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Gala André Sauvé: une soirée aigre-douce (PHOTOS)

Gala André Sauvé: une soirée aigre-douce (PHOTOS)
David Kirouac

Le gala Juste pour rire d’André Sauvé, sur le thème de la gourmandise, s’est déroulé en deux temps, mercredi, à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. La première partie était plutôt faible et manquait définitivement de l’éclat qui a fait abondamment briller les galas de François Bellefeuille et Laurent Paquin, ces derniers jours, tandis que la seconde portion s’est avérée nettement meilleure et a racheté les premiers numéros. Au final, on a eu droit à un menu aigre-doux, à des entrées un peu fades, mais un dessert somme toute savoureux.

André Sauvé n’a malheureusement pas été très convainquant dans son numéro d’ouverture. Il faut dire qu’avec la gourmandise comme principal sujet, ses possibilités étaient limitées. Il a connu un amusant départ en comparant les personnalités des dents salées versus celles des dents sucrées («Le salé est à l’heure, le sucré est en retard» ou «Dans un couple, le sucré se fait domper, c’est le salé qui dompe», etc). Il a par contre perdu de son mordant lorsqu’il s’est mis à décrire les personnalités des gens à partir de ce qu’ils mangent. Quelques clichés ont été ressassés, et on n’a pas reconnu là la légendaire finesse d’André Sauvé.

André Sauvé à Juste pour rire

Par contre, Sauvé a offert un excellent segment de mi-parcours, où il a détaillé le rôle des accessoires de cuisine. Il a dressé la hiérarchie des couteaux, expliqué comment la spatule joue un rôle rassembleur dans l’amalgame des ingrédients, extrapolé sur la fonction des moules à pain et à gâteaux, etc. Il a même imité une nouille réticente à plonger dans l’eau. Sa plus belle perle? «Les produits Starfrit, c’est la gang de guédailles qui se pensent hot parce qu’ils ont passé à la TV. C’est comme la gang d’Occupation double, ils sont hot à la TV mais arriveraient chez vous et ne sauraient pas quoi dire!»

Alcool et goberge

Phil Roy y est allé d’une anecdote qui aurait fait meilleure figure dans une conférence sur l’estime de soi dans une école secondaire que dans un spectacle d’humour. Le garçon a raconté comment il est parvenu à éviter les moqueries à son cours de piscine en secondaire un, malgré son surplus de poids. C’était sympathique, mais pas hilarant.

Olivier Martineau n’a pas tellement su connecter avec le public, qui ne riait pas très fort de ses réflexions liées à l’alcool. Entre des blagues comme «Il y a juste à trois heures du matin qu’un pogo a l’air d’un aliment acceptable» et «Tant qu’à moi, un bon vin, c’est un vin qui goûte la bière», et encore «Je préfère mourir jeune parce que je n’ai pas de plan de retraite», Martineau a trouvé le moyen de faire une parenthèse sur Jésus, qui n’avait pas trop de lien avec le reste.

Guillaume Wagner est toujours pertinent dans ses observations et, depuis le début des galas Juste pour rire 2015, auxquels il participe tous, il a prouvé qu’il est capable de faire énormément de millage sur une seule thématique. Il a entamé sa tirade en jasant du bouddhisme, et a révélé son secret pour rester mince. «Je chie tout le temps, je fais caca constamment», a-t-il confié. «Je pense même me partir un blogue intitulé Huit fois par jour…»

La salle a semblé beaucoup aimer Yannick De Martino et ses poèmes dédiés à la goberge et au gâteau forêt noire, mais on est d’avis que le jeune homme doit encore ajouter du contenu à ses textes. Ou serait-ce son personnage un peu niais qui passe mal? Yannick De Martino a entre autres brodé autour des saveurs de croustilles. «Ranch, ce n’est pas une saveur, c’est une maison d’hébergement pour les chevaux…»

Trio final fort

Les Denis Drolet ont été les premiers à nous arracher un rire franc avec leur chronique «magazine à potins» sur la vie des gens «riches et culinaires». Selon nos «hommes en brun», Aunt Jemima fait des blow jobs, et Uncle Ben’s est une drag queen qui donne des spectacles au Cabaret Mado. Le bonhomme Pillsbury, la Vache qui rit, Monsieur Quaker, ils y sont tous passés.

La presque totalité du discours de Jean-François Mercier, qui traitait de la réalité des «gros», était irréprochable. Le «gros cave» autoproclamé a mis le doigt sur bien des bobos et a peut-être suscité quelques prises de conscience dans le parterre. En plusieurs exemples, il a illustré comment «être gros, ça annule tout», comment on a tendance à blâmer les personnes obèses pour tout et pour rien. En revanche, sa phrase de conclusion, un peu larmoyante, a cassé le ton, et nous laissait sur une drôle de note. On aurait préféré un message positif plutôt que cette hypothèse de victime voulant que, pour lui, «la seule façon de maigrir, ce serait de mourir». Il a néanmoins eu la faveur des spectateurs, dont plusieurs se sont levés pour lui offrir une ovation.

Lise Dion, qui n’avait pas pris part à un gala Juste pour rire depuis très longtemps, est arrivée en pick-up et a abordé la notion de consommation au sens large. Elle a analysé un peu ses penchants alimentaires avant de dériver sur sa passion pour les sacs à main et les souliers. C’était inspiré et intelligent, et ça nous a permis de réaliser qu’on aimerait beaucoup voir Lise plus souvent dans ce genre de contexte.

À titre de vignette finale, André Sauvé a été rejoint par la chanteuse Kim Richardson et trois musiciens de la section cuivre. Ensemble, ils ont interprété, avec une touche jazzée, Moi j’mange, d’Angèle Arsenault, un choix judicieux, pour faire «l’apologie de la gourmandise».

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