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Omar Khadr souhaite devenir un citoyen ordinaire (VIDÉO)

Omar Khadr redoute d'être jugé par la population (VIDÉO)

Après avoir passé les 13 dernières années de sa vie en prison, dont 10 ans à Guantanamo, Omar Khadr souhaite devenir un citoyen ordinaire. Mais il sait qu'il fera l'objet de soupçons de la part de la population.

Avec ce qu'il a vécu, l'homme âgé aujourd'hui de 28 ans sait que les gens douteront de sa sincérité. Les gens se diront : « Vous êtes passé par un combat, un traumatisme, vous serez amer, vous allez détester des gens. C'est normal. Et ce gars, qui n'a pas ces émotions naturelles, cache probablement quelque chose », explique-t-il, dans une entrevue exclusive au coeur d'un documentaire qui sera diffusé par Radio-Canada samedi soir.

« Les gens vont penser que je suis un imposteur. »

— Omar Khadr

Son entrevue, accordée à la journaliste du Toronto Star Michelle Shephard, a été réalisée quelques jours après sa libération sous caution le 7 mai dernier, en attendant le résultat de son appel pour sa condamnation pour crimes de guerre aux États-Unis.

Au service d'Al-Qaïda

En juillet 2002, le sergent Chris Speer de l'armée américaine est tué par une grenade en Afghanistan lors d'un combat auquel prend part Omar Khadr, alors âgé de 15 ans.

Né au Canada, Omar Khadr a passé une grande partie de son enfance en Afghanistan et au Pakistan avec sa famille. Parlant plusieurs langues, il affirme que son père - un proche d'Oussama ben Laden - l'a remis aux talibans afin de servir d'interprète pour l'organisation terroriste Al-Qaïda.

Huit ans plus tard, il décide de plaider coupable pour la mort du militaire afin de quitter la prison américaine de Guantanamo, à Cuba, et revenir au Canada purger sa peine.

Soit il plaidait coupable et devenait un « terroriste » aux yeux du public canadien soit il passait le reste de sa vie à Guantanamo, explique son avocat Dennis Edney dans le documentaire.

Omar Khadr affirme aujourd'hui ne pas bien se rappeler des événements de 2002. Lors du combat, plusieurs grenades ont été utilisées et il croit en avoir lancé une à la fin du combat, alors qu'il souffrait de multiples blessures et qu'il pouvait à peine voir.

Mais il doute de sa propre mémoire, rappelant que les soldats américains l'ont retrouvé sous un tas de débris.

« D'un côté, j'ai tué une personne et de l'autre, non. Ça fait une énorme une différence. »

— Omar Khadr

Un interrogateur américain qui a vu Omar Khadr à la suite du combat se rappelle que l'adolescent avant un trou à l'arrière du crâne de la grandeur d'une canette de Coca-Cola. Le jeune prisonnier sera inconscient durant une semaine.

Histoire de torture

Le documentaire aborde aussi la question de la torture à Guantanamo. « Un gars disparaissait quelques jours, vous l'entendiez crier et crier. Quand il revenait, il était détruit », dit-il, soutenant que les détenus étaient agressés sexuellement, drogués et humiliés.

La technique de torture par simulation de noyade était aussi utilisée.

« Vous pouviez entendre des gens crier tout le temps. »

— Omar Khadr

À propos d'un garde particulièrement cruel envers lui, Omar Khadr est aujourd'hui philosophe. « Si quelqu'un peut infliger de la douleur à une autre personne et en retirer du plaisir, cette personne doit avoir beaucoup de problèmes, dit-il. Il vit probablement avec une douleur plus importante que celle qu'il me cause. »

Il espère maintenant devenir un citoyen canadien ordinaire. Depuis sa libération, il réapprend à faire des petites choses, comme ouvrir une fenêtre. Voir « l'immensité du ciel » est une nouveauté pour lui.

Il espère devenir l'inconnu sur la rue que personne ne regarde.

« Je veux seulement être aussi normal que tous les Canadiens normaux et inconnus. »

— Omar Khadr

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In Photos: Omar Khadr Freed