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Le chocolat aide la perte de poids: le canular d'un journaliste qui veut dénoncer la pseudo-science

Le chocolat aide la perte de poids... ou peut-être pas, finalement
My favorite chocolate, yumm.
BlueRidgeKitties/Flickr
My favorite chocolate, yumm.

Ceux qui ont appris, ce printemps, par la publication scientifique International Archives of Medicine, que le chocolat aidait à maigrir ont peut-être cru, au début, à un canular. Mais de voir la nouvelle être reprise par des dizaines de médias sérieux à travers le monde a dû les convaincre que, finalement, cette idée contre-intuitive était vérifiée et réelle.

Ceux qui ont douté auraient dû se fier à leur instinct.

Comme la vidéo de la barmaid russe qui assomme avec un menu un client, cette supposée recherche était bidon. Sauf que ce canular-ci était de plus grande envergure et n'était pas réalisé avec le même objectif.

Johannes Bohannon, doctorant en biologie moléculaire des bactéries

Dans un billet sur io9 expliquant en long et en large sa procédure, le journaliste John Bohannon confie qu'il est derrière le personnage de Johannes Bohannon, supposé chef de recherche de l'Institute of Diet and Health (qui n'est rien de plus qu'un site web), et que les conclusions de la recherche qu'il a menée, bien que tangibles, sont bidons et ne valent rien, scientifiquement parlant.

Ces résultats douteux ont d'abord été repris en une du journal allemand Bild, le quotidien le plus lu d'Europe — juste sous la mise à jour sur l'écrasement de l'avion de Germanwings, fait remarquer Bohannon —, puis l'histoire a explosé et s'est retrouvée partout, des magazines aux émissions de télé en passant par la radio.

Le journaliste scientifique transformé en faux diététiste ne pensait pas que son expérience ferait autant de bruit. Il était persuadé que les médias vérifieraient les infos auprès d'autres scientifiques. Ou qu'ils feraient une recherche Google pour voir qui donc est ce Johannes Bohannon. Il se trompait.

Pour la chronologie complète des événements, lisez son texte sur io9.

Une expérience qui en dit long

S'entretenant avec le Washington Post, Bohannon a expliqué sa philosophie. Il a rappelé que, outre son nom, il n'a jamais menti : les données fournies étaient réelles, et les conclusions, bien qu'issues d'un coup de chance, n'étaient pas des mensonges.

Le journaliste voulait en premier lieu exposer le problème avec des études de ce genre, définies comme «underpowered» par la communauté scientifique sérieuse, parce que le manque de données favorise les conclusions hasardeuses plutôt que la découverte de vrais phénomènes. Le danger, c'est que cette pseudoscience est trop souvent reprise et diffusée auprès du grand public, qui verra de la crédibilité où il n'y en a pas.

À qui revient la faute? «Aux reporters et aux éditeurs... Les gens qui suivent le beat de la science doivent le traiter comme de la science (...). Si tu parles d'un papier scientifique, il faut que tu lises ledit papier. Tu dois parler à une source qui a de l'expertise scientifique dans ce domaine», explique Bohannon.

La technique employée par Bohannon ne fera probablement pas l'unanimité, mais une chose est sûre. Elle expose un manque de rigueur dans la publication de certaines nouvelles scientifiques — et, plus largement, dans d'autres domaines — qui avantage ceux qui ont intérêt à faire accepter certains faits douteux.

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