Chris Temple et Zach Ingrasci sont deux Américains dans la vingtaine. Jusqu’ici, rien ne les différenciait des autres jeunes de leur génération. Mais au lieu d’aller fêter la relâche scolaire dans une station balnéaire des tropiques, ils sont plutôt partis en Jordanie pour aller planter leur tente en plein cœur de l’immense camp de réfugiés de Za’atari.
Dans ce camp immense – situé à moins de cinq kilomètres de la frontière syrienne – s’entassent plus de 85 000 personnes, hommes, femmes et enfants, qui ont fui la guerre dans une totale indifférence de la part de la communauté internationale. Les deux Américains choqués de voir l’apathie des médias et des politiques sur cette situation humanitaire désastreuse ont donc décidé de filmer leur quotidien en compagnie de tous ses apatrides.
En résulte Salam Neighbor, un documentaire comme un cri du cœur pour réveiller les consciences sur un conflit qui aura fait selon les dernières estimations 220 000 victimes depuis le début de la guerre en 2011.
«Avant d'arriver en Jordanie, notre connaissance sur la crise des réfugiés syriens se résumait aux grands médias américains qui préfèrent mettre l’accent sur la violence, la haine et l’extrémisme, ont déclaré à Variety les coréalisateurs Temple et Ingrasci. Cela nous séparait de l'expérience humaine. Nous nous sommes retrouvés à associer inconsciemment les réfugiés avec la petite minorité de gens qui commettent la violence qu’on nous montre à la télévision. En réalité, ces réfugiés sont ceux qui ont choisi activement la paix sur la guerre.»
À l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, Salam Neighbor a été présenté samedi en première mondiale à Washington au festival du documentaire organisé par l’American Film Institute." «Nous étions plutôt nerveux à l’idée de vivre avec les réfugiés syriens puisque personne n’avait fait cela avant nous, ont-ils expliqué. Mais une heure après notre installation dans le camp, nous étions déjà en train de prendre le thé avec nos voisins.»
L’œuvre fait déjà beaucoup jaser. Fait exceptionnel, les deux réalisateurs ont eu l’accord des Nations Unies pour s’installer avec leur caméra pendant un mois dans le camp de réfugiés. «C’était incroyable d’avoir cet accès privilégié aux côtés de toutes ces personnes, ont-ils raconté. Les journalistes ont généralement l’autorisation de rester quelques heures alors que nous on pouvait vivre avec eux. Cela nous a permis de les connaître en profondeur et d’établir des liens de confiance importants pour comprendre leur situation.»
Temple et Ingrasci ont l’habitude de réaliser des films engagés ancrés dans la vie des opprimés ou des laissés-pour-compte. Pour les besoins de leur premier documentaire Living on One Dollar, les deux hommes n’avaient pas hésité à travailler comme fermier de betterave au Guatemala pour comprendre ce que représente l’existence lorsqu’on gagne 1 dollar par jour.
Salam Neighbor – Documentaire – 70 minutes – États-Unis.
«Salam Neighbor»
