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Festival de jazz: les voix du Seigneur
David Kirouac

Le Montréal Jubilation Gospel Choir, qui existe depuis 1982, avait l’heureux mandat de clore le Festival international de jazz, à la Maison symphonique, dimanche soir. On ne peut pas dire que la bonne humeur et la foi manquaient en ce jour du Seigneur, qui correspondait du même coup, à la dernière journée de ces 36es festivités musicales.

Créé par le Montréalais d'adoption Trevor W. Payne, ce chœur emplit les églises et les salles de spectacle depuis plus de trente ans avec ses chants grégoriens, ses chorales de Bach et ses musiques zouloues traditionnelles. Dans la programmation du Festival, on raconte que le Montréal Jubilation Gospel Choir a donné des centaines de performances au fil du temps. Il connaît beaucoup de succès auprès des mélomanes en tous genres. Il a notamment joué devant la reine Elizabeth II et l’ancien président sud-africain Nelson Mandela. Il a aussi collaboré avec des artistes comme Ray Charles, Céline Dion et Michael Bolton. La belle affaire, quoi!

Évidemment, il existe au pays une tonne de choeurs gospel. Mais celui-ci aurait une flamme particulière. C’est probablement dû en bonne partie à la passion de Trevor W. Payne, qui est toujours impliqué dans ce projet après tant d’années.

Maison de Dieu

À la Maison symphonique de Montréal, l’image est belle : une trentaine de chanteurs en soutanes blanche et rose fuchsia sont disposés en trois rangées sur une estrade placée au centre de la scène. Côté cour et côté jardin, une troupe de musiciens (piano, orgue, guitare électrique, saxophone, basse, conga, jembe et batterie) les accompagne.

Après un premier morceau extrêmement joyeux en ouverture, une jeune femme s’avance et s’exprime en français : «On va prendre un moment pour prier, si vous le permettez. Seigneur, sois celui qui puisse être glorifié […] Et que ton nom règne pour des siècles et des siècles.» Le ton est donné. Aucune surprise, quand même. Le message, bien qu’il soit enveloppé d’une musique très heureuse, est en bonne partie religieux. Chorale gospel!

À la troisième proposition, l’atmosphère change passablement : les ambiances sud-américaines des deux premières interprétations laissent place aux atmosphères d’«Africa». Très inspiré ce chant traditionnel. Et c’est bon enfant.

«Over my head, I hear music everyday / There must be a guide somewhere», chante maintenant à l’avant-scène l’un des membres de la chorale. C’est un brin dramatique. Soudain, un long silence. Les bras s’ouvrent, les corps tanguent, c’est parti! La joie du gospel remplit nos cœurs. Dynamique à souhait, cette pièce est d’une candeur incroyable avec ces lignes de saxophone «hop la vie». Clap, clap, clap, les membres de la chorale chantent et dansent sans retenue jusqu’à cette finale rigolote livrée par le saxophoniste.

«I know, you love me», chantera ensuite une jolie jeune femme à la peau noire. Elle proclame toute sa confiance à Dieu. «I know You love me.» Sorte de balade qui finira dans la joie.

Unus pro omnibus, omnes pro uno

Les autres chanteurs ne seront pas en reste durant cette soirée. À tour de rôle, seuls ou en petit groupe, plusieurs d’entre eux viendront ainsi s’exécuter le temps d’un morceau. Un pour tous, tous pour un… Mentionnons cet homme âgé dans la trentaine qui viendra entonner des paroles à propos d’un baptême dans l’eau. «Within the water» sur des airs qui évoque un tantinet le reggae et le roots louisianais. Sur cette chanson, le soul n’est pas bien loin non plus.

Il y a aussi ce dynamique garçon, aux cheveux très courts, qui viendra également faire son tour à l’avant-scène, afin de partager un phrasé qui titille l’univers du rap. Son flow, comme on dit, rappelle des éléments du hip-hop américain. Tout est relatif, bien entendu!

La foi est un puissant leitmotiv (ou un beau prétexte?) dans ce spectacle somme toute très léger et sympathique. À vrai dire, rien ne déborde dans les performances du Montréal Jubilation Gospal Choir. C’est à la fois sa grande qualité (très bien huilé comme concert) et son plus grand défaut. On aimerait peut-être un peu plus de folie et d’exploration. Comme au sein de ces chorales communautaires qui animent certaines églises d’Harlem, à New York… On ne sait jamais trop où les chanteurs vont nous entrainer, au nom du Seigneur!

Pour le reste, cette chorale, c’est un bar à sourires et une invention à faire oublier les tracas. Paix et amour au 36e Festival international de jazz de Montréal.

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