Le Cabaret des Maudits Français promet chaque année de nous faire découvrir la crème de la crème de la relève française en humour, voire de la francophonie. Malheureusement, l’édition 2015 de ce spectacle tombe à plat dans la programmation du festival Zoofest.
Uncle Fofi, qui animait la soirée, manquait quelque peu d'enthousiasme samedi soir au Monument-National. Pourtant une bête de scène, on ne pourra certainement pas lui reprocher d'avoir volé la vedette : l'animateur du Couscous Comedy Show a fait briller ses invités, comme doit le faire un maître de cérémonie, sans jamais trop s'en permettre lui-même. Dommage.
Le court monologue qu’il a présenté d’entrée de jeu et ses interventions contenaient de belles propositions, mais n’ont pas suffi à tenir le timide public en haleine.
C’est Thomas Wiese, originaire de la Suisse, qui a donné le coup d’envoi au spectacle. L’artiste, grand et mince, qui admet ressembler davantage à «l’informaticien du Zoofest» qu’à un humoriste, est venu raconter son expérience d’aidant pour enfant handicapé dans un camp. Une anecdote juteuse, moment fort de son passage.
Ahmed Sylla, que certains ont pu voir à l’émission française On n'demande qu'à en rire, était certainement le plus énergique de la soirée. Il a parlé de la gentillesse des Québécois, trop gentils, dit-il, même quand il est question de faire la grève. «Quand vous faites la grève, vous n’arrêtez pas de travailler, mais vous changez de tenue!» lancera-t-il en faisant référence aux pantalons colorés des policiers en conflit de travail.
Donel Jack'sman, habile improvisateur, a donné un second souffle au spectacle – au moment où il en avait besoin – en parlant des similitudes entre les quartiers de Montréal et ceux de Paris : «Nous, on a un quartier chinois à Paris qu’on appelle Belleville; vous, vous avez un quartier chinois que vous appelez Chinatown. Nous, à Paris, on a un quartier arabe qu’on appelle Barbès; à Montréal, il y a un quartier arabe qu’on appelle Montréal.»
L’humoriste français d’origine camerounaise a aussi blagué au sujet du quartier gai de Paris, le Marais, où l’on prend tout au premier degré contrairement au Village à Montréal : «Dans le quartier du Marais, tu t’embrouilles avec un mec et il te dit "toi, je vais t’enculer"… il va le faire vraiment!»
«C’est le seul quartier où il y a de l’argent par terre et personne ne le ramasse! Dans le quartier Marais, tu échappes tes clés, tu les pousses jusqu’à la maison!» poursuivra-t-il dans cette voie facile, mais ô combien efficace.
Le clou du spectacle aura été le numéro de clôture, où les blagues plus clichées ont été laissées de côté pour faire place à un numéro avec un univers absurde à souhait. Alex Vizorek, vêtu comme un musicien classique et habité par une certaine fougue, a fait preuve de grande originalité.
Il a déliré sur le métier de cymbaliste, donné un petit cours sur le maniement de cet instrument et s’est lancé dans des tirades en langue étrangère. Volubile et en contrôle, Vizorek a habilement occupé l’espace tout au long de son numéro grâce à un bel effort de mise en scène. Une finale qui fait oublier les maladresses de l’ensemble du spectacle, au cours duquel on aura également vu passer Noman Hosni, Marina Rollman et Fary.
Bref, malgré de belles découvertes, certains numéros du Cabaret des Maudits Français 2015 gagneraient à être peaufinés. Non seulement le spectacle d’une heure (et un peu plus) n'atteint pas l'équilibre visé, mais la plupart des prestations n’ont pas eu l’effet escompté.
Des numéros (parfois) inégaux, qui semblent n'avoir ni fil conducteur ni structure claire et où l'on joue beaucoup sur les mêmes thèmes: la gentillesse des Québécois, leur accent, la mauvaise humeur des Parisiens… Un peu redondant au final.
Le Cabaret des Maudits Français, jusqu'au 16 juillet au Studio Hydro-Québec du Monument-National.
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