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Festival de jazz: la soul fertile de Natalie Prass (PHOTOS/VIDÉO)

Festival de jazz: la soul fertile de Natalie Prass
Courtoisie

La jeune Américaine Natalie Prass était au Club Soda, jeudi soir, pour livrer un premier spectacle en carrière au Festival international de jazz de Montréal. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la chanteuse-guitariste a fait belle impression.

En janvier 2015, Natalie Prass laissait paraître un premier album éponyme acclamé par les médias et le public. Selon le webzine spécialisé Pitchfork, elle a réalisé un des plus beaux albums («Best New Music») sortis cette année. Au dire du Rolling Stone, la femme de 29 ans est l’une des dix nouvelles artistes à connaître absolument. Au prestigieux Festival SXSW, à Austin (Texas), elle a fait beaucoup jaser. Bref, tout va bien pour cette artiste qui avait auparavant produit deux EP intitulés Small & Sweet (2009) et Sense of Transcendence (2011).

Bobby Bazini

Festival de jazz - 2 juillet 2015

Naturelle

La belle brune apparaît sur scène accompagnée de trois musiciens (basse, batterie, guitare) pour envoyer sans flafla la chanson Your Fool, tirée de son tout récent disque. «And they tell me I’ll always be your fool», chante-t-elle avec sensibilité.

Beaux arrangements qui habillent des paroles relativement acerbes. Jolie entrée en matière. Par contre, la légère réverbération dans sa jolie voix n’a pas l’effet escompté. Et on peine à saisir les mots qu’elle partage avec les spectateurs rassemblés dans cette salle qui pourrait être un peu plus garnie. Mais bon, et après?

Quand elle dépose sa guitare un peu plus tard, pour chanter Is It You, c’est toutefois beaucoup mieux. La délicate pièce arrive jusqu’à nous de bien plus belle façon. Sur de douces lignes de guitare électrique, ce morceau aborde la nostalgie amoureuse.

Au quatrième morceau, Prass révèle son côté un peu plus mordant grâce à la chanson Bird of Pray. «You leave me no choice but to run away», lance-t-elle, guitare au cou. Ici, les instruments sont pas mal plus dynamiques. Excellent.

Ensuite, Prass propose la mélancolique et fragile Last Time, une toute nouvelle composition qui n’a toujours pas été diffusée. «I can’t fight it anymore». Un autre titre qui témoigne d’une cassure sentimentale.

Après Any Time, Any Place, on a droit à la chanson Christy. «J’ai écrit ce morceau à Nashville où j’ai habité pendant quelques années […] Christy, that bitch!», envoie à la blague l’auteure-compositrice-interprète qui vit maintenant en Virginie. Grosso modo, on comprend dans ce texte que la chanteuse s’avoue jalouse d’une autre femme… à propos d’un homme. Interprétation croustillante et charmante à la fois. Un autre clair-obscur livré avec beaucoup de finesse et de subtilité.

Arrivera par la suite une autre chanson qui témoigne du côté plus abrasif de Prass. La guitare de son acolyte grince un peu et c’est tout à fait souhaitable. L’atmosphère passe d’un folk-soul assez tendre à des racines rock. Cette chanson est bienvenue, car le rythme change un peu. Mais pas pour longtemps puisque la prochaine chanson, très introspective Violently, sera offerte avec beaucoup de sensibilité et de raffinement. La chanson raconte le désir inassouvi d’embrasser un être cher.

Le morceau folk My Baby Don’t Understand Me, arrivera juste après Violently. Cette composition, à la signature un tantinet country (le genre musical ressort de temps en temps dans son matériel), sera certainement l’un des moments forts de la soirée.

En fin de concert, Natalie Prass propose Reprise, version très épurée de Your Fool jouée au début du spectacle. Elle chante comme si elle était à bout de force, déchue par une relation amoureuse qui s’étiole gravement.

The next move

Pour clore le spectacle, le groupe livrera Why Don’t You Beleive In Me. À mi-chemin, la distorsion produite volontairement par le guitariste correspondant bien à l’état d’esprit véhiculé dans le texte.

« Tried to remain constant like a flowing stream

And I tried my best to be all that you need

Please don't close the door, take a step back

I wake up all alone, the nights keep getting harder

I wanna call you but I don't, I want to be smarter

I'm afraid to make my next move and it's bringing me down »

Au rappel, les quatre musiciens offriront une superbe reprise de You Keep Me Hangin’ On, chanson écrite par l’équipe Holland-Dozier-Holland en 1966 puis popularisée par The Supremes et beaucoup plus tard par la chanteuse britannique Kim Wilde. Natalie Prass laisse sortir un peu de folie et ça lui réussit bien.

Outre l’absence des cuivres, qui colorent de belle façon le dernier album, et les passages un peu trop sentimentalistes sur certains morceaux, son matériel est fort bien transposé sur les planches. Dans l’ensemble, un très beau spectacle.

De toute évidence, Natalie Prass est une artiste dont la carrière va incessamment exploser. En fait, c’est déjà commencé. Elle reviendra certainement à Montréal sous peu. Du moins, on l’espère.

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