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La CSeries intéresse l'Iran, Bombardier ne peut en vendre encore

La CSeries intéresse l'Iran, Bombardier ne peut en vendre encore
PC/Ryan Remiorz/Radio-Canada

Les avions de la CSeries sont de « très bons avions » qui peuvent être « utiles » à l'Iran, a déclaré à Radio-Canada le représentant du pays à l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI). Des discussions ont déjà eu lieu entre l'avionneur et le diplomate en prévision d'une levée des sanctions internationales contre l'Iran, a appris Radio-Canada.

Un texte de Bahador Zabihiyan

À titre de représentant de l'Iran à l'OACI, Hassanali Shahbalizar est entré en contact à deux reprises avec un haut responsable de Bombardier chargé de l'international, en décembre 2014, en prévision d'une levée des sanctions internationales qui empêchent notamment l'Iran d'acquérir des avions.

« Je lui ai demandé de faire les premiers pas [NDLR vers notre industrie aéronautique] », dit M. Shahbalizar, dans une entrevue exclusive en farsi avec Radio-Canada.

Il n'a plus eu de nouvelles depuis. C'est que les sanctions internationales empêchent le pays de renouveler sa flotte, pour l'instant, mais la situation devrait changer bientôt.

En échange de l'encadrement de son programme nucléaire, Téhéran bénéficiera progressivement d'une levée des sanctions économiques internationales, à partir de 2016, à condition que le pays respecte ses engagements.

« On estime que l'Iran a besoin d'environ 400 appareils, des avions courts porteurs et longs porteurs. Donc, les CSeries de Bombardier peuvent être une option », dit M. Shahbalizar.

« La CSeries est vraiment utile pour nous [...]. Les seuls avions similaires, ce sont un ou deux avions d'Embraer [...]. Ce sont de très bons avions. »

— Hassanali Shahbalizar, représentant de l'Iran à l'OACI

Malgré les relations difficiles entre le Canada et l'Iran, le diplomate indique que Bombardier peut faire affaire avec l'Iran une fois les sanctions levées. « Les portes sont ouvertes, s'ils veulent aller en Iran, ils peuvent effectuer les arrangements nécessaires avec mon organisation afin qu'ils puissent effectuer un voyage en Iran », dit-il.

La porte-parole de Bombardier indique que la compagnie a un œil attentif sur l'Iran, sans donner plus de détails.

« Ce que je peux dire, c'est que bien sûr, nous avons une équipe des ventes très active. »

— Marianella Delabarrera, porte-parole de Bombardier

« Nous prévoyons des opportunités significatives en Iran [...], mais à ce moment-ci, nous continuons de respecter les sanctions », ajoute Mme Delabarrera.

Une manne pour l'industrie aéronautique

Les compagnies aériennes iraniennes devraient surtout se tourner vers Boeing et Airbus une fois les sanctions levées, croit Mehran Ebrahimi, le directeur du Groupe d'études en management des entreprises de l'aéronautique de l'Université du Québec à Montréal.

Mais Bombardier peut tirer son épingle du jeu dans ce pays qui a connu plusieurs catastrophes aériennes ces dernières années à cause de la vétusté de ses appareils civils.

En effet, le carnet de commandes moins rempli que prévu de Bombardier joue en faveur de l'avionneur canadien, dit M. Ebrahimi. En raison du nombre important de commandes, Boeing et Airbus mettraient plusieurs années pour être capables de livrer des avions à l'Iran, ajoute-t-il.

« La CSeries, avec un carnet de commandes moins garni, pourrait fournir ces avions plus rapidement, ce qui arrangerait les Iraniens », indique-t-il. Les avions de la CSeries ont aussi assez d'autonomie pour relier les grandes villes iraniennes aux métropoles européennes, dit-il.

L'Iran a aussi besoin de pièces détachées pour les avions Bombardier utilisés par la compagnie Naft Airlines, propriété du ministère du Pétrole, dit M. Shahbalizar.

L'Iran satisfait de l'industrie aéronautique canadienne

M. Shahbalizar, qui travaille dans le milieu de l'aviation civile depuis 1975, assure que les produits canadiens jouissent d'une excellente réputation en Iran.

« Dans le domaine de l'aviation, nous sommes complètement satisfaits de ce que le Canada a accompli pour nous. »

— Hassanali Shahbalizar, représentant de l'Iran à l'OACI

Il cite le cas des radars Raytheon canadiens, vendus en Iran dans les années 1990 et qui fonctionnent encore à Téhéran et à Shiraz. « C'étaient alors des radars sophistiqués [...] et croyez-le ou pas, ils sont encore opérationnels. Grâce à Raytheon et au Canada. Ils ont vraiment tenu la route », constate-t-il. Il indique qu'aujourd'hui l'Iran a besoin de pièces détachées pour faire fonctionner ces radars.

D'importants besoins en aéronautiques

Le président d'Airbus indiquait cette année que le marché iranien était comparable à celui de l'Europe de l'Est après la chute du mur de Berlin.

« On parle de plusieurs dizaines de milliards de dollars, donc un potentiel économique colossal. »

— Mehran Ebrahimi, directeur du Groupe d'études en management des entreprises de l'aéronautique à l'UQAM

L'Iran a besoin d'avions, mais aussi de pièces détachées. M. Shahbalizar dresse une liste des besoins iraniens dans le domaine de l'aéronautique : des avions-écoles, des infrastructures civiles de surveillance et de navigation, des simulateurs pour les pilotes et les contrôleurs aériens. L'Iran possède aussi une flotte de 1000 hélicoptères civils, qui ont besoin d'entretien, dit M. Shahbalizar.

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