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Stratégie maritime du gouvernement Couillard : concert d'éloges et quelques notes discordantes

Stratégie maritime : concert d'éloges et notes discordantes
Radio-Canada

Municipalités et entreprises se réjouissent de la stratégie maritime annoncée ce matin par le gouvernement Couillard, saluant ses retombées économiques potentielles et la création prévue de 30 000 emplois. La Coalition avenir Québec n'y voit toutefois qu'une pâle copie d'une de ses promesses phares. Quant au Parti québécois, il a les yeux fixés sur l'inconnue de l'équation : les discussions que Québec devra avoir avec Ottawa, qui a juridiction sur les ports.

« Les régions sortent grandement gagnantes », s'est félicitée la présidente de l'Union des municipalités du Québec (UMQ), Suzanne Roy, en entrevue à ICI RDI. La stratégie maritime permettra selon elle de diversifier leur développement économique.

Mais pour la Coalition avenir Québec (CAQ), la stratégie maritime « néglige certaines régions du Québec, pour se concentrer uniquement sur la desserte maritime du fleuve Saint-Laurent. » Il s'agit d'une initiative « à des kilomètres du projet Saint-Laurent », le « projet visionnaire » sur lequel misait la formation en campagne électorale, déplore le leader parlementaire de la CAQ, François Bonnardel.

« Qu'est-ce que le gouvernement offre en Outaouais, en Beauce, en Abitibi, aux régions qui sont plus éloignées du fleuve? »

— François Bonnardel, député caquiste

La stratégie maritime du Parti libéral « copie certains chapitres du Projet Saint-Laurent », mais ne recèle « aucune trace de créations de zones d'innovation », ajoute M. Bonnardel,

Ce qui n'empêche pas l'UMQ de souligner que la stratégie maritime de Québec fait écho à plusieurs de ses demandes, entre autres en matière de transport maritime, d'infrastructures portuaires et de transport intermodal.

Contente de l'engagement du gouvernement à consulter les municipalités et les régions pour élaborer « en amont », l'organisation n'hésite pas à dire qu'il trouvera en elle un « allié ».

Le Conseil du patronat du Québec (CPQ) est lui aussi satisfait des investissements prévus. L'annonce d'investissements d'un peu plus de 1,5 milliard de dollars pour les cinq premières années du plan « envoie un signal fort autour de la relance de l'économie maritime québécoise. Le projet propose de plus une vision « qui positionne le Québec comme un corridor commercial majeur en Amérique du Nord pour accéder aux marchés mondiaux ».

Une suite au Plan Nord

« Avec le Plan Nord, il s'agit là d'une deuxième démarche d'importance qui vise à mettre en valeur les atouts géographiques du Québec pour stimuler le développement économique de manière durable et responsable, ainsi que la création d'emploi, pour améliorer notre prospérité », ajoute le CPQ.

Même son de cloche du côté de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI), qui se montre optimiste devant les retombées potentielles pour les PME.

« Après la relance du Plan Nord, nous sommes satisfaits de voir que l'on veut maintenant profiter pleinement du potentiel de la vallée du Saint-Laurent. »

— Extrait du communiqué de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante

La FCEI note particulièrement le volet touristique de la stratégie maritime, soulignant que ce secteur compte de nombreuses petites entreprises bien présentes le long du Saint-Laurent. « L'augmentation de l'activité économique aux abords du fleuve permettra assurément de générer des retombées positives pour l'économie du Québec et les régions », croit-elle.

Ravie que l'industrie maritime soit placée « au cœur du développement économique du Québec », la Société de développement économique du Saint-Laurent (SODES) a joint sa voix au concert d'éloges. La SODES est convaincue que les investissements dans les infrastructures portuaires permettront « de maintenir et d'accroître leur compétitivité ».

La SODES est aussi « heureuse de constater que la Stratégie maritime reconnaît les avantages environnementaux du transport maritime et que le gouvernement entend miser sur ceux-ci pour atteindre ses objectifs de réduction des GES et ainsi lutter contre les changements climatiques »

Une bonne nouvelle pour les ports, mais l'appui d'Ottawa sera nécessaire

L'Administration portuaire de Montréal (APM) a elle aussi accueilli avec « beaucoup d'enthousiasme » le projet annoncé. Cela « représente un point tournant pour notre industrie », a estimé sa présidente-directrice générale, Sylvie Vachon.

Concrètement, l'APM est notamment satisfaite des 75 millions de dollars qui doivent être investis dans un important projet d'amélioration des accès routiers et de « l'intention du gouvernement du Québec de soutenir les projets d'investissements privés dans des zones industrialo-portuaires ».

La promotion à l'international des ports commerciaux du Québec « permettra aussi de renforcer le positionnement du Port de Montréal à l'étranger », ajoute l'APM.

De son côté, le Parti québécois n'a pas manqué de souligner l'absence de représentants du gouvernement fédéral lors de l'annonce, d'autant plus que le gouvernement du Québec devra avoir des discussions avec ce palier de gouvernement, puisqu'il a juridiction sur les ports.

Aux yeux de Martine Ouellet, porte-parole de l'opposition officielle en matière de stratégie maritime, le gouvernement Couillard met donc la charrue devant les boeufs.

« Ça prend des ententes et Ottawa ne collabore pas dans ce dossier-là, comme dans bien d'autres. »

— Martine Ouellet, porte-parole du PQ en matière de stratégie maritime

Ottawa « n'investit plus beaucoup dans ses ports », a ajouté la députée de Vachon, soulignant que le gouvernement Harper songeait même à se départir de ports situés dans certaines régions du Québec.

Les milieux marins négligés

La Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP), section Québec, a elle aussi affiché son pessimisme, dénonçant « un rendez-vous manqué pour la conservation des milieux marins ».

« Au Québec, c'est à peine 1 % du milieu marin qui est protégé - un bilan parmi les pires au monde, derrière la Chine et la Russie notamment », a déclaré l'organisme par communiqué, se désolant que Québec reporte de 2015 à 2020 l'atteinte de ses cibles de conservation des milieux marins. En 2011, le Québec avait promis de protéger 10 % de ses milieux marins d'ici 2015, rappelle SNAP Québec.

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