Depuis son dévoilement en 2014, la Jaguar F-Type est un modèle qui s’est attiré une foule d’admirateurs, particulièrement du côté de la presse spécialisée. Les consommateurs semblent également avoir bien accueilli le nouveau roadster alors que les ventes de Jaguar ont augmenté de 16 % en 2014 comparativement à 2013, grâce notamment aux 457 F-Type ayant trouvé preneurs l’an dernier.
Le constructeur britannique semble vouloir profiter de ce succès. Après avoir présenté une version à toit rigide tout simplement sublime en matière de design l’an dernier, Jaguar revient cette année à la charge en offrant la possibilité d’équiper la F-Type 2016 d’un rouage intégral, en plus d’offrir une boîte manuelle à six rapports.
De prime abord, ces ajouts semblent un peu douteux. Premièrement, tout le monde sait que la popularité des boîtes manuelles est en chute libre. Si Porsche revenait sur sa décision de ne pas offrir sa 911 Turbo avec une transmission manuelle, je comprendrais peut-être. Mais les voitures Jaguar sont généralement associées avec une clientèle plus âgée, une qui est encore moins attirée par les boîtes de vitesse qu’il faut contrôler soi-même.
C’est certain par contre que la F-Type change la donne. Une authentique voiture sport, elle a une personnalité dynamique qui n’a rien à voir avec sa grande sœur, la XK, qui elle est beaucoup plus axée sur le confort et la balade paisible que les performances et la conduite sur circuit. En ajoutant l’option d’une boîte manuelle, Jaguar renforce cette image. C’est beau, je comprends.
Essai routier Jaguar F-Type S AWD 2016
Là où le manufacturier anglais me perd, c’est quand il décide d’offrir son roadster à deux places avec une traction intégrale. D’abord, nous ajoutons du poids à l’ensemble ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour le comportement routier ni pour le chrono lors d’un tour de piste. Ensuite, nous comblons un besoin qui n’existe pas. Qui voudrait sortir sa belle F-Type, avec son toit en toile et sa garde au sol de voiture exotique, dans la gadoue en plein mois de janvier?
Beaucoup de gens il semblerait. Bon, peut-être pas en pleine tempête, mais la réalité est que les consommateurs nord-américains préfèrent les voitures sportives à traction intégrale. C’est pourquoi la Porsche 911 Carrera 4 (ou 4S, ou toutes les autres Porsche à quatre roues motrices) est si populaire, et pourquoi les versions AMG de Mercedes-Benz offrent désormais le système 4Matic de série sur l'ensemble de la gamme à l'exception de quelques modèles. Même Ferrari s’est joint à la fête avec la FF.
En comprenant cette réalité, l’on se rend compte qu’il s’agit d’une décision intelligente de Jaguar. Si les constructeurs allemands nous ont prouvé une chose, c’est que d’offrir plusieurs versions de la même gamme de modèles n’est jamais une mauvaise chose. Avec plus de choix au menu de la F-Type, la voiture semble moins artisanale, moins « produit de niche ». Il y en a une pour tous les goûts.
C’est donc avec une Jaguar F-Type S AWD 2016 que j’ai renoué avec la F-Type, un an après avoir essayé la version entrée de gamme l’été dernier. Cette dernière est propulsée par un moteur V6 de 340 chevaux. Ma version d'essai S était quant à elle propulsée par le même moteur V6 de 3,0 litres suralimenté, mais la puissance passe à 380 chevaux. Il y a aussi une version R purement démente qui offre un moteur V8 suralimenté de 510 chevaux. Croyez-moi, le moteur V6 est suffisant. En version S, la F-Type cabriolet est parfaitement équilibrée et la puissance est idéale. Même si le modèle de base ne manque aucunement de punch, la version S ajoute ce petit quelque chose en matière de performances.
Une véritable expérience auditive
Sur papier, la Jaguar F-Type S AWD atteint 100 km/h en 5,1 secondes dans la version à traction intégrale. Cela ne semble pas si impressionnant de prime abord quand on compare avec la compétition, mais je peux vous assurer que l’on a l’impression que c’est beaucoup plus rapide que cela, tout simplement en raison du son époustouflant du moteur. Il faut aller chercher dans le segment des voitures exotiques comme Ferrari ou Lamborghini, ou peut-être du côté d’AMG, pour trouver un équivalent.
