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Danger des vaccins : Jim Carrey continue sa croisade

Non, Jim Carrey, on «n'empoisonne» pas les enfants avec des vaccins
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Jim Carrey n'est pas franchement un défenseur de la vaccination. Il l'a prouvé une fois encore devant ses 14 millions de followers sur Twitter ce mercredi 1er juillet. Quelques heures plus tôt, le gouverneur démocrate de Californie avait signé un projet de loi pour imposer la vaccination à tous les enfants qui vont à l'école. Ce texte entrera en vigueur en 2016.

En décembre 2014, 42 personnes avaient été exposés au virus de la rougeole après une journée au parc Disneyland d'Anaheim, dans la banlieue de Los Angeles. En tout plus de 100 personnes aux États-Unis et au Mexique ont par la suite contracté cette maladie. En 2014, 644 cas de rougeole ont été recensés contre 34 en 2004. Seule la Virginie Occidentale et le Mississippi ont adopté une telle législation par rapport aux vaccins.

"Empoisonner encore plus d'enfants"

"La science est formelle, les vaccins protègent les enfants contre un grand nombre de maladies infectieuses et dangereuses. Même s'il est vrai qu'il n'existe pas d'intervention médicale sans risque, les preuves montrent que l'immunisation est vraiment utile et protège la communauté", a affirmé le gouverneur de Californie en signant le projet de loi.

Jim Carrey dénonce les danger des vaccins depuis sa relation entre 2005 et 2010 avec la mannequin, actrice et présentatrice de télévision américaine, Jenny McCarthy, connue aux États-Unis pour être l'une des voix les plus virulentes du mouvement "anti-vax". Elle attribue l'autisme dont souffre son fils au vaccin ROR (rougeole, rubéole, oreillons).

Jim Carrey affirme dans ses tweets ne pas être entièrement opposé aux vaccins mais à la présence d'aluminium et de mercure avec lesquels on "empoisonne" les enfants vaccinés.

"Le gouverneur californien a donné son accord pour empoisonner plus d'enfants avec du mercure et de l'aluminium dans les vaccins obligatoires. Ce vendu aux industries doit être arrêté."

"Ils disent que le mercure dans le poisson est dangereux mais qu'obliger tous nos enfants à se faire injecter du mercure et du thiomersal ne présente aucun risque."

"Je ne suis pas anti-vaccin. Je suis anti-thiomersal, anti-mercure. Ils ont enlevé un peu du mercure chargé de thiomersal des vaccins. MAIS PAS TOUT!"

En mars dernier, nous avions demandé à deux virologues, Bruno Lina et Manuel Rosa-Calatrava, respectivement directeur et directeur adjoint du laboratoire virologie et pathologie humaine (VirPath) de répondre aux arguments des anti-vaccins, en particulier sur les liens avec l'autisme, sur la présence de l'aluminium et du mercure. Oui, on trouve de l'aluminium dans les vaccins. Pour ce qui est du mercure, c'est un peu plus compliqué que ce que dit Jim Carrey.

On trouve de l'aluminium dans les vaccins: vrai

"L'aluminium en tant qu'adjuvant est là pour booster ou amplifier la réponse de l'organisme à la vaccination", explique Manuel Rosa-Calatrava. Les sels d'aluminium sont utilisés depuis 1920 dans les vaccins. Quels sont les risques pour la santé? Les conclusions des études menées sur le sujet ne font pas consensus dans la communauté scientifique.

Depuis 2013, une équipe française de l'Inserm étudie l'impact des sels d'aluminium sur les souris et les hommes. Ses résultats seront connus en 2016. Selon ces chercheurs dirigés par Romain Gherardi, cet adjuvant pourrait être responsable du développement de la MFM ou myofasciite macrophage. Derrière ce nom barbare se cache une lésion au niveau de l'épaule au niveau du muscle où se font les injections. Cette lésion pourrait être à l'origine "d'une maladie rare entraînant une maladie chronique, des douleurs chroniques, musculaires et des troubles cognitifs", peut-on lire dans Science & Santé, la revue éditée par l'Inserm.

"De nombreuses recherches pour éliminer les sels d'aluminium dans les vaccins ont lieu, ajoute Manuel Rosa-Calatrava. Une piste très prometteuse concerne en particulier des protéines non métalliques dont les propriétés d'adjuvants seraient bien plus intéressantes que les sels d'aluminium."

