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Festival de jazz : La voix magique d'Ala.ni

Festival de jazz : La voix magique d'Ala.ni
Courtoisie

Il y a environ six mois, le nom de la chanteuse Ala.ni sortait de nulle part. Quand sa chanson Suddenly est apparue sur Internet à la toute fin de l’année dernière, on ne la connaissait ni d’Ève ni d’Adam. Quoique, quand on fouille un peu, on apprend que certains artistes bien connus la connaissent plutôt bien : elle a chanté comme choriste pour Andrea Bocelli, Mary J. Blige et David Albarn, entre autres le chanteur de Blur, devenu son mentor. Rencontre avec l’Européenne à l’incroyable voix, qui se donnera en spectacle ce samedi soir, à l’Astral, dans le cadre du Festival international de jazz de Montréal.

Douze chansons diffusées en quatre étapes au fil des saisons 2015. Voilà le concept de base du matériel qui sera proposé par cette artiste au chant d’une tendreté inexplicable. Ses influences? On ne saurait trop dire précisément : blues, soul, folk, pop et même opéra. Tout ça persillé d’influences des années 40 ou 50. Quelque chose d’une autre époque en tout cas.

À l’instar des vidéos qu’elle réalise elle-même, sa musique est mystérieuse, gracieuse et duvetée. On peut ajouter à ceci l’image d’une jolie femme aux origines caribéennes (ses parents sont de Grenade) qui avance dans un monde de doux rêves en noir et blanc…

La danse, la mode et le chant

Ala.ni a grandi à Ravenscourt Park, dans la capitale anglaise. Très jeune, elle a commencé à étudier le ballet. Elle voulait vraiment devenir danseuse professionnelle. Au téléphone, elle explique qu’elle a dû malheureusement se rendre à l’évidence : elle ne pourrait gagner sa vie dans ce milieu si exigeant. À défaut de faire d’énormes sacrifices personnels et artistiques (notamment sur le plan de la liberté de création), elle ne pourrait se tailler une place dans l’élite. La vie a donc poursuivi son cours. Puis, il y avait aussi le chant. Elle a toujours aimé chanter. Elle a toujours aimé la musique, aussi. Ainsi, jeune adulte, elle s’inscrit dans une agence qui représente des voix de toutes sortes. De fil en aiguille, elle travaille pour différents projets, dont ceux de Bocelli, Blige et Albarn. La musique devient sa vie.

« J’étais amenée simplement à travailler sur des sessions variées comme choriste, explique la sympathique chanteuse, qui admet avoir conservé des liens privilégiés avec l’influent chanteur-pianiste-compositeur anglais (Blur, Gorillaz et carrière solo). Damon est devenu en quelque sorte un mentor. Il m’aide parfois à prendre des décisions. Il m’a encouragé dans mon processus. Par exemple, il m’a récemment dit de chanter une pièce accompagnée d’un violoncelle… Il avait bien entendu raison ! C’est un homme prolifique que je respecte. Il a une méthode de travail, une rigueur que j’admire. »

Puis un jour, elle pense que c’est terminé pour la chanson. Elle s’aventure dans le monde de la mode, qui la stimule. Elle y travaille un bon moment, jusqu’au jour où elle se rend compte, il y a environ trois ans, que la musique lui manquait trop.

Son et image

Sur Internet, il est simple de trouver quelques-uns de ses morceaux accompagnés d’images présentant simplement Ala.ni interprétant ses textes. Rien de compliqué, mais la plupart du temps, c’est réussi. La chanteuse fait tout elle-même, du tournage (un logiciel sur son iPad suffit) au montage. Toujours un univers enchanteur, un tantinet mystérieux et « arti » (le vidéoclip de la pièce Cherry Blossom à un côté impressionniste). Comme ses chansons, les vidéoclips sont épurés, à la limite d’être inachevés.

Or, ce n’est pas du tout le cas. Ala.ni aime que la pièce respire. Elle veut que sa voix soit libérée de presque tout. Une délicate mélodie au piano, par exemple, suffit à habiller la voix. Elle a hésité longtemps pour assumer ce côté dénudé. Elle a pensé ajouter davantage d’instruments lors des enregistrements. Mais finalement, elle a choisi… Aujourd’hui, le matériel d’Ala.ni fait penser au croisement entre une bonne production de Broadway et le folk inspiré et élégant de la légendaire auteure-compositrice-interprète canadienne Joni Mitchell.

Quand nous lui disons en entrevue qu’il y a quelque chose de Judy Garland et de Joni Mitchell (au loin) dans son travail, Ala.ni se dit très flattée. « En effet, on m’a déjà fait le commentaire à propos de Judy Garland. Quant à Joni Mitchell, ça me fait très plaisir d’entendre cela. C’est une artiste remarquable. Elle a écrit l’une de mes chansons préférées, For Free, de l’album Ladies of the Canyon (1970). »

« J’ai toujours aimé ce qu’elle dégageait comme artiste. Elle est inspirante. Comme elle, la musique est pour moi vitale […] Même si je dois vivre simplement (laissant sous-entendre que la vie mondaine et les artifices de la popularité ne l’intéressent pas tellement), ça m’est égal. Si je peux manger et payer les comptes, c’est suffisant, dit-elle en riant. J’ai un bel endroit dans Paris et c’est tout ce que je demande. »

En effet, la chanteuse a déménagé ses pénates dans la Ville Lumière, il y a quatre semaines. Elle affirme s’y sentir à l’aise pour poursuivre sa carrière. « J’ai comme le sentiment que ma musique fait plus de sens en France qu’en Angleterre. Mon approche artistique est plus au diapason avec les Français. Le gouvernement français semble mieux soutenir les artistes… J’aime aussi beaucoup cette ville. Je vais aussi apprendre la langue. »

Et ce concert au Festival de jazz?

« Ce sera tout simple. Je serai accompagné du guitariste Rob Updegraff. Je joue du piano et un peu de guitare, mais en concert, je préfère me concentrer sur ma voix. »

Ala.ni – samedi le 4 juillet, à 21 h – à l’Astral.

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