La sonorité profonde et puissante du moteur, surtout quand on active le mode Dynamic (le mode le plus sportif) en plus d’activer le mode le plus bruyant pour le système d’échappement, est indescriptible. Quand l’on rétrograde les rapports de la boîte de transmission automatique à 8 rapports, l’explosion provenant des deux embouts d’échappement positionnés au centre du pare-chocs arrière est jouissive (la version R a quatre sorties d’échappement et le son est encore plus impressionnant). Idem au moment d’accélérer en sortie de courbe.
Le bruit de la F-Type, comme celui de la XKR (ou XKR-S) ou encore du Range Rover Sport SVR est également quelque peu aléatoire. C’est ce qui fait son charme. Montez tranquillement en régime en deuxième vitesse et relâcher l’accélérateur, et vous aurez à chaque fois une cacophonie un peu différente de la dernière. Croyez-moi, toutes les têtes se tourneront. D’ailleurs, une note rapide pour dire ici que l’on se fait vraiment remarquer en F-Type.
Pour ceux que cela intéresse, une jeune femme à littéralement traverser en plein milieu de la rue Sherbrooke alors que j’étais arrêté à un feu de circulation pour venir voir qu’elle était la marque du modèle. J’ai constaté sa présence dans mon rétroviseur quelques secondes avant qu’elle ne reparte, balançant au passage un « nice car! ». La voiture étant plutôt rare, plusieurs croient que vous avez entre les mains une quelconque italienne valant le prix d’une maison luxueuse.
Un intérieur amélioré
Avec la disparition prochaine de la XK, la F-Type deviendra le porte-étendard de la marque. Ce n’est pas le modèle le plus cher, mais c’est assurément le plus en vue. La F-Type se devait donc d’être à la hauteur des attentes.
Si l’habitacle de la Jaguar XK commençait à montrer son âge, c’est tout le contraire avec la F-Type Cabriolet. La voiture affiche une console centrale moderne et surtout ergonomique. Le système d’infodivertissement est le même que l’on retrouve sur à peu près tous les modèles Jaguar et Land Rover, mais bon, ce n’est pas si dramatique, et seuls les journalistes qui essaient ces modèles à la queue leu leu le remarqueront.
Les sièges offrent amplement de support latéral et s’avèrent confortables au quotidien. En réalité, l’ensemble du comportement routier de la F-Type saura plaire à ceux et celles qui recherchent une voiture sportive qui ne punit pas trop ses occupants au passage d’une route dégradée. Oui la suspension est parfois sèche, mais ce n’est pas insupportable. Pour se pavaner sur une rue achalandée d’un centre-ville quelconque sans se faire trop brasser, la F-Type sera à la hauteur.
Une fois le toit remonté (une opération qui se fait rapidement jusqu’à 50 km/h), le silence à l’intérieur est impressionnant. On a l’impression d’être dans une berline de luxe, pas un véhicule sport à deux places. Comme voiture de tous les jours, la F-Type est un choix excellent si l’on a les moyens pour une seconde voiture destinée aux déplacements familiaux, évidemment. Car le coffre est petit, même pour un roadster.
Traction intégrale ou pas?
À conduite égale, une voiture à traction intégrale aura toujours l’avantage sur un modèle à traction arrière en ce qui concerne la stabilité et la sécurité. Je n’ai pas non plus remarqué de grandes différences au niveau du comportement routier. La F-Type AWD est toujours très performante, et je dois avouer que le fait d’avoir quatre roues qui peuvent aider en cas de perte de contrôle nous pousse à plus exploiter les performances de la bête.
Le rouage intégral est uniquement offert sur le modèle S et exige un déboursé supplémentaire de 8 000 $ pour un prix avant taxes et préparation de 99 500 $. C’est presque 15 000 $ de plus qu’une Boxster GTS et 19 000 $ de plus environ qu’une Mercedes-Benz SLK 55 AMG.
Mais aucun de ces modèles ne peut sortir confortablement à l’extérieur en hiver, et aucun ne se fait autant remarquer que la Jaguar F-Type 2016 qui est également un peu plus confortable. La Porsche et la Mercedes-Benz sont par contre plus rapides que la Jag. À vous de choisir où se trouvent vos priorités.
