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Festival de jazz de Montréal: Johnny O'Neal, l'âme au bout des doigts (VIDÉO/PHOTOS)

Johnny O'Neal : l'âme au bout des doigts

Le pianiste-chanteur américain Johnny O’Neal était au Festival international de jazz de Montréal pour la première fois, dimanche soir. C’est en formule trio, à l’Astral, qu’il proposait son superbe jazz hybride.

Natif de Detroit, cet artiste hors-norme ne propose pas que du jazz. Son travail est passablement influencé par le R’n’B et le gospel, qu’il a assimilé et transformé au cours des quelque cinquante dernières années. On dit aussi de lui qu’il fait du neo-bob jazz, un courant qui a émergé durant les années ’80.

Il a notamment collaboré avec les Art Blakey and the Jazz Messengers, Russell Malone, Joe Pass, Dizzy Gillespie, Sarah Vaughan, Nancy Wilson et Milt Jackson. À ce qu’on dit, ce pilier du Smalls jazz club de New York est le fils spirituel du Canadien Oscar Peterson et d’Art Tatum.

Depuis 1983, il a produit six ou sept albums. Le plus récent s’intitule d’ailleurs Live at Smalls (2013), dont quelques morceaux ont été offerts lors de sa performance à l’Astral. Mentionnons Blues for Sale ou encore I’m Born Again.

Un chaleureux virtuose

L’homme de 58 ans semble bien frêle quand il apparait sur scène, vers 21 h 15 : il est tout délicat sous son béret noir et ses petites lunettes légèrement ovales. Il faut dire que cette apparence de fragilité s’explique : en 1996, il recevait le diagnostic du VIH contre lequel il s’est salement battu durant plusieurs années, manquant de médicaments à plusieurs reprises. Depuis cinq ans, on dit qu’il va mieux et qu’il a recommencé à jouer dans les salles et les clubs.

Fragilisé par la vie, certes. Mais lorsqu’il attaque le premier morceau instrumental de la soirée, on réalise d’un coup qu’il est un joueur de piano fort aguerri, robuste et extrêmement agile. Il est en plus d’un naturel déconcertant. Sa technique rappelle celle des années ’50. Or, ce qui rend vraiment sa musique originale, c’est qu’elle est bonifiée d’une grande sensibilité (pensons à son interprétation de la chanson I’d Give A Dollar For A Dime). Sa touche est fluide, malgré la vigueur et la complexité de son jeu. Donc, tout flotte entre le jazz rigoureux et les très jolies mélodies. Le résultat ressemble à une délicate musique de club, langoureuse et sensuelle, truffée de passages élaborés, vifs et entraînants, à la limite du swing. Pensons à cet égard à la très sympathique chanson Tight, livrée avec tant de charme et d’authenticité.

Car, en plus de jouer de façon admirable, O’Neal chante bien. Ainsi, cette technique parfois prodigieuse à l’instrument est parfois agrémentée par une voix élégante chaleureuse (la chanson Where Or When, de Richard Rogers et Lorenz Hart, puis enregistrée par un paquet d’artistes célèbres comme Tony Bennett, Charlie Byrd, Nat King Cole, Ella Fitzgerald, Oscar Peterson et Frank Sinatra) qui confère quelque chose de franchement unique à la proposition.

Le public semblait ravi de le voir interpréter à sa manière de tels morceaux. Ajoutons Waltz For Debby de Bill Evans. Une pièce qu’il a livrée d’une magnifique façon avec une part de soul dans l’âme. Et que dire des quelques morceaux colorés par le gospel? Soulignons que Johnny O’Neal a commencé sa carrière de pianiste en jouant du gospel dans les églises. Tout est dans tout, comme on dit.

Voilà pourquoi le Festival international de jazz de Montréal est parfois si précieux. Il permet de présenter des musiciens de grands talents (de jazz en l’occurrence) qui n’ont pas toute la reconnaissance des monstres du jazz comme Oscar Peterson et Herbie Hancock.

Accompagné par le contrebassiste Luke Sellick et le batteur Charles Goold, Johnny O’Neal est une superbe découverte en ce début de festivités 2015.

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