chambre des communes). Avec trois partis se partageant les voix presque à parts égales, il n’y a là rien de très étonnant.

Si les conservateurs sont encore donnés pour remporter le plus de sièges dans un mois ou deux, vous pouvez être certains que pas mal de gens vont parler d’une coalition entre le NPD et les libéraux. Les deux dirigeants ont par le passé dit ne pas être intéressés — bien que Mulcair pourrait avoir récemment changé d’idée. La pression exercée par une proportion de plus de 60 pour cent d’une population insatisfaite du gouvernement Harper aura certainement augmenté à ce moment-là.

Finalement, le Parti vert et le Bloc québécois entreprennent cette campagne avec peu de députés et des attentes différentes. Bien que les verts d’Elizabeth May espèrent ajouter Victoria à la seule circonscription obtenue la dernière fois, Gilles Duceppe est de retour à la tête du Bloc et il souhaite faire revivre à son parti ses heures de gloire. Les sondages montrent que “l’effet Duceppe” observé à la suite de son retour est déjà presque estompé, et son parti obtient quelque 20 pour cent des intentions de vote dans “la belle province”, un chiffre qui ne vaudrait pas beaucoup de sièges au parti souverainiste.

En ce moment, la bataille oppose clairement le NPD aux conservateurs. Nous verrons de quelle façon 11 semaines (et de multiples débats) pourraient faire évoluer la situation. D’ici là, vous aurez droit à de fréquentes analyses et mises à jour de ma part.

Les questions posées dans les sondages mentionnés dans cet article étaient:

Forum (29 juillet): “Si une élection fédérale avait lieu aujourd’hui, pour quel parti seriez-vous le plus enclin à voter?”

EKOS: “Si une élection fédérale avait lieu demain, pour quel parti voteriez-vous?”

Ipsos Reid: Aucune question incluse dans cet article.

Forum (3 août): “Si une élection fédérale avait lieu aujourd’hui, pour quel parti seriez-vous le plus enclin à voter?”

Le sondage de Forum des 27 et 28 juillet a été mené au téléphone auprès de 1397 Canadiens de 18 ans et plus sélectionnés au hasard. Les marges d’erreur sont de plus ou moins trois pour cent 19 fois sur 20. La question posée était: “Si une élection fédérale avait lieu aujourd’hui, pour quel parti seriez-vous le plus enclin à voter?” + “Même si nous n’avez peut-être pas fait de choix, vers quel parti penchez-vous en ce moment?”

Le sondage de Forum du 2 août a été mené au téléphone auprès de 1399 Canadiens de 18 ans et plus sélectionnés au hasard. Les marges d’erreur sont de plus ou moins trois pour cent 19 fois sur 20. La question posée était: “Si une élection fédérale avait lieu aujourd’hui, pour quel parti seriez-vous le plus enclin à voter?” + “Même si nous n’avez peut-être pas fait de choix, vers quel parti penchez-vous en ce moment?”

Le sondage d’Ekos des 22 au 28 juillet a été mené au téléphone auprès de 2247 Canadiens de 18 ans et plus sélectionnés au hasard. Les marges d’erreur sont de plus ou moins 2,1 pour cent 19 fois sur 20. La question posée était: “Si une élection fédérale avait lieu demain, pour quel parti voteriez-vous? [En cas d’indécision] Même si vous n’avez pas d’idée ferme, penchez-vous vers un parti? [Si oui] En l’état actuel des choses, vers quel parti penchez-vous?”

Le sondage d’Ipsos des 23 au 27 juillet a été mené en ligne auprès de 2000 Canadiens de 18 ans et plus sélectionnés au hasard. Les marges d’erreur pour un échantillon de cette taille sont de plus ou moins 2,5 pour cent 19 fois sur 20. La question posée n’a pas été fournie.

Bryan Breguet a un baccalauréat ès sciences en économie de la politique et une maîtrise ès sciences en économie de l’Université de Montréal. Il a fondé en 2010 TooCloseToCall.ca où il fournit des analyses et projections électorales. Il a collaboré avec le National Post, Le Journal de Montréal et l’Actualité.

Il fournira des analyses et mises à jour pour le Huffington Post Canada tout au long de la campagne électorale fédérale. Pour les projections par circonscription, consultez son simulateur interactif.

Ce texte a d'abord été publié sur le site du Huffpost Canada et traduit de l'anglais par Philippe Zeller.

Cet article a été mis à jour pour refléter les résultats les plus récents. Une version antérieure indiquait que le NPD était en voie de remporter 130 sièges, les conservateurs 128 et les libéraux 76.

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