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Les chimères de David Altmejd exposées au MAC (VIDÉO/PHOTOS)

Les chimères de David Altmejd au MAC (VIDÉO/PHOTOS)

Nul n’est prophète en son pays. David Altmejd aura finalement dû attendre la reconnaissance internationale pour qu’enfin on le célèbre chez nous. Sans rancune, l’artiste montréalais que l’on s’arrache sur la scène mondiale de l’art contemporain affichait un large sourire vendredi dernier lors de l’inauguration de Flux, l’exposition que lui consacre le Musée d’art contemporain de Montréal (MAC), et ce jusqu’au 13 septembre.

Malgré les traits du visage tirés par la fatigue et la voix éraillée par les nombreuses entrevues données aux médias cette semaine, Altmejd a quand même tenu à s’exprimer sur cette expo ambitieuse qui rassemble quinze années de travail. «C’est l’opportunité de réunir les pièces les plus importantes depuis mes débuts, a-t-il confié en conférence de presse. J’ai eu la chance de construire des murs, de modifier l’éclairage et d’investir l’espace selon mes envies, ce qui n’est pas possible dans tous les musées.»

L’exposition qui dresse le portrait kaléidoscopique d’un artiste aux multiples facettes et savoir-faire s’est avérée un véritable défi de logistique pour le MAC et Altmejd. Six conteneurs renfermant 160 grandes caisses ont fait le voyage par voie maritime. Deux mois et demi de préparation et d’installation ont été nécessaires afin de monter Flux.

Première collaboration entre le MAC et le Musée d’art moderne de la Ville de Paris, l’expo-événement est une sorte de rétrospective consacrée au sculpteur basé aujourd’hui à New York. Une trentaine de ses œuvres sont présentées sans chronologie précise. L’évocation est avant tout privilégiée dans ce voyage fantasmagorique où le public pourra découvrir les figures étranges qui peuplent l’univers unique d’Altmejd.

Tout commence par le néant avec la sculpture nommée Sarah Altmejd, buste représentant un portrait de la sœur de l’artiste marqué par un trou béant au milieu du visage telle une invitation vers l’infini. Composition organique et minérale dans laquelle nos yeux se perdent pour mieux retrouver l’énergie originelle. Étrange paradoxe que l’on observe également dans les miroirs cassés. L’artiste de 40 ans brise la matière non pas pour détruire, mais pour insuffler une âme.

Une exposition jubilatoire

Tout le travail quasi fétichiste d’Altmejd consiste notamment à donner aux formes et aux objets une force éclatante, presque vivante dans un va-et-vient constant entre le rêve et le cauchemar, entre le merveilleux et la réalité.

«Je veux que le public voie la beauté dans la complexité», a lancé Altmejd. Alors bienvenue aux créatures anthropomorphiques en gestation fabriquées à l’aide d’éléments composites. Plume, résine, plâtre, cheveux synthétiques, argile, fils à coudre, bois, polystyrène... bref, toute une panoplie de matériaux rappelant au passage la fascination du sculpteur pour les sciences naturelles.

Les cristaux qui surgissent des visages estropiés deviennent ici le symbole d’un cycle perpétuel, véritable mutation vers la régénérescence. La profusion des détails y est frappante en particulier dans la déclinaison de ses figures coulantes de résine du loup-garou ou de l’homme-oiseau. Le sculpteur élabore ses Giants dans la même perspective, en plus grand et en plus impressionnant.

On n’oubliera pas de mentionner les Watchers, les Bodybuilders et les Relatives, personnages de plâtre ou d’acier dont les formes trouées, creusées ou renversées s’inscrivent dans le mouvement là aussi perpétuel de la déformation des corps.

Enfin, les nombreuses structures en plexiglas peuvent se voir comme le clou du spectacle. The Flux and the Puddle, œuvre synthèse de l’exposition, est un exemple de tout ce que peut produire Altmejd. Là encore, l'homme dépasse la simple symbolique et fabrique des palais de glace dans lesquels semblent emprisonnés des monstres hybrides ou bien des zèbres figés dans une fuite improbable et pourtant si réelle.

Les chimères de David Altmejd exposées au MAC

Exposition – Flux – David Altmejd – Musée d’art contemporain de Montréal – du 20 juin au 13 septembre 2015.

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