On trouve du mercure dans les vaccins : oui, mais

Dans les vaccins, on trouve du thiomersal, une forme de mercure appelée étyl-mercure. Il ne s'agit pas du même mercure que le métyl-mercure très toxique pour l'homme. "Le thiomersal ne s'accumule pas dans l'organisme", affirme sur son site l'OMS. Le thiomersal n'est pas un adjuvant mais un stabilisateur. Il est utilisé pour prévenir toute prolifération bactérienne et fongique dans certains vaccins comme le ROR et le BCG.

En Europe et aux États-Unis, le thiomersal n'est plus utilisé pour les vaccins réalisés sur les enfants. Deux études ont été réalisées aux États-Unis pour rechercher un lien de cause à effet entre les doses de ce conservateur et les problèmes neurologiques et rénaux qui pourraient se déclarer ensuite. Les conclusions de ces études n'ont pu prouver que le thiomersal avait un tel effet, précise le site de l'ANSM.

"Le Centre pour le Contrôle et la prévention des Maladies (CDC) ne peut pas résoudre le problème qu'ils ont aidé à créer. Il est trop risqué d'admettre qu'ils ont eu tort sur le mercure/thiomersal. Ils sont corrompus."

Vaccination et holocauste

Par la suite, Jim Carrey cite Robert Kennedy Jr., le neveu de l'ancien président des États-Unis une autre voix du mouvement anti-vaccin aux États-Unis. Dans un documentaire que cite l'acteur américain, Robert Kennedy Jr n'hésite pas à comparer la vaccination des enfants à l'holocauste. Comme le rapporte le Daily Mail, cet avocat de la cause anti-vax explique que les enfants "se font vacciner, ils ont une forte fièvre la nuit suivante, ils dorment finalement et trois mois plus tard leur cerveau est parti. C'est un holocauste ce qu'il se passe dans notre pays."

"Allez voir le documentaire et faites vous votre propre opinion. Si vous vous préoccupez vraiment de vos enfants, vous le ferez. C'est très choquant."

"Je suis PRO-VACCIN/ANTI-NEUROTOXINE, Comprenez-le bien."

"Je répète! JE SUIS PRO-VACCIN/ANTI-NEUROTOXINE, comme Robert Kennedy Jr. S'il-vous-plaît, lisez l'article et le livre suivant."

Le lien entre l'autisme et le vaccin contre la rougeole, cheval de bataille de Kennedy est depuis longtemps mis en cause pour la communauté scientifique.

Vacciner son enfant contre la rougeole peut le rendre autiste: rien ne le prouve

En 1998, dans la revue médicale The Lancet, une étude fait le lien entre le vaccin contre la rougeole et l'autisme. L'étude porte sur 12 jeunes patients souffrant de maladies inflammatoires chroniques intestinales et d'autisme. L'hypothèse retenue par les chercheurs: le virus de la rougeole s'installerait dans les intestins de l'enfant lors de la vaccination, cela causerait une inflammation qui provoquerait des problèmes de développement neurologique.

En 2004, certains auteurs de l'article se désolidarisent de l'étude publiée. En 2010, la revue, elle-même fait machine arrière et décide de supprimer l'article de ses archives. Tout dans cette étude sonne faux: de la sélection des patients aux résultats falsifiés pour mieux servir les conclusions en passant par les conflits d'intérêts autour du gastro-entérologue qui dirige l'étude. Ce spécialiste avait en effet été embauché par un avocat pour préparer un procès contre des fabricants du vaccin contre la rougeole. Pour mieux comprendre combien l'étude publiée dans The Lancet était biaisée, un article de Science et Avenir retrace cette effarante affaire.

Aujourd'hui, le mal est fait. Cet argument est l'un des plus souvent utilisé par les opposants aux vaccins. Depuis 2008, en France, aux États-Unis, en Grande-Bretagne, l'épidémie de rougeole a repris alors que le taux de vaccination était parmi les plus hauts du monde. Or, aucune étude scientifique ne prouve un lien entre la rougeole et l'autisme. Mais rien ne dit qu'il n'y a pas de lien entre les deux pourrait-on dire... "Comment démontrer qu'aller se promener en forêt ne représente pas un risque de développer de l'autisme? Ou le fait de toucher du papier? C'est impossible, explique Bruno Lina. Il y aura toujours quelqu'un qui sera allé se promener en forêt et qui aura développé de l'autisme après. C'est la même chose pour le vaccin contre la rougeole. Il faut admettre que cela arrive et que c'est une coïncidence."

Et oui, ce n'est pas aussi simple que Jim Carrey semble le croire. Serait-ce son personnage de Dumb and dumber qui déteindrait sur lui?

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