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Grosse Île: une page d'histoire du Canada (PHOTOS)

Grosse Île: une page d'histoire du Canada (PHOTOS)
Radio-Canada/Catherine François

Le Canada, « terre d'accueil, terre d'espoir ». C'est ainsi qu'était perçu notre pays par les millions d'immigrants venus d'Europe s'y installer au cours des siècles derniers. Mais avant de pouvoir rentrer sur le territoire canadien, les immigrants avaient un passage obligé : celui de Grosse Île, qui servait de station de quarantaine. Visite guidée.

Un photoreportage de Catherine François

Au 19e siècle, et jusqu'à la moitié du 20e, plus de 4 millions d'immigrants provenant de 60 pays ont transité par le port de Québec, qui était alors le 5e port en importance dans le monde.

Pour peupler l'ouest du Canada, on allait chercher des hommes, des femmes et des enfants en Europe, occidentale ou de l'Est, et jusque dans les pays scandinaves. Mais on voulait que ces immigrants soient en santé et, surtout, qu'ils n'amènent pas avec eux les maladies contagieuses qui décimaient alors des populations entières : choléra, peste, grippe espagnole, typhus, variole, etc.

Grosse Île, cette île perdue au milieu du fleuve Saint-Laurent, à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Québec, était donc l'endroit où ces immigrants étaient placés en quarantaine.

Le Lazaret, c'est le nom de l'hôpital qui a été construit dans l'est de l'île au cours des années 1870 après les découvertes de Pasteur et de Koch, qui ont révolutionné la médecine et la façon de voir les microbes et les maladies.

Avant 1870, c'était la théorie des miasmes qui prévalait. On pensait que ces maladies n'étaient pas contagieuses, que les miasmes étaient transportés par le vent dans les airs et que ceux ou celles qui étaient atteints subissaient une punition divine parce qu'ils menaient une mauvaise vie ou étaient de mauvaises personnes.

Le personnel médical essayait donc de soulager les souffrances des malades, mais on ne les traitait pas en tant que tels. Jusqu'en 1870, les immigrants malades comme en bonne santé étaient confinés dans l'ouest de l'île.

C'est après 1870 et ces découvertes médicales que Grosse Île s'est organisée d'une manière beaucoup plus scientifique avec la construction, dans l'est de l'île, de bâtiments pour soigner les malades. Chaque immigrant qui débarquait malade sur l'île y était traité.

Les fenêtres de cette pièce du Lazaret étaient teintées de rouge pour filtrer la lumière du jour et les rayons du soleil que les personnes atteintes de la variole ne pouvaient supporter. La variole, qui a fait des ravages pendant des siècles, a définitivement été éradiquée de la planète en 1977.

Le centre de désinfection, mis en activité à partir de 1892 sous la directive du médecin en chef Frédéric Montizambert, fonctionnait 24 heures sur 24. Chaque immigrant qui débarquait sur l'île devait obligatoirement passer dans ce centre. Ses bagages étaient désinfectés au rez-de-chaussée, pendant qu'à l'étage, 44 douches attendaient les immigrants. La douche durait une quinzaine de minutes et elle était composée d'eau chaude et de bichlorure de mercure.

Chaque personne ainsi désinfectée récupérait ses bagages et pouvait aller s'installer dans un hôtel de première, deuxième ou troisième catégorie, selon ses moyens, le temps de subir une quarantaine qui variait selon les maladies avec lesquelles elle pouvait avoir été en contact. Une organisation très rigoureuse pour s'assurer que chaque immigrant qui allait mettre le pied sur le territoire canadien soit en bonne santé.

Le cimetière des Irlandais et leur mémorial

Parmi les Européens qui débarquent par centaines de milliers au Canada se trouvent les Irlandais. En 1847, ils sont quelque 100 000 à embarquer à bord de navires à destination de Québec, car ils fuient ce que l'on a appelé la « famine de la pomme de terre » à la suite de récoltes de pommes de terre catastrophiques.

Entassés au fond de cales de bateaux insalubres et impropres au transport de passagers, ils sont nombreux à souffrir du typhus. Et en 1847, la maladie devient une terrible épidémie qui décime plus de 5400 personnes sur Grosse Île, des Irlandais pour la majorité. Un mémorial a été érigé à la mémoire de toutes les personnes qui ont perdu la vie sur l'île.

La croix celtique qui surplombe Grosse Île a été érigée en 1909 à l'initiative de « l'Ancient Order of Hibernian », une très vieille société irlandaise. On retrouve sur cette croix des inscriptions en anglais, en français et en gaélique. Au total, en Irlande, un million d'Irlandais sont morts de famine, de maladie et de malnutrition dans les années 1850. Un autre million a émigré.

Jo-Anick Proulx est l'un des guides et gestionnaires du site patrimonial de Grosse Île. Il est intarissable quand il s'agit de parler de l'histoire de cette île qui est, au-delà de sa valeur patrimoniale, une île magnifique avec des sentiers pédestres à explorer pour en découvrir la beauté.

Regardez la version télévisée du reportage de Catherine François ce soir au Téléjournal sur ICI Radio-Canada Télé.

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